La découverte de tombes sans sépulture près de pensionnats pour Autochtones, cet été, a ravivé de douloureux souvenirs de milliers d’Autochtones au Canada, mais aussi en Australie. Victimes de crimes jumeaux, les populations aborigènes tentent d’avancer sur le tortueux chemin de la réconciliation. Se plonger dans leur démarche, à la veille de la première Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, qui doit avoir lieu jeudi partout au Canada, c’est repenser la nôtre.

Voir son double

IMAGE FOURNIE PAR MIRAMAX PICTURES

Scène du film Rabbit Proof Fence, de l’Australien Phillip Noyce

« Ouf, une chance qu’on n’a pas eu la même idée terrible au Canada ! », me suis-je dit en me levant de mon siège.

Une boule dans la gorge, je venais de voir Le chemin de la liberté (Rabbit Proof Fence) à sa sortie en 2002. Le film du réalisateur australien Phillip Noyce raconte l’histoire de trois fillettes aborigènes arrachées à leurs mères et envoyées dans des pensionnats où on essaie de tuer la culture autochtone en elles.

Quelques heures plus tard, une petite recherche sur l’internet pour en apprendre un brin plus sur ce pan terrifiant de l’histoire australienne m’a menée à des liens parlant de pensionnats autochtones… au Canada. Je suis tombée des nues.

Je m’intéressais aux droits de la personne aux quatre coins du monde. J’aurais pu écrire une dissertation sur les crimes de guerre dans la guerre au Tadjikistan ou en Tchétchénie, mais j’étais complètement passée à côté de l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire de mon propre pays. Dans ma cour. Et voilà qu’un film australien faisait voler en éclats mon ignorance.

Cinq ans plus tard, la Commission de vérité et réconciliation du Canada allait se mettre en branle pour interroger 6500 survivants des pensionnats où plus de 3000 enfants autochtones sont morts et où 150 000 enfances ont été assassinées.

Cependant, c’est seulement cet été – alors que des fosses communes remplies de centaines de dépouilles ont été localisées sur les terrains d’anciens pensionnats autochtones en Saskatchewan et en Colombie-Britannique – que beaucoup d’entre nous ont réellement pris la mesure des crimes commis par l’État et par les communautés religieuses complices. Et qu’un élan de solidarité et, disons-le, de honte a balayé le pays.

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Les nouvelles ont vite traversé le Pacifique. À plus de 13 000 km de Kamloops, à Alice Springs, en Australie, William Tilmouth a été bouleversé par les tristes découvertes canadiennes. Elles ont ravivé ses plus douloureux souvenirs.

PHOTO ANOEK DE GROOT, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

William Tilmouth, aîné du peuple arrernte

Cet aîné du peuple arrernte, issu du centre désertique de l’Australie, fait partie de ce que les Australiens appellent les « générations volées ». Tout comme ses frères et ses sœurs, William Tilmouth est l’un des quelque 10 500 enfants qui ont été pris de force par l’État et envoyés dans un établissement où l’assimilation était au menu du matin au soir.

Dans son cas, il a atterri dans l’île de Croker, dans l’extrême nord de l’Australie, loin de tous ses repères. Comme dans les pensionnats autochtones canadiens, on lui interdisait de parler sa langue, de pratiquer sa culture.

Il a mis des années à retrouver son chemin jusqu’aux siens. « C’est le plus long et le plus difficile voyage que j’ai fait de ma vie, rempli de doutes, d’insécurité », dit-il aujourd’hui lors d’une conversation sur Zoom.

[Les fosses communes canadiennes] ont réveillé ma colère. En Australie, on ne se souvient pas d’évènements de cette ampleur, mais nous savons qu’il y a eu plusieurs massacres qui n’ont jamais été mis au jour.

William Tilmouth, aîné du peuple arrernte

« Et sur le plan individuel, ç’a été terrible », dit celui qui a vu des proches sombrer dans le désespoir, l’alcool, ou mettre fin à leurs jours.

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Pour William Tilmouth, l’expérience canadienne est un miroir de celle de l’Australie. « Les similarités sont tellement frappantes », dit-il. Il serait bien difficile de le contredire. Les manchettes australiennes traitant des communautés autochtones ont l’air copiées sur les nôtres. Même représentation disproportionnée des enfants autochtones dans les services de protection de l’enfance. Mêmes gigantesques populations autochtones dans les prisons. Des problèmes similaires de logement et d’eau potable. Des discussions sur le racisme systémique dans les services fournis par l’État.

On est peut-être bien à 14 heures de décalage horaire, mais ça ne prend pas la tête à Kondiaronk pour voir que des politiques gouvernementales similaires ont donné exactement les mêmes tristes résultats.

