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Comme Hydro-Québec nous demande de réduire notre consommation d’électricité par grand froid, d’où proviendra l’électricité que l’on doit exporter aux États-Unis sous peu ?

Nicole B.

Ça semble paradoxal, en effet, d’exporter de l’électricité chez nos voisins alors qu’on nous demande parfois, comme ce fut le cas récemment, de diminuer volontairement notre consommation d’électricité.

Il y a toutefois plusieurs facteurs qui entrent en compte et permettent de comprendre que ce n’est pas illogique.

On nous explique notamment, chez Hydro-Québec, que les contrats d’exportation ne sont pas tous conçus de la même façon.

On parle fondamentalement d’approvisionnement en électricité sur une base annuelle, c’est vrai.

Plus précisément, dans le cas du contrat avec le Massachusetts, de 9,45 térawattheures par année, pendant 20 ans. Et dans celui avec New York, de 10,4 térawattheures pour 25 ans.

En revanche, ce dernier contrat permet davantage de « flexibilité », indique-t-on.

« On exporte de l’énergie. Autrement dit, on n’est pas nécessairement tenus d’exporter en période de pointe dans le cadre de ce contrat », signale un porte-parole d’Hydro-Québec, Maxence Huard-Lefebvre.

Il y a donc une certaine souplesse quant aux heures auxquelles Hydro-Québec doit livrer son électricité.

N’oublions pas, par ailleurs, qu’une hausse de la production d’électricité au cours des prochaines années fait aussi partie de l’équation.

On évoque principalement, à ce sujet, la mise en service de la quatrième centrale du complexe la Romaine à la fin de l’année, ainsi que celle du parc éolien Apuiat prévue pour décembre 2024.

Ce n’est pas majeur, mais il faut ajouter à ça le fait que la société d’État pense toujours être en mesure de faire des gains en matière d’efficacité énergétique au cours des prochaines années.

D’ici 2030, l’objectif est d’aller récupérer environ 8 térawattheures, soit « à peu près l’équivalent des quatre centrales du complexe hydroélectrique de la Romaine », explique Maxence Huard-Lefebvre.

Tant mieux. Parce que notre demande, elle, va grimper. Le plan de transition énergétique mise davantage sur les énergies renouvelables. Pensons entre autres à l’interdiction de la vente de véhicules légers à essence neufs, prévue pour 2035.

Notons aussi qu’Hydro-Québec, parallèlement aux efforts en matière d’efficacité énergétique, tente déjà de faire baisser la consommation d’énergie en période de pointe.

La société d’État dispose de ce que Pierre-Olivier Pineau, professeur titulaire de la chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal, décrit comme des outils de gestion de puissance.

La tarification dynamique, par exemple.

Des clients d’Hydro-Québec peuvent désormais faire des économies s’ils évitent de consommer de l’électricité durant certaines périodes de pointe. Des appareils fournis par Hilo, nouvelle filiale d’Hydro-Québec, visent le même objectif.

Il existe aussi « des ententes avec des consommateurs industriels et commerciaux pour réduire leur consommation sur demande – moyennant évidemment un dédommagement », souligne Pierre-Olivier Pineau.

L’expert estime cependant qu’à long terme, cela ne suffira pas, étant donné l’augmentation de la demande prévue.

Parmi les options à envisager, « un prix pour la puissance devrait être facturé pour tous – comme c’est le cas aujourd’hui pour les consommateurs industriels et certains commerces et institutions –, pour inciter à limiter les usages simultanés qui causent les pics de consommation ».

Sans oublier d’investir davantage dans les rénovations des bâtiments pour réduire leur consommation énergétique, une solution maintes fois évoquée au cours des dernières années.