La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

Dans les ouvrages de référence, on lit à propos de dont que c’est le pronom relatif le plus difficile à employer correctement.

C’est que dont est l’équivalent d’un complément introduit par de. On ne l’emploie pas avec de, comme dans la phrase – fautive – « C’est de cela dont il s’agit ».

On peut remanier sa phrase de deux façons, en gardant le de, ou en l’enlevant. On peut écrire « C’est ce dont il s’agit » ou bien « C’est de cela qu’il s’agit ». Si on préfère garder le dont, on écrit « C’est cela dont je parle ». Si on aime mieux le de, on emploie aussi le pronom relatif que. « C’est de cela que je parle. » Quand on emploie cette construction dans le journal, les lecteurs ont souvent l’impression de voir une faute, mais ce n’est pas le cas. On peut écrire « C’est cela dont le monde a besoin » ou bien « C’est de cela que le monde a besoin ».

Le pronom relatif dont remplace un nom. On n’écrit pas « C’est de cette écrivaine dont je t’ai parlé », mais bien « C’est l’écrivaine dont je t’ai parlé », parce que dont remplace le nom écrivaine. Comme si on disait : « Je t’ai parlé de cette écrivaine. »

Pour savoir si notre construction est fautive, on peut remplacer dont par « de qui ». La phrase « C’est d’elle de qui il est question » nous apparaît vite fautive. C’est elle dont il est question. C’est d’elle qu’il est question.

Dont peut nous causer d’autres problèmes. Par exemple, quand on emploie un pronom possessif, superflu puisque dont marque déjà la possession. On écrit ainsi « L’écrivaine dont je connais les livres », et non « L’écrivaine dont je connais ses livres ».

C’est la même chose avec le pronom en, que dont exclut aussi. On écrit « J’aime les livres qu’elle a publiés, dont j’ai lu plus de la moitié ». On évite d’écrire : « J’aime les livres qu’elle a publiés, dont j’en ai lu plus de la moitié ».

Courrier

Fini ou finie ?

En début de phrase, devrait-on écrire « fini la guerre » ou faire l’accord, « finie la guerre » ?

Réponse

Les deux sont possibles. L’usage est flottant.

Selon Le bon usage, « le participe passé fini placé en tête dans une phrase sans verbe s’accorde le plus souvent. Certains auteurs le laissent invariable, peut-être parce qu’ils voient ici la réduction de C’est fini ».

« On peut expliquer ce choix d’accord par la double interprétation possible de cette construction : Fini, les soucis ! peut s’interpréter comme C’est fini, les soucis !, alors que Finis les soucis ! équivaut à Les soucis sont finis. Quel que soit l’accord, fini peut être suivi d’une virgule », peut-on lire dans l’article de la Banque de dépannage linguistique (BDL) de l’Office québécois de la langue française consacré au participe passé fini employé en début de phrase.

Ce tour elliptique est le plus souvent exclamatif ou interrogatif. On écrirait par exemple Finie, la guerre ! ou Finie, la guerre ?. Si on emploie le point d’exclamation, on doit savoir que la phrase exclamative, comme l’indique Le bon usage, « ajoute une connotation affective. Elle n’est pas objective, neutre, car elle inclut les sentiments du locuteur, manifestés avec une force particulière ».

On peut aussi formuler sa phrase autrement et écrire plutôt La guerre est finie ! ou La guerre est-elle bientôt terminée ?

Si on veut écrire une phrase sans verbe avec le participe passé terminé, plutôt que fini, il est peut-être préférable de l’accorder et d’écrire Terminée, la guerre !. « Il y a très peu d’exemples d’invariabilité de terminé dans ce contexte, il vaut mieux opter pour la variabilité, et ce, même si l’on ne peut considérer l’invariabilité comme fautive », souligne la BDL.

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