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Je m’interroge sur le programme d’Hydro-Québec qui consiste à créditer 50 cents par kilowattheure non utilisé à ses clients inscrits au programme de réduction de consommation en période de pointe pendant les grands froids. Même si je profite de ce programme, ces 50 cents me semblent élevés étant donné qu’Hydro-Québec nous vend ce même kilowattheure 9 cents si l’on ne fait pas partie de ce programme. Hydro y trouve-t-elle son profit ? Ou est-ce une façon de nous sensibiliser à la rareté de la ressource ?

Marcel M.

Bonjour,

La réponse courte est : oui, Hydro-Québec trouve son compte avec ses offres de tarification dynamique encourageant l’économie d’électricité par temps froid.

« On a des coûts évités qui sont supérieurs à ce qu’on rémunère dans la tarification dynamique », résume Frédérik Aucoin, expert en efficacité énergétique et en approvisionnement chez Hydro-Québec.

La réponse longue, elle, est assez complexe.

Le grand défi d’Hydro-Québec est de répondre aux pointes, ces périodes de grand froid où la consommation explose. Le problème est que lorsqu’il fait froid au Québec, il fait aussi souvent froid en Ontario et en Nouvelle-Angleterre. Tout le monde se bat alors pour la même électricité. Sans surprise, les prix explosent.

Bien avant l’hiver, Hydro-Québec signe ainsi des contrats avec divers producteurs qui lui garantissent qu’elle pourra subvenir aux besoins des Québécois en périodes de pointe. « Ces garanties coûtent relativement cher », dit M. Aucoin.

Combien exactement ? C’est là que ça se complique. Les récompenses offertes aux consommateurs sont en kilowattheures, une mesure d’énergie. Or, pendant les pointes, Hydro-Québec réfléchit plutôt en termes de puissance – la quantité d’énergie par unité de temps qui doit être envoyée dans le réseau.

Selon M. Aucoin, les 50 cents du kilowattheure offerts aux consommateurs représentent à peu près ce que paie actuellement Hydro-Québec pour ses contrats en puissance qui lui garantissent de ne pas manquer d’électricité lors des grands froids.

« Ce qu’on anticipe, c’est que ce signal de prix [pour les garanties de puissance] va être beaucoup plus élevé dans quelques années. C’est pour ça qu’on dit que c’est rentable pour Hydro-Québec. Dans trois ou cinq ans, il faudra faire des appels d’offres pour la puissance et le prix sera significativement plus élevé que ce qu’on donne en tarification dynamique », dit M. Aucoin.

La réduction de la consommation fait aussi en sorte qu’Hydro-Québec est moins pressée de bonifier son propre réseau pour répondre aux périodes de pointe. Cela veut dire moins de pression pour lancer des appels d’offres pour de l’énergie éolienne ou hydroélectrique.

De nombreuses options

Hydro-Québec offre trois options aux consommateurs pour l’aider à atténuer la pointe d’électricité par grands froids. La première, Hilo, implique l’installation de thermostats intelligents. La deuxième, l’option de crédit hivernal, récompense les clients qui diminuent leur consommation en période de pointe. La troisième, le tarif Flex D, offre des tarifs au rabais hors des pointes, mais ceux-ci grimpent à 50 cents du kilowattheure lors des pointes.

Et ça fonctionne ? Oui. Pour comprendre les ordres de grandeur, prenons l’exemple du 27 janvier dernier où, à 7 h du matin, la consommation a fracassé un record de tous les temps au Québec en atteignant 40 510 mégawatts (MW). Là-dessus, 2000 MW ont dû être importés.

En demandant aux industries, aux villes et aux consommateurs de réduire leur consommation, Hydro-Québec peut récupérer environ 1600 MW lors d’un grand froid. De ce nombre, environ 190 MW proviennent des particuliers (30 MW des clients d’Hilo et 160 MW des programmes de crédit hivernal et du tarif Flex D).

Ce n’est pas énorme. Mais d’ici 2029, Hydro-Québec prévoit augmenter grandement ces chiffres en récupérant 600 MW avec Hilo et 400 MW par les options de tarification dynamique (crédit hivernal et tarif Flex D). Ces économies représentent environ la moitié de la puissance de la centrale LG2.