On l'a vu l'été dernier mener la série Midnight, Texas au réseau NBC. Il tient le rôle principal de la prochaine saison de la série UnReal. On le verra le mois prochain dans Origami, le nouveau film de Patrick Demers. Ces jours-ci, il tient l'affiche, avec Rebecca Hall, Dan Stevens et Gina Gershon, de Permission, un film indépendant américain. Aux États-Unis, François Arnaud mène une carrière fort enviable, au prix de certains sacrifices.

Il vient de rentrer à New York, où il habite depuis trois ans, après avoir tourné à Vancouver, pendant plus de trois mois, les huit épisodes de la quatrième saison de la série UnReal (RéelleMENT). François Arnaud aborde ses projets un à un, en s'y consacrant entièrement, quitte à s'installer dans un endroit pendant un bon moment. Six mois à Budapest pour la série The Borgias; quelques mois au Nouveau-Mexique pour la série Midnight, Texas; quelques semaines à Montréal pour Origami, un film de Patrice Demers (Jaloux) lancé au festival Fantasia l'an dernier, prochainement en salle (le 27 avril).

«Ça fait beaucoup de nouveaux départs! fait remarquer l'acteur au cours d'un entretien téléphonique tenu plus tôt cette semaine. Au début, tout cela est parfaitement exaltant.

«À Budapest, je me pinçais vraiment pour y croire en me disant que c'était quand même fou d'avoir cette chance. Je voyais alors des acteurs que j'admirais s'installer dans de longues séries comme Law and Order ou CSI, et j'avais du mal à saisir pourquoi ils acceptaient un travail qui ne leur permettait pas de bouger beaucoup. 

«Maintenant, je les comprends davantage. Je suis toujours enthousiaste, mais force est d'admettre qu'il est parfois essoufflant de toujours voyager, de se réinstaller chaque fois. C'est un style de vie qui ne te permet pas de te poser vraiment.»

Sans temps mort

Si le destin avait suivi un parcours plus «classique», on aurait pu parier que J'ai tué ma mère, le film de Xavier Dolan qui l'a révélé sur la scène internationale, lui ouvrirait les portes de l'Europe plutôt que celles de l'Amérique.

«À l'époque où le film de Xavier s'est beaucoup promené sur le circuit des festivals, nous nous sommes un peu partagé la tâche», raconte l'acteur.

«Comme je parlais anglais, on m'a délégué pour accompagner le film dans les festivals un peu partout aux États-Unis, notamment à Los Angeles. Au festival de l'American Film Institute, deux agents américains se sont intéressés à moi. The Borgias est ensuite arrivé rapidement, et de là, tout s'est enchaîné.»

«Je sais que bien des gens trouvent qu'il serait plus "naturel" pour moi de faire carrière en Europe - j'ai d'ailleurs très souvent séjourné en France -, mais ça s'est dessiné autrement pour moi.»

François Arnaud n'a pas hésité à aller s'installer chez nos voisins du Sud, à Los Angeles d'abord, maintenant à New York. Il assume parfaitement ce choix, même s'il comporte sa part de sacrifices.

«J'ai décidé de m'installer à New York pour être moins éloigné de Montréal. Cette ville est aussi plus enrichissante à mes yeux, et pas uniquement en termes professionnels. Habiter ailleurs n'est pas toujours facile, car on y vit beaucoup de solitude.

«Un temps, j'ai d'ailleurs failli remettre ce choix en question, plus en rapport avec ma vie personnelle qu'avec mon travail. Je ne peux pas vivre en français ici. Et comme je viens d'une famille de souverainistes, ma décision de m'installer ici n'est pas toujours facile à porter à Noël! lance l'acteur en riant. Cela dit, mon choix est assumé et je reste bien conscient de ma chance!»



Pour une plus grande vérité

Depuis vendredi, le film indépendant américain Permission, écrit et réalisé par Brian Crano (A Bag of Hammers), est à l'affiche dans quelques salles en Amérique du Nord (y compris à Vancouver et à Toronto). François Arnaud y interprète un musicien qu'une femme (Rebecca Hall) choisit comme amant à la veille de son mariage, histoire de connaître un autre homme avant de convoler en justes noces avec celui qui partage sa vie depuis déjà 10 ans (Dan Stevens). Et qui, à ce jour, reste le seul homme avec qui elle a partagé un rapport intime.

«Ce projet remonte à il y a près de trois ans, indique l'acteur. Grâce à un ami commun, j'ai d'abord rencontré Brian Crano qui, au départ, voulait qu'on discute du rôle qu'a finalement tenu Dan Stevens. Je n'en ai plus eu de nouvelles pendant des mois, de sorte que j'ai cru mort le projet de ce film. Ce n'est que deux ou trois semaines avant le tournage que Brian m'a offert le rôle de l'amant.»

Si le rôle est important, il est, à l'arrivée, un peu moins complexe que le scénario ne le laissait deviner au départ, du moins, aux yeux de l'acteur. «J'ai beaucoup travaillé le piano pour être crédible à l'écran, mais plusieurs de ces scènes ont été coupées au montage. Surtout, il y a des aspects intéressants de ce personnage qui restent inexplorés. On en a plus fait une victime.»

La critique américaine est généralement favorable au film, et souligne, entre autres, la façon honnête avec laquelle une relation de couple est abordée. Permission fait partie de ces productions que François Arnaud apprécie particulièrement.

«Je suis en quête d'une plus grande vérité, et d'occasions de travailler avec des gens ayant une vision unique. J'aimerais explorer différentes façons de parler de la vie, par la fiction.»

«Être conforté à l'idée du succès ne m'intéresse pas du tout, explique-t-il. Chaque rôle, chaque film, chaque série est une étape.»

«Mon rôle dans Permission m'a permis de travailler avec des acteurs de ma génération, qui mènent de magnifiques carrières et qui s'investissent aussi dans le cinéma d'auteur. Ils ne se satisfont pas d'être passifs sur un plateau ou dans le milieu dans lequel ils évoluent. C'est de ça que j'ai envie.»

Permission est maintenant en ligne sur iTunes et YouTube.

Photo fournie par Good Deed Entertainment

Rebecca Hall et François Arnaud dans Permission, un film de Brian Crano.