Avec Un printemps d'ailleurs, la réalisatrice montréalaise d'origine chinoise Xiaodan He présente son premier long métrage de fiction. On y suit le parcours de Fang, jeune femme qui, incapable d'avoir un enfant avec son copain Éric (Émile Proulx-Cloutier), fuit Montréal pour sa région natale. Où elle trouvera des réponses à ses questions.

Entre désir de maternité, couple de la diversité, retour au pays et obsession de la réussite, tous des thèmes abordés dans le film, lequel est le plus central à vos yeux?

En fait, l'origine vient d'une pensée bouddhiste affirmant que la vérité de l'existence passe par la souffrance et que le bonheur est éphémère. J'ai été choquée par cette pensée déprimante et négative. Mais avec le temps, mon expérience de vie, je commence presque à l'accepter. En même temps, j'ai voulu montrer que nous sommes tous des gens différents, que nous faisons face à des problèmes différents et que nous essayons de les résoudre. Au fond, on n'abandonne jamais sa recherche du bonheur. Comme c'est le cas avec les personnages de mon histoire.

Est-ce aussi le cas de Fang (Wen-si Yan) qui quitte Montréal pour sa ville natale de Dazu en Chine?

Dans l'histoire, Fang se considère comme une loser et elle est très déprimée. Elle a perdu espoir en la vie. Son voyage est une forme de fuite, un rejet de sa réalité. Mais durant ce voyage, elle observe les gens autour d'elle et constate que chacun a ses problèmes.

Mieux encore, elle découvre qu'elle apporte lumière et chaleur à tous ces gens autour d'elle. Elle n'était pas consciente qu'elle pouvait le faire. De retour à Montréal, cela lui permettra de faire face à sa propre existence, même si ses problèmes ne sont pas résolus.

Pourquoi ce choix intéressant d'un couple de la diversité?

Fang a vécu dans deux mondes différents et cela rend l'histoire beaucoup plus forte. Son personnage est déjà influencé par les deux mondes. Elle se considère aussi comme une Québécoise. Cela n'aurait pas été le cas si j'avais créé un couple de Chinois. Cette combinaison d'un couple sino-québécois est très intéressante. Le fait aussi qu'une fois arrivée en Chine, on considère Fang un peu comme une étrangère ajoute à l'aspect inusité de son histoire.

En quoi la comédienne montréalaise Wen-si Yan sert-elle bien le personnage de Fang?

C'est une grande chance d'avoir trouvé cette actrice de 32 ans qui a immigré à Montréal à 11 ans. Au départ, j'avais choisi une actrice en Chine, mais deux mois avant le tournage, elle s'est désistée. Connaissant presque toutes les comédiennes chinoises à Montréal, je doutais d'en trouver une pour interpréter Fang. Wen-si, qui est davantage une danseuse et une pianiste, s'est présentée en audition. 

Et ç'a été un miracle! Elle est très naturelle, possède une grande mélancolie devant la caméra, ce qui correspond au personnage. Elle est sensible, très généreuse et dotée d'une grande élégance.

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Un printemps d'ailleurs est à l'affiche.

Photo fournie par Filmoption International

Wen-si Yan dans Un printemps d'ailleurs