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Pourquoi les membres de l’OTAN ne réalisent-ils pas qu’il est temps de revoir et modifier la raison d’être de l’OTAN ?

Lise Phaneuf

La raison d’être de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ? D’abord, récapitulons, si vous le voulez bien.

Officiellement, l’objectif de l’OTAN est de « garantir la liberté et la sécurité de ses membres par des moyens politiques et militaires ».

Il est toutefois bon de rappeler que le premier secrétaire général de l’OTAN utilisait une formule lapidaire pour expliquer que l’organisation, à la base, répondait à trois objectifs : « Garder les Américains dedans, les Russes dehors et les Allemands en bas. »

Maintenant, l’OTAN a-t-elle fait son temps ?

Depuis de nombreuses années, la question est posée et soulève les passions.

Jusqu’au président français Emmanuel Macron, qui, en 2019, a soutenu que l’organisation était dans un état de « mort cérébrale ».

En revanche, pour paraphraser Mark Twain, les rumeurs concernant la mort de l’OTAN ont été grandement exagérées.

Pour ses membres, l’organisation demeure très pertinente. Y compris le Canada, pays dont la sécurité dépend de ses alliances.

Lisez notre éditorial à ce sujet

À commencer par le fait que l’article 5 de la charte de l’OTAN prévoit que si l’un des membres de l’alliance est attaqué, les autres iront le défendre.

« On a souvent écrit et annoncé la fin de l’OTAN, pour ensuite la voir rebondir », souligne Charles-Philippe David, professeur titulaire de science politique à l’UQAM.

« Je suis dubitatif devant cette vision que l’OTAN n’a plus sa raison d’être, ajoute-t-il. Si c’était le cas, pourquoi y a-t-il encore des pays qui veulent y adhérer. » La liste est longue, en effet, de ceux qui ne voudraient surtout pas quitter l’alliance et de ceux qui rêvent d’y entrer.

Dans le même ordre d’idées, un autre lecteur, Richard Smith, nous a demandé « pourquoi la Russie, qui craint tant l’élargissement de l’OTAN, n’y adhère pas ».

Le fait est que des rapprochements avec la Russie ont été tentés au cours des dernières décennies, explique Charles-Philippe David.

En 2000, peu après son arrivée au pouvoir, Vladimir Poutine avait même dit ne pas écarter la possibilité d’une éventuelle adhésion à l’OTAN.

Non seulement ça ne s’est jamais produit, mais à la suite de l’annexion de la Crimée par Moscou en 2014, l’OTAN a suspendu « toute coopération pratique » avec Moscou.

« Le problème, c’est vraiment que Poutine vit encore à l’ère de l’URSS, dans le monde des sphères d’influence. Il a peur de la démocratie, affirme Charles-Philippe David. C’est aussi simple que ça. Avec l’Ukraine, l’OTAN est un faux débat, à mon avis. Le vrai débat, c’est que Poutine ne veut pas que 40 millions de Slaves vivent dans une démocratie à la porte de la Russie. »