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Q : « Le variant Omicron, plus contagieux, mais moins virulent que le Delta, n’est-il pas la lumière au bout du tunnel ? On augmente rapidement l’immunité collective avec un taux d’hospitalisation faible… »

Maurice Jean

R : Vous avez raison de dire qu’un virus beaucoup moins virulent qui supplanterait les autres grâce à sa forte contagiosité serait une bénédiction. Il y a eu certains espoirs que ce soit le cas pour Omicron. Malheureusement, il semble que ce nouveau variant soit beaucoup plus un problème qu’une solution.

Tout est dans le degré de contagiosité et de virulence du variant, ainsi que dans sa capacité à contourner la vaccination.

Prenons l’exemple simple d’un variant moins virulent qui diminuerait par deux votre chance d’aller à l’hôpital, mais qui serait quatre fois plus contagieux que la souche précédente. Au bout du compte, il causerait deux fois plus d’hospitalisations que l’autre.

Les chiffres pour Omicron ne sont pas encore parfaitement établis, mais ils pointent vers une situation de ce genre.

S’il y a une certitude aujourd’hui, c’est qu’Omicron est beaucoup, beaucoup plus contagieux que le variant Delta. Le plus récent rapport des autorités britanniques parle d’une transmissibilité 3,2 fois plus élevée1.

La virulence ? Elle est moins bien connue. Une étude sud-africaine établit qu’Omicron génère 29 % moins d’hospitalisations que les souches précédentes2. Mais il se pourrait qu’Omicron paraisse plus doux qu’il ne l’est en réalité. C’est qu’il parvient à infecter des gens vaccinés et des gens qui ont déjà eu la maladie, et que ces gens sont généralement moins malades.

En bref, l’effet négatif de la très grande transmissibilité d’Omicron surpasse l’effet positif de sa plus faible virulence, si cette dernière s’avère.

L’autre problème est qu’Omicron déjoue en partie nos vaccins. Selon l’étude sud-africaine, par exemple, deux doses du vaccin de Pfizer protègent à 80 % d’une infection du variant Delta, mais à seulement 33 % contre Omicron. La protection contre les hospitalisations est meilleure (70 %), mais moins bonne que pour Delta (93 %).

Une troisième dose de Pfizer, peu importe la nature des vaccins reçus précédemment, augmenterait la protection contre les infections du variant Omicron à environ 70 %, selon des données britanniques. D’où le branle-bas de combat pour accélérer son administration.

Les projections québécoises de l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) publiées jeudi dernier montrent bien que, loin d’atténuer les hospitalisations, le variant Omicron risque malheureusement de les faire grimper en flèche3.

1. Lisez le rapport des autorités britanniques (en anglais) 2. Consultez des données sur Omicron (en anglais) 3. Consultez les projections de l’INESSS