La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

Contrairement à ce que bien des gens croient, on ne devrait pas employer le subjonctif avec la conjonction après que. Cet emploi est toujours critiqué et doit être évité à l’écrit. C’est plutôt l’indicatif qui convient (comme le chantait Charles Trenet – à qui nous avons emprunté notre titre – dans L’âme des poètes).

Le subjonctif s’emploie avec avant que parce que c’est le mode de l’incertitude. Mais il ne convient pas avec après que, qu’on utilise pour ce qui s’est déjà passé. Le champion du monde d’orthographe Bruno Dewaele qualifie d’ailleurs d’« insulte à la logique » l’emploi d’après que avec le subjonctif.

Un bon truc pour savoir quel mode employer est de remplacer après que par lorsque. Si on est tenté d’écrire « Après que l’accident se soit produit », on verra bien que cela ne fonctionne pas : « Lorsque l’accident se soit produit. » Après que l’accident s’est produit. On peut aussi écrire Après l’accident. Avant qu’elle soit élue, après qu’elle a été élue, qu’il aura été élu, qu’il eut été élu, après son élection.

La locution s’emploie avec divers temps de l’indicatif, selon la concordance des temps à respecter. Après qu’il est venu (passé composé), après qu’il fut parti (passé antérieur). On a bien écrit fut et non « fût ». L’accent circonflexe ne s’emploie pas avec le passé antérieur de l’indicatif, mais avec le plus-que-parfait du subjonctif, qui serait incorrect ici.

Dans un journal, on emploie assez peu le passé simple et le passé antérieur, plutôt le passé composé. On peut lire dans certaines sources que après que construit avec le passé composé indique souvent une valeur répétitive, mais ce n’est pas toujours le cas. Et on emploie souvent le passé composé à la fois dans la proposition principale et dans la subordonnée. On peut même lire dans un billet de l’Académie française : Il est parti après que nous l’avons tous salué.

Courrier

Excessivement

J’aimerais avoir votre avis sur l’utilisation du mot excessivement. On l’entend souvent à la radio et à la télé comme synonyme de beaucoup ou énormément. J’ai toujours pensé qu’il signifiait « trop » ou « qui dépasse la limite » ou encore « au-delà de ce qui serait acceptable ».

Réponse

On confond parfois les adverbes excessivement et extrêmement, mais ils ne sont pas synonymes. Pour les distinguer plus facilement, on peut tâcher de se rappeler que l’adverbe excessivement est « généralement suivi d’un adjectif exprimant un défaut, non une qualité », comme le fait remarquer Marie-Éva de Villers dans son Multidictionnaire.

Ou que « extrêmement = très ; excessivement = trop », comme le résume la Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française. Il a été excessivement désagréable avec ses employés. Cette chanteuse a une voix extrêmement puissante.

Le Dictionnaire des difficultés et pièges de la langue française recommande de « renforcer les adjectifs de sens positif ou neutre avec les adverbes très, extrêmement, au plus haut point, etc. : elle est très douée ; ils sont extrêmement polis ; il est honnête au plus haut point ».

Vous avez des questions sur la langue française ? Posez-les à notre conseillère linguistique.