La suite de Bad Moms a été mise sur pied en un temps record. L'histoire de ces trois jeunes mères de famille, qui refusent les modèles établis de perfection, a visiblement touché une corde sensible auprès du public. En marge de la sortie de leurs nouvelles aventures - au cours desquelles Noël en prend pour son rhume -, La Presse a discuté d'humour au féminin avec deux des vedettes du film: Mila Kunis et Kathryn Hahn.

Films féministes que ce Bad Moms et sa suite? Assurément, affirme sans ambages Kathryn Hahn, l'interprète de Carla, la plus délinquante des trois jeunes mères autour desquelles le récit de ces comédies est construit. De son côté, Mila Kunis, qui campe le personnage d'Amy, affiche une petite hésitation, mais elle arrive à la même conclusion: A Bad Moms Christmas est résolument un film féministe, tout comme l'était aussi Bad Moms.

«J'ai pris un petit moment avant de vous répondre, car on associe parfois - à tort bien sûr - le mot féminisme à un mouvement antimasculin, explique Mila Kunis au cours d'un entretien accordé la semaine dernière à La Presse dans un décor féerique à Beverly Hills. Or, il n'y a pas de men bashing dans cette histoire, au contraire.»

«Cela dit, il y a clairement ici une volonté de faire descendre les mères du piédestal sur lequel on les place, et de les ramener à leur niveau d'êtres humains, avec leurs forces, leurs faiblesses, et, surtout, le droit de ne pas correspondre au modèle imposé par la société.»

«C'est à la fois très beau et très dur d'être mère d'un jeune enfant pendant la période où l'on traverse aussi ses plus belles années professionnelles, indique pour sa part Kathryn Hahn. C'est juste plate que ça s'enligne comme ça sur le plan biologique! Alors oui, une femme peut accomplir beaucoup, sur tous les fronts, mais on n'est pas obligées d'être parfaites partout, tout le temps.

«Je crois que beaucoup de femmes ont été réconfortées en regardant Bad Moms, car elles ont pu constater qu'elles n'étaient pas toutes seules à se sentir aussi merdiques, parfois.»

Dans le courant de Bridesmaids

À l'affiche à peine un peu plus de 15 mois après la sortie de Bad Moms, A Bad Moms Christmas réunit sensiblement la même équipe que le film originel. Ainsi, ce nouvel opus est aussi écrit et réalisé par Jon Lucas et Scott Moore, un tandem qui s'est d'abord fait connaître en scénarisant The Hangover.

Le récit est campé pendant les préparatifs du temps des Fêtes, mais pour ajouter un facteur de stress supplémentaire à cette période déjà terrifiante aux yeux des protagonistes, on leur envoie dans les pattes leurs propres mères. Ces critiques redoutables, campées par Christine Baranski, Susan Sarandon et Cheryl Hines, trouveront à redire sur tout: la décoration, la cuisine, l'amoureux, l'éducation des enfants, le mode de vie, et aucune de leur fille ne parviendra à être à la hauteur des attentes. D'où la rébellion, dans un cadre comique où personne ne fait dans la dentelle.

Le langage est cru, et les situations ne s'embarrassent d'aucune subtilité. Bien que le film soit écrit et réalisé par des gars, Bad Moms et sa suite s'inscrivent résolument dans le courant de ces films à la Bridesmaids, où les personnages féminins s'adonnent à l'humour franc, souvent vulgaire, aussi frontal que libérateur.

«L'évolution est longue, mais elle se fait, commente Kathryn Hahn. Quand j'ai commencé à exercer ce métier, on me demandait habituellement de jouer un personnage de soutien un peu frivole, sexuellement disponible pour le protagoniste masculin. À l'époque, je ne m'en rendais pas vraiment compte, car j'étais seulement heureuse de décrocher un rôle et, très honnêtement, j'ai pris plaisir à le faire. Mais le fait est qu'on demandait essentiellement aux filles de jouer la fille sexy ou la bitch de service pour mettre en valeur les gars de l'histoire.

«Plus le temps avance, plus je me rends compte que tout change tranquillement - il était temps, vous direz. Depuis quelques années, il y a des comédies construites autour de personnages féminins, et ce sont elles qui mènent les affaires. Ça fait du bien!»

Un peu de colère

À cet égard, le succès de Bad Moms n'a pas pris Mila Kunis par surprise du tout. Avec les thèmes abordés, le film allait forcément trouver une résonance.

«Quand j'ai lu le scénario de Bad Moms, j'étais moi-même mère d'un bébé de 1 an, explique-t-elle. J'ai cru que Jon et Scott s'étaient carrément inspirés de ma vie tellement ce qu'ils décrivaient était juste. Quand ils sont revenus en proposant la suite, il n'y avait même pas de questions à se poser, tellement la volonté de nous retrouver tous ensemble était grande.»

«On rit tout le temps, mais personne ne niaise parce que nous étions plusieurs sur le plateau à avoir de jeunes enfants. Nous voulions que la journée se termine à l'heure prévue afin qu'on puisse aller les retrouver!»

Pour Kathryn Hahn, ce genre de comédie tient un rôle crucial à une époque où la planète se porte mal. Elle voit l'humour comme un vecteur social, une soupape qui permet aux gens de s'identifier, de se lâcher, de ventiler un peu et de rire un bon coup.

«Quand je vois les Tina Fey, Amy Schumer, Leslie Jones, Kirsten Wiig et tant d'autres, je trouve qu'on vit une époque très excitante, dit-elle. En plus d'être drôles, ces femmes mettent un peu de colère dans leur humour et j'adore ça. Il en faut pour faire bouger les choses!»

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A Bad Moms Christmas (Les mères indignes se tapent Noël en version française) est présentement à l'affiche.

Les frais de voyage ont été payés par Les Films Séville.