La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

Le nom impact et le verbe impacter ont gagné beaucoup de terrain, récemment. Toujours critiqués par certains ouvrages de référence, surtout dans le cas du verbe, ils sont en train de passer dans l’usage.

On peut tout de même regretter que, comme une espèce envahissante, ils recouvrent, et finissent par faire disparaître, quantité de synonymes très intéressants. On aurait avantage à ne pas négliger ces équivalents, ne serait-ce que pour varier – et enrichir ! – son vocabulaire. Surtout à l’écrit, qui doit être, en règle générale, plus soigné que l’oral.

Le mot est critiqué lorsqu’on lui donne, comme en anglais, le sens d’effet, d’influence. Les sources consultées proposent bien d’autres termes, qu’on emploie peut-être trop peu en ce moment : conséquence, contrecoup, effet d’entraînement, incidence, portée, répercussion, retentissement, retombées.

Les effets se font sentir. La publicité exerce une influence évidente sur les consommateurs. Ces nouvelles mesures fiscales n’auront aucune incidence sur notre budget. Il prononcera une conférence sur les répercussions économiques du commerce électronique. L’effet de la nouvelle loi est bénéfique. Subir le contrecoup d’un désastre. Subir les retombées politiques d’un scandale.

Encore une fois, le verbe impacter, qui reste plus critiqué que le nom impact, se remplace très facilement, si c’est ce que l’on souhaite faire. D’abord, au sens propre, par percuter : La capsule spatiale a percuté le sol à plus de 300 km/h.

Ensuite, selon le contexte, par les verbes suivants : concerner, influencer, intéresser, toucher, viser. Ou par de nombreuses locutions comme : agir sur, avoir un effet sur, faire sentir ses effets sur, avoir une importance pour, avoir des conséquences sur, avoir une incidence sur, avoir des répercussions sur, se répercuter sur, avoir un retentissement sur, exercer une influence sur, influer sur, peser sur, jouer un rôle dans.

Courrier

Goulet ou goulot d’étranglement ?

J’ai toujours entendu et dit « goulot d’étranglement », mais j’entends et je lis maintenant « goulet d’étranglement ». Quel est le bon mot ?

Réponse :

On peut employer l’un ou l’autre. Certaines sources ne font pas de distinction entre les deux pour cette locution qui désigne, au figuré, un passage difficile, des obstacles ou des difficultés qui retardent un processus. Le péage de l’autoroute forme un goulet d’étranglement.

Mais des ouvrages comme le Dictionnaire des difficultés et pièges de la langue française (Larousse) ou Pièges et difficultés de la langue française (Bordas) recommandent de préférer goulet d’étranglement à goulot d’étranglement, « que l’on entend parfois dans le registre relâché ».

Le nom goulet désigne, au sens propre, un couloir étroit dans les montagnes ou l’entrée étroite d’un port. Il a déjà désigné le col étroit d’une bouteille tout comme goulot, qui s’emploie aujourd’hui encore en ce sens.

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