La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

Le mot présentiel, qui s’emploie dorénavant (beaucoup) pour désigner ce « qui a lieu en présence des personnes concernées », peut être utilisé tant comme adjectif que comme nom.

On peut écrire apprentissage en présentiel ou préférer apprentissage présentiel. Enseignement présentiel. Formation en présentiel. Formation présentielle. Vote en présentiel.

On a retenu la graphie avec un t, plus fréquente, plutôt que celle avec un c, pour les mots avec « en », comme on écrit confidentiel, existentiel ou résidentiel. On n’écrira donc pas « présenciel ou présencielle » comme on écrirait superficiel ou didacticielle. Ou distanciel.

Le mot distanciel, lui, désigne ce « qui a lieu sans présence physique des personnes concernées ». Il s’emploie aussi comme adjectif ou comme nom.

On peut écrire formation distancielle ou formation en distanciel. Réunion en distanciel. On écrit distanciel avec un c, sur le modèle d’autres mots avec « an » comme circonstanciel ou tendanciel plutôt qu’avec un t (on n’écrit pas distantiel). On s’inspire donc de distance plutôt que de distant.

Ce sont les deux graphies que nous retenons même si des exceptions peuvent justifier les autres façons d’écrire ces deux mots.

Rien ne nous empêche d’employer les termes présentiel et distanciel. Quoi qu’on en pense, ils sont attestés depuis longtemps et sont acceptés par bien des sources. On les trouve tous les deux dans le Robert, par exemple, ou sur le site de l’Office québécois de la langue française.

Rien ne nous y oblige non plus. On pourra préférer, selon le contexte, les termes enseignement en présence et enseignement à distance, cours à distance, en classe, enseignement en personne, sur place, formation à distance, téléformation, formation en ligne, formation virtuelle, télétravail, travail à distance, à domicile, à la maison, etc.

Courrier

Le droit de construire

Quel est l’adjectif pour dire qu’on a le droit de construire sur un terrain ? Je pense que c’est constructible, mais on voit beaucoup construisible.

Réponse

C’est bien constructible. Un terrain où l’on a le droit de construire un édifice est un terrain constructible. Zone inondable inconstructible.

La Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française (OQLF) précise que « construisible n’existe pas et constitue un barbarisme », c’est-à-dire, selon le Robert, une faute grossière de langage, l’emploi de mots forgés ou déformés ou l’utilisation d’un mot dans un sens qu’il n’a pas.

Les verbes traduire et nuire ont donné traduisible et nuisible, alors on pense peut-être que construire devrait donner « construisible ». On devrait plutôt penser à indestructible, par exemple.

Par ailleurs, dans le même domaine, on pourra aussi parler, le cas échéant, d’un terrain viabilisé. Le verbe viabiliser signifie « rendre (un terrain) habitable, ou apte à la construction, en exécutant les travaux d’aménagement nécessaires (adduction d’eau, électricité, etc.) ». Terrain entièrement viabilisé. En ce sens, on verra aussi les termes terrain aménagé ou terrain équipé.

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