« La colonisation, c’était une stratégie bien définie dès l’arrivée des colons, dit William Tilmouth. C’était une façon de contrôler les gens, de les mutiler, de s’approprier les ressources. Et ça a eu lieu partout dans le monde et chaque fois, c’était plus raffiné que la dernière. » À ses yeux, les colonisations du Canada et des États-Unis, entamées au XVIIsiècle, ont été la répétition générale avant le lever du rideau du colonialisme australien, qui s’est mis en branle au XVIIIsiècle.

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Aujourd’hui, les deux pays ont d’immenses plaies à panser.

Sur la question des écoles autochtones, l’Australie a pris une petite longueur d’avance.

On en parle dans les écoles. Le film de Phillip Noyce fait souvent partie du curriculum.

À la suite de la publication en 1997 d’un rapport d’enquête sur les générations volées, l’Australie s’est dotée d’un monument à la mémoire des victimes et une journée nationale de commémoration a été décrétée le 26 mai. Le nom en dit long : le Sorry Day. Le jour des excuses. Le Canada aura mis 23 ans à emboîter le pas. C’est ce jeudi, le 30 septembre, qu’aura lieu la première Journée nationale de la vérité et de la réconciliation chez nous.

Si l’Australie a agi plus rapidement, le gouvernement fédéral de Canberra a à ce jour refusé d’indemniser les victimes. Ces dernières ont dû aller devant les tribunaux. Elles ont obtenu gain de cause cet été.

« Oui, on a eu un film avant tout le monde, mais on n’a pas une compréhension en Australie de notre histoire. Si on avait un vrai processus de vérité, on trouverait probablement les mêmes choses qu’au Canada », croit Jane Vidaveloo, une non-Autochtone qui travaille coude à coude avec William Tilmouth.

On ne trouvera peut-être pas de fosses communes, mais on a des générations d’enfants qui sont morts et qui continuent de mourir à cause des politiques de l’État.

Jane Vidaveloo

Joignant sa voix à celles des leaders autochtones du pays, elle plaide pour la tenue d’une grande commission nationale de vérité, semblable à la nôtre.

Jane Vidaveloo croit aussi qu’il est temps de passer des symboles de commémoration aux actions qui vont vraiment transformer les institutions australiennes. Par l’entremise de l’organisation Children’s Ground, William Tilmouth et elle mettent actuellement sur pied un programme d’éducation qui accompagnera les enfants autochtones, de la petite enfance jusqu’à l’université.

L’objectif de ce programme, auquel participent déjà plus de 300 enfants, est de leur permettre de grandir et de s’épanouir dans leurs propres communautés, dans leur langue natale, tout en ayant accès aux dernières technologies et, par conséquent, au reste du monde. Les deux acolytes sont convaincus que ce genre d’initiatives, pensées par les Autochtones et mettant à profit le savoir des aînés, aidera à recoudre le tissu social et à couper le fil du traumatisme intergénérationnel.

Deux immenses défis chez nous aussi. De l’autre côté du miroir.

L’éternel optimiste

PHOTO DAVID GRAY, ARCHIVES REUTERS

Des danseurs aborigènes en tenue traditionnelle participent aux célébrations marquant la Semaine nationale de réconciliation, sur la plage Coogee, à Sydney, où flotte le drapeau des Aborigènes d’Australie (à gauche), en mai 2015.

Quelles leçons le Canada peut-il tirer du processus de réconciliation en Australie ? Nous avons posé la question au sénateur Patrick Dodson, surnommé le « père de la réconciliation » australienne. Malgré les immenses difficultés auxquelles il fait face depuis 40 ans, il y croit toujours.

Patrick Dodson pourrait haïr les Blancs de son pays. Il n’avait que 2 ans quand ses parents – un Irlando-Australien et une Aborigène – ont dû quitter leur ville natale pour échapper aux lois ségrégationnistes de l’époque. Ils sont tous deux morts dans des circonstances suspectes.

« J’ai vécu la période la plus brutale de la répression. Les Aborigènes ne valaient rien aux yeux de l’État », raconte l’homme à la longue barbe blanche lors d’un appel vidéoconférence. Au lieu de haïr, il a décidé d’agir. De collaborer pour changer le système de l’intérieur.

PHOTO TIRÉE DE WIKIMEDIA COMMONS

Le sénateur Patrick Doson

Il est minuit pour moi, midi pour lui le lendemain dans la ville de Boone, où il a son quartier général. Il a sur la tête son célèbre chapeau au ruban multicolore dont il ne se sépare jamais.

Son visage, les Australiens le connaissent bien. Depuis 40 ans, il est au cœur de la bataille pour la reconnaissance des droits des Autochtones d’Australie. Depuis 40 ans, il porte à bout de bras le processus de réconciliation entre les Premières Nations et les descendants des colons.

