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Q. J’ai lu dernièrement que les médaillés des Jeux olympiques reçoivent un important prix en argent, mais que les médaillés des Jeux paralympiques ne reçoivent rien. Comment réparer cette injustice ?

Pierre Dupuis

R. M. Dupuis,

Vous nous avez obligé à faire des recherches et à découvrir des choses intéressantes.

Le Comité olympique canadien offre effectivement des bourses aux athlètes qui remportent des médailles aux Jeux olympiques. Les sommes sont de 20 000 $ pour une médaille d’or, de 15 000 $ pour une médaille d’argent et de 10 000 $ pour une médaille de bronze.

Les athlètes qui remportent des médailles aux Jeux paralympiques, de leur côté, ne reçoivent aucune bourse. Vous avez donc raison de parler d’injustice.

Comment la régler ? C’est compliqué. Il faut savoir que ce sont deux organisations distinctes – le Comité olympique canadien et le Comité paralympique canadien – qui gèrent le développement des athlètes olympiques et paralympiques.

Nous n’avons pas accès aux budgets de chaque organisation, mais il est clair que celui du Comité olympique canadien est largement supérieur à l’autre. La majorité de ce budget provient des commandites et de partenariats avec des entreprises. Une partie vient aussi des profits engrangés par les Jeux de Calgary, en 1988.

En 2015, le Comité paralympique canadien a créé une fondation afin d’amasser des dons des entreprises et du public. Malheureusement, elle n’est toujours pas en mesure d’offrir des bourses aux athlètes paralympiques qui gagnent des médailles.

L’injustice perdure donc. « J’ai gagné mes dernières médailles en 2008 et on parlait déjà de ça à l’époque », déplore Chantal Petitclerc, ex-athlète paralympique bien connue, aujourd’hui sénatrice.

Aux États-Unis, les comités olympiques et paralympiques ont fusionné il y a quelques années, ce qui a conduit à un déblocage. En 2018, la décision a été prise d’offrir les mêmes bourses aux athlètes olympiques et paralympiques.

Faudrait-il fusionner les deux comités canadiens ? On nous dit que des discussions à ce sujet ont déjà eu lieu. Chantal Petitclerc n’y est toutefois pas favorable, affirmant que le comité paralympique deviendrait l’équivalent d’un « petit poisson dans un gros bocal ». Elle souhaite plutôt que le gouvernement remette lui-même les primes, comme cela se fait dans de nombreux pays – notamment en Italie et à Singapour.

On peut aussi se demander pourquoi les entreprises ne sautent pas sur une telle occasion pour régler une injustice et s’offrir une image socialement responsable par la bande. Des intéressés ?

Chose certaine, cette disparité est gênante pour le Canada, alors que les différences de traitement entre les athlètes font les manchettes. Pas plus tard que mercredi dernier, la Fédération américaine de soccer a annoncé qu’elle offrirait enfin le même contrat à ses athlètes masculins et féminins. En 2019, plusieurs joueuses de l’équipe féminine américaine avaient poursuivi en justice leur propre fédération pour réclamer les mêmes salaires que les joueurs masculins.

La discrimination basée sur le genre ou le handicap n’a sa place nulle part – y compris dans le sport.