La comédie romantique étant son genre favori, Steve Galluccio ne s'est pas fait prier quand est arrivée l'occasion de travailler au scénario de Little Italy. Si sa fibre italienne semble une source d'inspiration inépuisable, le scénariste de Mambo italiano et de Funkytown estime quand même être arrivé au bout d'un cycle.

Little Italy est une production canadienne réalisée par Donald Petrie, un vétéran hollywoodien de la comédie romantique, dont l'intrigue se situe dans la Petite Italie de Toronto. Comment vous a-t-on présenté ce projet?

Vinay Virmani, qui a eu l'idée du film et le produit, m'a d'abord contacté sur Twitter! Il souhaitait que je le coscénarise avec lui. Comme la comédie romantique est mon genre préféré au cinéma, j'ai dit oui, j'embarque. D'autant que j'aimais beaucoup l'histoire. Et puis, il me semble qu'on n'a pas vu une vraie comédie romantique au cinéma depuis un bon bout de temps. Celles qu'on voit maintenant pratiquent souvent un humour juvénile à la Bridesmaids. Mon modèle reste plutôt Moonstruck [Norman Jewison, 1987]. Quand j'ai lu le synopsis que Vinay m'a fait parvenir, je me suis dit que c'était Moonstruck avec de la pizza! C'est ce que j'ai eu en tête en écrivant.

L'intrigue est campée dans la Petite Italie de Toronto. Avez-vous dû vous adapter? Y a-t-il des différences notables avec celle de Montréal? L'endroit est-il plus fantasmé que réel?

Je connais bien la Petite Italie de Toronto aussi parce que j'y ai beaucoup d'amis italiens. Il n'y a pas vraiment de différences entre celle de Toronto et de Montréal, si ce n'est que celle de Toronto s'est embourgeoisée depuis un bon moment et qu'elle est devenue un endroit branché. College Street, c'est très très hip maintenant. À Montréal, le côté plus traditionnel a été préservé, mais c'est en train de changer. Le fantasme qu'on a de la Petite Italie ne correspond pratiquement plus à la réalité, car la majorité des Italiens - qu'ils soient à New York, Toronto ou Montréal - l'ont quittée pour aller s'installer dans d'autres quartiers. Mais les commerces dont ils sont les propriétaires y sont encore, donc ils y viennent pour travailler ou comme clients. Auparavant, il y a 50 ou 60 ans, les Italiens y habitaient. Cela dit, l'esprit y est toujours. À Montréal, le marché Jean-Talon contribue beaucoup à cette préservation.

Quels sont les clichés les plus tenaces à propos de la communauté italienne?

À part qu'on fait tous partie de la mafia?

Laissons celui-là de côté! Mais en tant que scénariste, sentez-vous une obligation de les contourner?

Certains clichés correspondent quand même à une réalité: il est vrai qu'on parle beaucoup avec nos mains. On parle fort, on aime la bonne bouffe, on aime l'amour, on aime intensément. On est un peu over the top, à vrai dire. Je dirais même beaucoup over the top! Cela dit, je pense que le plus grand cliché est celui de la dolce vita. Je ne sais pas d'où c'est venu, mais cette idée que les Italiens se la coulent toujours douce s'applique peut-être aux très grands bourgeois, mais elle ne correspond pas à ma réalité du tout, en tout cas. Tous ceux que je connais travaillent comme des fous. Ça vient sans doute du film de Fellini, mais en même temps, on peut aussi évoquer tout le mouvement du néo-réalisme italien. Mes personnages sont quand même ancrés dans la réalité. Dans mon univers, on trouve le sens de la famille, l'amour des traditions et de la culture. Il y a aussi des chicanes qui commencent on ne sait plus comment! La fibre italienne est une source d'inspiration infinie, mais je sais que mes prochains projets n'auront rien à voir avec ça. Je suis peut-être rendu au bout de ce cycle-là.

Vous êtes heureux de ce film dans l'ensemble?

Tout à fait. Je connaissais les films de Donald Petrie, qui est le roi de la rom-com, et j'ai été très heureux d'apprendre qu'il allait en être le réalisateur. Ensuite, j'ai trouvé vraiment cool qu'Emma Roberts soit la vedette féminine, car Donald a réalisé Mystic Pizza, l'un des premiers films dans lequel a joué la tante d'Emma, Julia, bien sûr. Et puis, Hayden Christensen est formidable aussi. J'ai adoré cet effort collectif, qui est le propre du cinéma. Je trouve que le feeling de Moonstruck y est. J'ai été plutôt chanceux jusqu'à maintenant dans ma carrière de scénariste au cinéma, mais celui-là, vraiment, wow!

Maintenant, la vraie question: qu'est-ce qu'une «vraie» pizza?

La vraie pizza, c'est Margherita ou alors seulement avec de la sauce tomate. Mais ça évolue. Chez nous, c'était sauce tomate, origan, ail et fromage parmesan, that's it. Mais j'ai de la misère à faire lever la pâte. C'est pour ça que je n'en fais pas!

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Little Italy (Petite Italie en version française) est à l'affiche.