La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

Les paroles des cantiques de Noël nous fournissent l’occasion de nous pencher sur quelques mots dont le sens nous échappe parfois aujourd’hui.

Par exemple, que signifie le çà, de Çà, bergers, quand on chante Çà, bergers, assemblons-nous ? On doit d’abord savoir qu’il s’écrit avec un accent grave. Çà est un adverbe de lieu qui signifie ici qu’on n’emploie plus en ce sens aujourd’hui, sauf dans l’expression çà et là.

Cela nous fait penser au nom lieue, qu’on voit souvent mal orthographié. On lira par exemple « il était à mille lieux de s’imaginer » telle chose, au lieu de mille lieues. Le mot ne désigne pas un endroit, mais une ancienne mesure de distance, représentant environ quatre kilomètres. Les bottes de sept lieues des contes de fées. Lieue est aussi un terme de marine. Vingt mille lieues sous les mers.

Dans Il est né, le divin enfant, quand on chante Jouez, hautbois, résonnez, musettes, sait-on ce qu’est une musette ? Il s’agit d’une cornemuse alimentée par un soufflet. Il faut éviter par ailleurs de faire la liaison « Jouez, zaubois ». Le h de hautbois est aspiré. On dit le hautbois, pas l’hautbois.

Doit-on écrire Minuit chrétien, comme on le voit souvent, ou plutôt Minuit, chrétiens ? C’est bien le mot chrétiens au pluriel, précédé d’une virgule. Ce n’est pas le minuit qui est chrétien. On s’adresse aux chrétiens comme plus loin dans le chant : Peuple, à genoux, attends ta délivrance.

Dans ce même chant de Noël, on chante aussi Et de son père apaiser le courroux (ou arrêter). Courroux est un mot qu’on n’emploie plus tellement non plus dans la vie courante. Il désigne une « irritation véhémente contre un offenseur » dans un style soutenu. C’est un synonyme de colère.

Curieusement, les journalistes affectionnent encore aujourd’hui un autre synonyme de colère, soit ire, qui est marqué comme vieux dans les dictionnaires, mais est encore très vivant dans la presse francophone. Un ministre suscite l’ire des syndicats, la défaite d’une équipe sportive suscite l’ire de ses partisans, un chanteur suscite l’ire des défenseurs des droits de la personne en acceptant une invitation de l’Arabie saoudite.

Courrier

La maladie d’Alzheimer

Pourquoi la maladie d’Alzheimer a-t-elle perdu sa majuscule ? On parle même des personnes « alzheimer ».

Réponse

Le terme maladie d’Alzheimer s’écrit d’abord avec une majuscule parce que le mot Alzheimer est le nom du médecin allemand qui a décrit la maladie en 1906.

Le mot alzheimer employé seul prend la minuscule parce qu’il est devenu un nom commun, comme cela arrive parfois. C’est aussi le cas de parkinson. Mais on peut continuer à employer les noms au long, si c’est ce que l’on préfère. La maladie de Parkinson. Il est atteint d’un parkinson.

On trouve le nom parkinsonien, dans le Robert, pour désigner une personne atteinte de la maladie de Parkinson. Pour l’alzheimer, on peut certainement continuer à employer les termes personne atteinte d’alzheimer ou personne atteinte de la maladie d’Alzheimer.

Vous avez des questions sur la langue française ? Posez-les à notre conseillère linguistique.