Avant que Room sorte, avant qu'elle se retrouve sous les projecteurs, avant qu'elle remporte l'Oscar de la meilleure actrice pour sa prestation remarquable dans le drame de Lenny Abrahamson, Brie Larson (de son vrai nom Brianne Sidonie Desaulniers, son père ayant des racines franco-manitobaines) a passé une audition. Pour Kong: Skull Island de Jordan Vogt-Robert (The Kings of Summer).

Un autre genre de film. Un autre type d'expérience. De la pièce servant de décor presque unique au plateau extérieur qui se déplace de l'archipel hawaïen au Viêtnam en passant par la Côte d'or australienne. Des journées complètes de travail en compagnie d'un garçonnet (Jacob Tremblay) à celles passées à côtoyer des légendes comme Samuel L. Jackson et John Goodman, ou l'un des acteurs du moment, comme Tom Hiddleston. Du tournage où tout est concret, réel, tangible, à celui où une grande partie des «protagonistes» ne naîtront que plus tard, en postproduction.

Oui, une expérience différente.

«Ma vie a changé du tout au tout pendant que je faisais ce film, et être aussi bien entourée m'a permis de traverser cette période avec... sagesse», a indiqué l'actrice lors de l'entrevue qu'elle a accordée à La Presse, où elle relatait avec humour cette période aussi bizarre qu'emballante. «Le week-end, je filais à Los Angeles pour assister aux Golden Globes ou à un autre gala, et je passais des heures à me faire décrasser, peindre, chouchouter. On me transformait en jolie poupée. Puis, le dimanche soir, je reprenais l'avion. Le lundi, je me retrouvais en 1973, et je recommençais à tomber tête première dans la boue ou à courir dans la jungle.»

Dans la superproduction destinée à être le nouveau morceau du MonsterVerse que souhaite bâtir les studios Warner et Legendary (le premier étant Godzilla de Gareth Edwards), la comédienne de 27 ans incarne Mason Weaver, une photographe de guerre - ou plutôt «d'antiguerre» - qui se joint à une équipe composée de scientifiques et de militaires afin d'explorer une île jusqu'ici inconnue, Skull Island. Y vivent des créatures énormes, dangereuses - dont un immense singe. Kong.

Et si c'était tout! Mais non! L'île recèle d'autres secrets, abrite d'autres habitants. Elle a une histoire. Elle cache des surprises, bonnes et mauvaises, pour ces visiteurs.

Quand elle a lu le scénario, Brie Larson n'a toutefois vu là qu'une bonne surprise: «Je n'en suis pas revenue qu'ils aient utilisé l'archétype de Kong pour en faire le vaisseau de questions existentielles. Qu'est-ce qui est important? Pourquoi vaut-il la peine de risquer sa vie? Pourquoi l'homme éprouve-t-il ce besoin de contrôler et de dominer ce qui l'entoure?»

Quant à l'habituelle carte «la belle et la bête» (ou «la blonde et le monstre»), que l'on retrouve dans les déclinaisons précédentes du mythe de Kong, elle se teinte ici «de quelque chose de plus profond». 

«On essaie de mettre de l'avant le concept de relations qui vont au-delà des mots, de connexions possibles entre humains ayant un background différent et même entre humains et animaux.»

Captain Marvel

Autre surprise pour Brie Larson: le tournage de Kong: Skull Island lui a demandé un effort physique qu'elle ignorait être capable de fournir. Qu'elle n'aurait pas été capable de fournir, en fait, si elle ne s'était pas entraînée pendant les mois qui ont précédé le premier «Silence, on tourne!»

«J'ignorais à quel point l'entraînement serait important, et pas seulement sur le plan physique, mais carrément pour la survie. [rires] Il fallait courir, grimper, sauter pendant des heures... et jouer, en même temps. Il faut habituer le corps à être à ce point éreinté de fatigue, jour après jour.»

Bref, son séjour chez les monstres serait-il, en quelque sorte, une répétition pour son entrée dans le Marvel Cinematic Universe, où il a été annoncé qu'elle deviendra Captain Marvel en 2019? «Je dirais que oui... même si je n'avais aucune idée que c'est ce qui m'attendait quand j'ai tourné Kong. Ces choses-là paraissent vraiment bien sur papier, ça donne l'impression que tout est prémédité, bien organisé. Entre nous, c'est loin d'être le cas!»

Kong: Skull Island prendra l'affiche le 10 mars.

Les frais de voyage ont été payés par Warner Bros.

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Photo fournie par Warner Bros. 

De dangereuses créatures vivent sur Skull Island.

Ils ont dit...

La Presse a rencontré les principaux acteurs et artisans de Kong: Skull Island, lors de tables rondes organisées à Los Angeles. Voici ce qu'ils avaient à dire.

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TOM HIDDLESTON est James Conrad

LE PROJET KONG

«Le projet m'a été présenté en 2014 comme un film d'aventures où j'interpréterais un officier britannique du SAS. Ce qui était encore plus intéressant, c'est que l'histoire est plantée en 1973, alors que le monde vient de traverser les évènements difficiles de la fin des années 60. Socialement et politiquement, des pages viennent de se tourner et des gens comme Conrad, très impliqués sur le terrain, sont perdus. J'ai aimé le parcours de ce gars immensément qualifié qui ne sait plus quoi faire avec son savoir et ses compétences, qui accepte le boulot pour le fric et qui, à travers cette expérience, acquiert une richesse plus... spirituelle.»