La réconciliation, c’est si lent, si difficile, mais je persiste parce qu’on ne peut pas faire autrement. Tant qu’il n’y aura pas une vraie réponse de l’État, une réponse qui mènera à des transformations et à la justice, on ne doit pas lâcher.

Le sénateur Patrick Doson

Son parcours est impressionnant. Au début de sa carrière, Patrick Dodson a fait partie du groupe qui a négocié la reprise de possession d’Uluru – l’un des principaux symboles du pays, anciennement appelé l’Ayer’s Rock – par ses propriétaires aborigènes, le peuple anangu. Il a ensuite participé à une commission d’enquête sur la mort de 99 Aborigènes en détention. Les résultats ont choqué le pays.

Depuis, il a été à la tête de la première commission de réconciliation du pays et a participé à la rédaction de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, un document que le Canada a signé, mais n’a pas encore mis en œuvre. Il a aussi contribué à la réécriture de la Constitution australienne. À 73 ans, il est aujourd’hui sénateur, élu au parlement fédéral. Et il ne baisse pas les bras.

Non, dit-il, il n’y a pas de formule miracle pour réussir une réconciliation, mais il y a dans son parcours des leçons à tirer et des pièges à éviter.

1re leçon : Pour qu’il y ait réconciliation, il doit d’abord y avoir de la vérité et de la justice

On pourrait appeler ça mettre la charrue avant les bœufs. Dès le début des années 1990, les Australiens se sont dotés d’un processus de réconciliation, avant même d’avoir fait éclater au grand jour l’histoire de la répression dont les Autochtones ont été victimes. « On n’a pas fait comme les Sud-Africains avec une commission de vérité et de justice. On doit le faire. Pour que les gens comprennent leur propre histoire et les torts qui ont été causés par certaines politiques coloniales », dit Patrick Dodson.

Au Canada, on a certes tenu d’importantes commissions d’enquête récemment, mais nous sommes encore loin d’avoir fait le tour de toutes les injustices subies par les Premières Nations, les Métis et les Inuits.

2e leçon : La politique, ça peut tout gâcher

Un processus de réconciliation, c’est fragile. Les avancées sont lentes, mais les reculs, eux, peuvent être très rapides. Patrick Dodson l’a appris à ses dépens en 1997, quand une élection a donné le pouvoir au Parti libéral (centre droit) de John Howard, après plusieurs années de règne travailliste, marquées par la création de la première commission de réconciliation que le leader aborigène présidait. « John Howard est arrivé et il s’est évertué à détruire toutes les bonnes initiatives mises en place », dit celui qui s’est longtemps tenu loin de la politique. Pour qu’un processus de réconciliation tienne la route, il doit obtenir l’adhésion des principaux partis, sinon, il sera toujours vulnérable. Patrick Dodson souligne qu’il n’y a jamais eu autant de politiciens autochtones au Parlement australien qu’en ce moment. Et ils évoluent sous la bannière de trois partis. Cette présence est aussi marquée au niveau des États. Chez nous, la représentation des Autochtones à Ottawa s’améliore. Selon le dernier décompte, 12 députés issus de communautés autochtones ont été élus le 20 septembre. Cependant, au Québec, il n’y en a pas un seul. Aucun. Zéro. Il est temps d’y voir.

3e leçon : Le social et la loi, ça va ensemble

Quand il a sabordé le processus de réconciliation en 1997, le premier ministre John Howard a proposé une autre approche. Plutôt que de parler de lois, de traités et de Constitution, il a proposé de grands investissements dans les programmes sociaux destinés aux Autochtones. La devise, c’était de combler le fossé séparant les conditions de vie des Blancs et celles des Premières Nations, un objectif qui semble louable, mais qui cache un désir d’assimilation, selon Patrick Dodson. « Il croyait qu’en améliorant leurs conditions de vie, les Autochtones n’auraient plus de raisons de demander leur autodétermination et leur souveraineté. Mais dans un scénario comme celui-là, les Autochtones restent complètement à la merci du bon vouloir des non-Autochtones », dit-il, en notant que les résultats sont mitigés, notamment sur la question de la santé. Au Canada, la gestion des services de protection de la jeunesse par les communautés autochtones est un bon exemple du changement de mentalité désiré, mais faut-il encore que le gouvernement du Québec cesse de faire de l’obstruction.

4e leçon : Un ordre du jour commun, ça donne de la force

Aujourd’hui, Patrick Dodson est convaincu qu’une réconciliation réussie doit d’abord permettre aux Autochtones d’établir leurs propres objectifs, leurs propres priorités. C’est dans cet esprit que les Premières Nations d’Australie ont tenu un grand processus consultatif qui a abouti à un énoncé commun en 2017 : l’Uluru Statement from the Heart (l’énoncé d’Uluru venant du cœur). Le choix des Aborigènes s’est arrêté sur trois mots : voix, traité et vérité. Ce processus a remobilisé les leaders autochtones, les a remis au premier plan et a permis de sensibiliser de grands pans de la société australienne aux doléances des Premières Nations. Inspirant.

