Son tout premier film, le long métrage documentaire Over My Dead Body consacré à son ami Dave St-Pierre, était audacieux, vertigineux, casse-gueule.

Atteint de fibrose kystique, le danseur et chorégraphe voyait sa capacité pulmonaire diminuer de jour en jour. Durant deux ans, Brigitte Poupart l'a suivi, filmé, aidé, dans l'attente d'une greffe pulmonaire. Il a fallu trois appels avant de trouver le bon donneur.

En 2013, le film a obtenu le prix du meilleur documentaire à la soirée des Jutra. Cinq ans plus tard, a-t-elle de nouveau envie de se remettre en danger avec un projet audacieux? Elle sourit.

«Mon sujet est trouvé, dit-elle. Je fais un documentaire sur ma fille Fabiola que j'ai adoptée en Haïti. Dix-huit ans après mon voyage pour aller la chercher, je lui ai proposé de retourner en Haïti ensemble afin qu'elle découvre ses racines et comprenne d'où elle vient.»

La réalisatrice veut aussi explorer la situation des «reste-avec» qui a toujours cours là-bas. «Les "reste-avec" sont des enfants des régions rurales que les parents confient à des familles urbaines dans l'espoir qu'ils aient une meilleure éducation, explique-t-elle. Mais ils vivent dans des conditions d'esclaves, font les tâches domestiques, subissent de mauvais traitements physiques et verbaux. Ça peut aller jusqu'à l'abus sexuel et la prostitution. Il y en aurait 173 000 à Port-au-Prince, dont 80 % sont des filles. Lorsque j'ai adopté Fabiola, qui avait 2 ans et demi, elle risquait de tomber dans cette situation.»

Le projet est financé en développement (écriture) par la SODEC. Brigitte Poupart et sa fille sont allées en Haïti l'été dernier et y retourneront peut-être en décembre. Une équipe mixte formée de techniciens d'Haïti et du Québec les accompagne. «Et comme avec Dave, je vais donner une caméra à Fabiola, car il y a certains endroits où elle seule pourra aller.»

Réalité virtuelle

Brigitte Poupart veut faire plus de cinéma. «J'ai consacré beaucoup de temps au théâtre, mais réaliser a toujours été une espèce de rêve, dit-elle. Le temps avance et je veux en faire davantage.»

En plus du documentaire, elle écrit un long métrage de fiction et développe, depuis 2012, un projet de long métrage en réalité virtuelle: Ma réserve

«Mon projet implique un acteur en chair et en os qui accueille le spectateur dans un environnement où il se vide de ses pensées avant de mourir. Ce qu'il raconte est confirmé ou infirmé par les images que l'on voit dans les appareils de réalité virtuelle.»

Fabien Cloutier a écrit les monologues. En 2017, une version courte, avec Robert Morin à l'interprétation, a été présentée au Festival de Cannes. Or, la même année, toujours sur la Croisette, le cinéaste Alejandro González Iñárritu (21 GramsBirdman) a présenté lui aussi un projet costaud de réalité virtuelle, Carne y Arena. Avec sa renommée, Iñárritu trimballe déjà son oeuvre dans des musées partout dans le monde. Brigitte Poupart n'est pas rendue là. L'argent reste le nerf de la guerre. Elle doit trouver un producteur, un distributeur, des diffuseurs. Mais elle avance. Encore. Toujours.

Photo fournie par F3M

Le tout premier film de Brigitte Poupart, Over My Dead Body, est un long métrage documentaire sur le danseur et chorégraphe Dave St-Pierre.