Diplomates, historiens de l'art ou spécialistes en mécanique du bâtiment? Un peu de tout cela. Portrait de la directrice de lieux de tournage, Michèle St-Arnaud et Pierre Blondin.

«Étudiante, j'étais caissière au Cinéma Outremont. Je voyais tous les films et j'y ai fait mon éducation cinématographique», raconte Michèle St-Arnaud.

C'est par accident qu'elle s'est retrouvée sur un plateau de tournage. Celui d'un film appelé Tomorrow Never Comes, sorti en 1978. «J'étais troisième assistante à la réalisation, et cela a été très désagréable.»

Elle s'est ensuite laissé convaincre d'avoir une expérience de tournage plus positive sur Éclair au chocolat de Jean-Claude Lord, avant de se retrouver sur le plateau des Bons débarras de Francis Mankiewicz, où sa passion pour le cinéma est née. «Quel beau souvenir», lance-t-elle.

À l'époque, son poste actuel de directrice de lieux de tournage (location manager) n'existait pas. «C'était de petites équipes.»

Enceinte de son premier enfant, Michèle St-Arnaud voulait un horaire de travail plus sain quand on l'a pressentie uniquement pour repérer les lieux de tournage d'un film américain pour la télévision, Descending Angel. «Depuis ce temps, je n'ai jamais arrêté.»

Michèle St-Arnaud a repéré les lieux de tournage de nombreux films et séries télé: Le polygraphe de Robert Lepage, Le violon rouge de François Girard, Catch Me If You Can et The Terminal de Steven Spielberg, The Curious Case of Benjamin Button de David Fincher, Brooklyn de John Crowley, etc.

Merci à la technologie

Actuellement, elle bosse sur le film Midway, qu'on tourne présentement à Montréal et qui met en vedette Mandy Moore et Woody Harrelson. Il s'agit de sa troisième collaboration avec le réalisateur Roland Emmerich, qui a déjà tourné les films Stonewall, White House Down et The Day After Tomorrow au Québec.

Après avoir bouclé des scènes de guerre navale à Hawaii, l'équipe de Midway est à Montréal. «Il y a beaucoup de studio, mais j'ai des défis intéressants, dont reproduire une salle de bal dans un hôtel d'Honolulu. Je dois aussi transformer un sous-sol d'église en bunker d'espionnage.»

Michèle St-Arnaud nous a donné rendez-vous au Crew Collective & Café, «où nous avons tourné beaucoup de scènes intérieures de Paris et de Washington pour Jack Ryan». Avant que ce soit un café, Michèle St-Arnaud avait transformé l'ancienne Banque Royale du Canada de la rue Saint-Jacques en gare de train de Bruxelles pour le film The Expatriate.

Comment tourner un film doté d'un budget de moins de 1 million au Japon comme elle l'a fait pour  de Robert Lepage? «C'est simple, tu ne vas pas au Japon, lance-t-elle. Ce sont les défis que j'aime.»

La technologie avancée des effets spéciaux a facilité le travail de Michèle St-Arnaud. «Pour la série des Jumelles Dionne, je devais trouver une vieille route de terre pas trop loin de Montréal sans poteau électrique, se souvient-elle. J'avais finalement dû faire enterrer deux poteaux. Aujourd'hui, il suffit de les enlever en postproduction.»

Michèle St-Arnaud a aussi préparé le terrain pour le film Arrival de Denis Villeneuve. Elle a déniché des terres agricoles près du Bic. «J'ai dû faire un dépôt en garantie à la Commission de protection du territoire agricole et prévoir de l'argent pour remettre les terres dans un état sain. J'avais associé une agronome au projet.»

Pas de doute, la débrouillardise, la capacité à s'adapter aux changements et la diplomatie sont de grandes qualités de Michèle St-Arnaud.

Dans sa filmographie

- X-Men: Days of Future Past

- Jack Ryan

- Brooklyn

- Arrival

- Death Race

PHOTO FOURNIE PAR MICHÈLE ST-ARNAUD

Tom Hanks, Steven Spielberg et Michèle St-Arnaud lors de la dernière journée de l'acteur sur le plateau de The Terminal. Celui-ci lit un discours en français aux membres de l'équipe de tournage.