LE THÈME DU FILM

«Le film est une métaphore sur le pouvoir et la majesté de la nature. Les hommes doivent comprendre qu'une relation saine avec la nature nous rend plus humains, pas le contraire. Il faut se méfier de l'arrogance de ceux qui pensent que la nature est sous notre contrôle. Il y a quelque chose de rassurant à se dire qu'une intelligence naturelle est à l'oeuvre, une intelligence qui voit à garder la vie (au sens large) en équilibre.»

SA RÉACTION AU FILM

«J'ai passé six mois de ma vie à regarder de grands arbres, des nuages dans le ciel et de hautes montagnes. Ça donne l'impression de jouer au tennis sur la moitié du court seulement. Ils ont créé l'autre moitié du terrain en postproduction et... soudain, je jouais avec King Kong! C'était sensationnel! Ça me rappelle mon travail sur Thor et Avengers [où il incarne Loki]: j'affronte Hulk ou Iron Man pendant que Mark Ruffalo et Robert Downey Jr. sont tranquillement dans leur lit. Une fois le film terminé, c'est là que ça devient palpitant: vous avez finalement quelqu'un qui vous retourne la balle.»

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Photo fournie par Warner Bros.

Tom Hiddleston incarne James Conrad, un officier britannique.

SAMUEL L. JACKSON est Preston Packard

SA PLACE DANS LE FILM

Packard est lieutenant-colonel dans l'armée américaine et leader des Sky Devils, engagés pour mener les scientifiques à bon port. «Une fois sur Skull Island, son moteur devient la vengeance et Kong, qui a tué ses hommes, sa baleine blanche. C'est ce que j'appelle le facteur Ahab. Pour lui, l'homme est plus fort que quoi que ce soit sur la planète. Il y a toujours eu plus puissant, plus rapide, mais l'humain a toujours paré grâce à son intelligence et à son ingéniosité. C'est un guerrier, un soldat, sa fierté a été blessée au Viêtnam - que, insiste-t-il, "nous n'avons pas perdu, mais abandonné". Il n'est pas question pour lui de baisser de nouveau les bras.»

SA PLACE DANS LE MCU

Dans la peau de Nick Fury, il a participé à Iron ManIron Man 2ThorCaptain America - The First AvengerThe AvengersCaptain America - The Winter SoldierAvengers - Age of Ulton. Il reprendra son rôle dans Avengers - Infinity War «et il paraît [qu'il sera] aussi dans le film de Brie [Larson].» Il parle de Captain Marvel. «Mais il va aussi y avoir un Black Panther et je ne suis pas dedans?! Un film consacré au seul personnage noir de l'univers Marvel et je ne suis pas dedans? Comment ça se peut?!» Et d'éclater d'un rire purement diabolico-«jacksonien».

SA PLACE DANS LE STAR-SYSTEM

«Les choses ont beaucoup changé depuis que je suis arrivé à Hollywood. Je me souviens qu'un jour, Gregory Peck a laissé un message sur mon répondeur. Eh bien, pendant trois ans, j'ai fait écouter ça aux gens qui passaient par la maison! Quand j'ai rencontré Mickey Rooney, ça a été incroyable... dans le sens premier du mot. Parce que vous ne pensiez JAMAIS rencontrer quelqu'un comme lui. Aujourd'hui, les gens ne vous demandent plus d'autographes, ils veulent vous prendre en photo avec eux et ils publient ça sur Facebook. Et puis, le mystère entourant la fabrication des films a disparu. Les enfants en font en première année!»

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Photo fournie par Warner Bros.

Samuel L. Jackson incarne Preston Packard, lieutenant-colonel dans l'armée américaine et leader des Sky Devils, engagés pour mener les scientifiques à bon port.

TOBY KOBBELL est Jack Chapman

SON APPORT À KONG

«J'ai été engagé pour jouer Chapman, mais j'ai donné un coup de main ici et là pour Kong.» Son expérience en capture de mouvements, acquise dans Dawn of the Planet of the Apes, a donc été mise à contribution. «Par exemple, il y a cette scène où Chapman se lave le visage dans un lac et, soudain, Kong émerge de l'eau en mangeant un tentacule. Je leur ai donné des repères visuels en mangeant une quinzaine de bâtons de réglisse pris ensemble [rires].»

LA PEUR

«Hey! J'ai fait partie du remake de Ben-Hur, je n'ai peur de rien!»

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JORDAN VOGT-ROBERTS, réalisateur

«J'aimais l'idée de créer mes propres monstres. De toute manière, Jurassic World venait de sortir, il était impensable de mettre des dinosaures dans l'île. Je voulais aussi que ce soit le plus "fermé" des films de Kong. On ne sort pas de Skull Island. Enfin, je voulais insuffler quelque chose de spirituel au récit, un peu à la Miyazaki.»

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MAX BORENSTEIN, scénariste

«L'idée n'était pas de faire encore de Kong un monstre incompris qui allait mourir tragiquement à la fin. Il représente un aspect de la nature que l'humain ne comprend pas. Il va être attaqué. Il va riposter. Je voulais Kong dans Apocalypse Now et non pas Beauty and the Beast

Photo fournie par Warner Bros.

Toby Kebbell, qui incarne Jack Chapman, a aussi contribué à donner vie à Kong grâce à son expérience en capture de mouvements.