Un couple amoureux. Le mari meurt dans un accident tragique. Son fantôme revient hanter la maison de campagne où lui et sa femme habitaient. Voilà la ligne directrice du plus récent film de David Lowery, A Ghost StoryLa Presse a rencontré le réalisateur lors de son passage à Montréal pour la première québécoise de son long métrage présenté dans le cadre du festival Fantasia.

Q: D'où vient l'idée de faire A Ghost Story

R: Ç'a été très spontané. Avec A Ghost Story, tout est allé si rapidement que je ne peux pas vraiment expliquer comment tout ça s'est organisé. Au même titre que je peux difficilement parler des sources d'inspiration ou des raisons pour lesquelles j'ai décidé de faire ce film. J'ai commencé par écrire 10 pages en une journée. Puis 30 pages le lendemain, puis j'ai décidé d'en faire un film. Trois mois plus tard, on tournait.

Q: Après avoir réalisé la superproduction Peter et Elliott le dragon (Pete's Dragon), A Ghost Story qui est plus impulsif, très personnel, ça vous donnait l'impression de passer d'un extrême à l'autre? 

R: Je travaillais depuis trois ans sur le projet de Disney, et dès que Pete's Dragon allait être terminé, je savais que j'allais commencer A Ghost Story. En fait, je crois que le tournage a débuté deux jours après la fin de Pete's Dragon. Je voulais faire quelque chose de nouveau et m'exprimer de manière différente. C'était le temps de passer à autre chose, je savais que je devais le faire rapidement.

Q: Vous avez fait le choix de n'utiliser qu'un drap blanc pour illustrer le fantôme que devient le défunt mari incarné par Casey Affleck. En tant que réalisateur, comment arrive-t-on à jouer avec un tel degré de simplicité? 

R: Il y a eu quelques essais et erreurs pour arriver à ce que le film soit tel que je l'avais en tête. Je savais que c'était une image forte, il s'agissait surtout de l'utiliser correctement. Les premiers jours de tournage, je demandais à Casey d'errer, de se déplacer rapidement, de bouger ses bras, et rien de tout ça ne fonctionnait. Lorsque l'on a réalisé que ça prenait très peu de mouvements pour créer la réponse émotionnelle que l'on souhaitait, le diriger est devenu très simple. 

Q: Vous avez choisi de réunir à nouveau à l'écran Rooney Mara et Casey Affleck, qui ont aussi joué dans votre film Ain't Them Bodies Saints

R: C'était un exercice de confiance et d'amitié pour nous. Cela aidait beaucoup d'avoir des acteurs en qui j'ai confiance, mais aussi qui me font confiance. Dans le cas de Rooney et Casey, ils ont été capables de démontrer assez de chimie ensemble lorsqu'ils étaient à l'écran, les deux en tant qu'humains, pour que lorsque Casey devient un fantôme, on puisse encore sentir le lien entre les deux. 

Q: Il y a très peu de dialogue dans A Ghost Story. Par contre, lors de la scène de la fête dans la maison, un des invités se lance dans un long et sombre monologue sur l'avenir du monde. À quel point partagez-vous sa vision pessimiste de la vie? 

R: Je me sentais moi-même très pessimiste avant de faire ce film. À propos de mon avenir, mais aussi celui du monde, celui de l'humanité. Je sens que le monde n'est pas dans un endroit heureux en ce moment. Mais c'est important de conserver l'espoir et l'optimisme. Ce monologue me représente, en quelque sorte, mais ça coupe à un certain moment, les gens à la fête décrochent, ils ne l'écoutent plus, avant même qu'il atteigne ce que je considère comme la conclusion ultime, une conclusion que j'ignore moi-même. 

Q: Après Sundance, A Ghost Story a été présenté en première québécoise à Fantasia. Quelle place occupent les festivals de films dans votre démarche? 

R: Je crois que pour le genre de film que je fais, il sont très importants. Ça place les films en contexte et ça fait circuler l'information de la bonne façon. Je dois ma carrière aux festivals de films, South by Southwest, c'est là que j'ai commencé, puis Sundance m'a amené à un autre niveau. Finalement, en tant que spectateur, j'adore les festivals. D'ailleurs, j'ai profité de ma visite à Fantasia pour aller voir quelques films.

A Ghost Story sortira en salle le 4 août.

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Photo Bret Curry, fournie par A24

Pour illustrer le fantôme, David Lowery a décidé de n'utiliser qu'un simple drap blanc.

Un blogueur prolifique

Le réalisateur est très actif dans la blogosphère. Il s'exprime en ligne de façon très personnelle depuis 1999. Les premiers billets ont disparu, mais dans la forme actuelle, ses écrits couvrent la période de 2004 à aujourd'hui.

«Pendant longtemps, le blogue a été ma façon de m'exprimer lorsque je ne pouvais pas faire de films, explique David Lowery. J'ai toujours senti ce besoin de m'exprimer, de donner quelque chose à l'auditoire d'une façon ou d'une autre. Maintenant que j'ai cette chance unique de vivre du cinéma, j'ai pris un peu de recul par rapport au blogue, mais j'essaie d'écrire et de le garder en vie.»

> Consultez le blogue de David Lowery (en anglais)