je cours et la brume m’enveloppe
chaque pas de plus que je fabrique de mes mains
je le dois à mes yeux
c’est moi
regarde
j’avance tout droit sans rien apercevoir de mon mouvement
tout ce qui me rassure
dans ma certitude
c’est l’air qui façonne la vapeur autour de moi
et les eaux
se séparent
pour mieux m’entendre
je me retourne
silence
il n’y a que le cosmos qui me parle d’aventure
où est-ce qu’on se trouve
maintenant quand nous avons mis au rebut notre joie
quand nous avons décidé de ne plus sourire
s’ouvrir
quand nous avons nié la vitalité de nos cœurs
où suis-je
si je ne suis plus celle que j’aime
pour ce que je suis
fondamentalement
je suis l’addition des arbres tombés et des routes interdites
du bruit sourd des portes closes
et pourtant
je suis sortie la nuit par la fenêtre
et j’ai mangé la noirceur
je l’ai enfoncée dans mes paumes
voici
mes mains
dans mon corps alors
je reconstruis les lignes de babiche
et les courbes du néant de bois
sablé à l’infini
au désert que je défriche
j’ai dit
je parlais d’autres langues
mais ma mémoire est tombée dans le fleuve
et s’est échouée quelque part
une part
un lieu
que je ne vois pas très bien sur google maps
que chaque fois que je tente de rejoindre
en nageant des jours à toute allure
je m’y endors
alors je ne vois jamais la rive
que j’atteins
infinitivement
et pour ça
je marche sur les océans
pour cesser de me noyer
dans la peur
des années-lumière
c’est moi
regarde
j’ai attaché sur ma raquette
un astéroïde
je suis revenue des ténèbres
comme on embrasse la lune
où Tshakapesh se cache
j’ai cherché
le cratère où il dort
et je n’ai jamais repris mon souffle
pour l’instant
je célèbre chaque seconde de plus qui laisse passer la lumière
jour après jour
et lorsque le solstice viendra
mon peuple
que je porte en moi
sera couronné de soleil.