5e leçon : La reconnaissance, ça compte

Comme on le voit de plus en plus au Canada, il est aujourd’hui de bon ton de reconnaître au début d’un évènement le territoire autochtone sur lequel il se déroule. Certains y voient des mots creux, mais Patrick Dodson, lui, croit que ce rappel constant a un impact sur les générations montantes. Les Aborigènes d’Australie se sont aussi munis d’un drapeau. « Avant, les Premières Nations étaient invisibles. Maintenant, notre drapeau flotte sur les écoles, sur les postes de police, un peu partout. Ça rappelle à tous notre présence. C’est important », croit-il. L’Australie vient tout juste de modifier un mot de son hymne national afin de reconnaître la présence des Autochtones et la diversité du pays. On pourrait facilement lui emboîter le pas.

6e leçon : La réconciliation, ce n’est pas un processus à sens unique

Patrick Dodson a récemment eu vent d’un programme d’échange qui existe entre un collège de Melbourne et de petites communautés autochtones. Les jeunes Autochtones passent du temps dans la grande ville avant que les étudiants du collège ne fassent un séjour chez eux. « C’est un véritable échange. Les jeunes ont l’impression de donner autant que de recevoir. C’est beaucoup plus bénéfique que de sortir des enfants autochtones de leur milieu de vie pour leur imposer une éducation occidentale. » Selon lui, c’est cette connaissance mutuelle qui mènera à une véritable réconciliation. On ne va pas le contredire.

Se comparer, sans se consoler

PHOTO BROOK MITCHELL, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Un Aborigène participe à une marche pour les droits des Autochtones en Australie
en 2017.

Les autochtones du Canada et de l’Australie en chiffres

Démographie

Canada

Population autochtone : 1 770 000

Pourcentage de la population : 4,9 %

Source : Statistique Canada

Australie (2016) 

Population autochtone : 798 400

Pourcentage de la population : 3,3 % de la population

Source : Australian Bureau of Statistics

PHOTO COLE BURSTON, AGENCE FRANCE PRESSE

Des vêtements d’enfants sont suspendus près de l’ancien pensionnat pour Autochtones de Kamloops, en Colombie-Britannique, où environ 200 sépultures anonymes ont été retrouvées plus tôt cette année.

Espérance de vie

Canada (2016)

À la naissance, hommes autochtones : 73 ans

À la naissance, femmes autochtones : 78 ans

À la naissance, population générale, hommes : 79 ans

À la naissance, population générale, femmes : 83 ans

Source : Statistique Canada

Australie

À la naissance, hommes autochtones : 71,6 ans

À la naissance, femmes autochtones : 75,6 ans

À la naissance, hommes non autochtones : 80,2 ans

À la naissance, femmes non autochtones : 83,4 ans

Source : Australian Bureau of Statistics

Éducation

Canada (2020)

48 % des Autochtones qui vivent sur les réserves ont un diplôme secondaire

75 % des Autochtones qui vivent hors réserve ont un diplôme secondaire

86 % des Canadiens ont un diplôme d’études secondaires

22,7 % de la population canadienne de plus de 25 ans a un diplôme universitaire

10,9 % de la population autochtone de plus de 25 ans a un diplôme universitaire

Source : C. D. Howe Institute, 2020

Australie (2019-2020)

57 % de la population autochtone de plus de 20 ans a un diplôme d’études secondaires

72 % de la population australienne de plus de 20 ans a un diplôme d’études secondaires

19,5 % de la population autochtone de plus de 20 ans a un diplôme universitaire

39 % de la population australienne de plus de 20 ans a un diplôme universitaire

Source : Australian Institute of Health and Welfare

Incarcération

Canada (2017-2018) 

Les Autochtones forment 4,9 % de la population canadienne, mais 28 % de la population carcérale

Source : ministère de la Justice du Canada

Australie (2019)

Les Autochtones représentent 3,3 % de la population, mais 28 % de la population carcérale.

Source : Corrective Services of Australia

Protection de la jeunesse

Canada (2016) 

52 % des enfants en famille d’accueil sont autochtones, mais ils ne représentent que 7 % des enfants de moins de 14 ans.

Source : Statistique Canada

Australie (2019)

41 % des enfants placés en famille d’accueil en Australie sont autochtones, soit 1 enfant sur 18. Ils représentent 5,9 % des enfants de moins de 14 ans en Australie

Source : Australian Institute of Health and Welfare

Consultez le site de Statistique Canada Consultez le site de l'Australian Bureau of Statistics (en anglais)