Les filles sont aussi nombreuses que les garçons dans les écoles de cinéma aux États-Unis. Or, elles représentent seulement 4 % des cinéastes à Hollywood. L'organisme Women in Film veut rétablir l'équilibre.

Matt Smiley a débuté comme acteur à Hollywood. Aujourd'hui, le jeune homme réalise et produit ses propres projets. Son plus récent film, Highway of Tears, raconte l'histoire des femmes autochtones disparues sur l'autoroute 16, en Colombie-Britannique, de 1969 à 2011. « Il y a toute une génération de femmes qui ont des histoires à raconter, mais qui n'ont pas la plateforme pour le faire, observe-t-il. Moi, je veux les entendre. J'ai les miennes, mais elles sont différentes. Il devrait y avoir de la place pour tout le monde. En tant qu'acteur, je n'ai jamais travaillé avec une réalisatrice ou une scénariste ; ce n'est pas normal. »

Tout le monde le dit, pour que les choses changent, il faut embaucher des femmes et financer leurs films.

C'est justement l'objectif de Women in Film, dont le volet californien existe depuis 1973. Il y a six ans, en collaboration avec le Sundance Institute, l'organisme a mis sur pied un programme pour promouvoir l'égalité hommes-femmes. Women in Film a également commandé une étude pour brosser un portrait plus précis de l'industrie.

« On a constaté que le problème commençait sur les bancs d'école, remarque Alison Emilio. Il y a autant de filles que de garçons. Ça se gâte par la suite. »

« Seulement 25 % d'entre elles réussissent à inscrire leurs films dans des festivals, et à la fin, 4 % réalisent des films au sein de studios. Pourquoi ? »

Le président de Film Independent, organisme qui milite lui aussi pour une meilleure représentation des femmes et de la diversité au cinéma, a sa petite idée là-dessus.

« Nous sommes une société profondément sexiste et raciste, croit Josh Welsh. Les gens aiment penser que Hollywood est très progressiste, mais les statistiques montrent le contraire. Dire que cette ville est un bastion du progressisme est ridicule ! Qui a de l'argent ? Qui réalise les films ? Qui met en images les histoires ? »

« Il y a une méfiance à l'endroit des femmes lorsque vient le temps de leur confier un budget important, renchérit Alison Emilio qui dirige le plan d'action pour l'égalité hommes-femmes ReFrame. La perception est que les femmes ne savent pas gérer de grosses sommes d'argent. »

Quand on lui demande si 2018 sera l'année des femmes à Hollywood, elle nous répond ceci : « Soyez attentif au choix de la personne qui réalisera le prochain Batgirl chez Warner Bros. On vient d'apprendre que Joss Whedon a quitté le projet. On sait que Patty Jenkins fera la suite de Wonder Woman ; elle ne sera donc pas disponible. Qui choisiront-ils ? C'est un projet de superhéros féminin, il me semble que ce film devrait aller à une femme. Si on veut changer les choses, les femmes cinéastes doivent pouvoir faire les gros projets qui font de l'argent, pas juste les films à petit budget. »