Peut-on former un enfant issu d'une famille de scientifiques pour qu'il devienne un artiste? Un enfant né de parents violents pour qu'il soit pacifique? Un enfant conçu par deux parents non instruits pour qu'il soit surdoué?

Dans Birthmarked, le nouveau film d'Emanuel Hoss-Desmarais (Whitewash) tourné ces jours-ci dans les anciens locaux de l'hôpital Royal Victoria, sur le mont Royal, deux scientifiques (interprétés par Matthew Goode et Toni Collette) qu'on qualifierait aujourd'hui de fous mènent cette expérience sur leurs enfants (un biologique, deux adoptés), sans leur dire qu'ils sont des cobayes, afin de prouver que le bagage génétique d'un individu ne prédétermine pas le reste de sa vie.

«Pourquoi sommes-nous qui nous sommes? [...] Pour répondre à cette question, les deux scientifiques du film sont prêts à utiliser leur propre famille pour prouver le pouvoir de l'acquis sur l'inné», indique Marc Tulin, scénariste de Birthmarked.

Cette idée, qui a d'abord été développée dans une séance de remue-méninges entre Marc Tulin et Emanuel Hoss-Desmarais, a finalement mis 10 ans à se concrétiser. Entre sa conception et sa réalisation, les deux hommes ont eu le temps de changer (ils sont devenus papas), ce qui a inévitablement apporté une nouvelle couleur à l'histoire qu'ils voulaient raconter.

«C'est devenu une histoire de famille. Pour nous, ce qui est intéressant aujourd'hui [à travailler sur ce projet en tant que parents], ce sont tous les parallèles que l'on peut faire avec tous ceux qui ont des rêves pour leurs enfants, qui ont une idée très claire de ce qu'ils vont devenir avant même de connaître leurs forces et leurs faiblesses», explique le scénariste Marc Tulin.

Une première production canadienne

Pour Matthew Goode (The Imitation GameDownton Abbey et The Good Wife) et Toni Collette (Little Miss SunshineThe Sixth Sense et bien d'autres), travailler sur Birthmarked est une première expérience dans une production canadienne. Voient-ils des différences avec ce qu'ils ont vécu sur d'autres plateaux?

«Probablement l'argent qui est investi en production», répond Matthew Goode du tac au tac, en rigolant. «Mais c'est surtout l'une de mes productions préférées depuis toujours», souligne-t-il immédiatement après en appuyant ses mots.

Goode, Collette et le réalisateur Emanuel Hoss-Desmarais se sont tous rencontrés l'an dernier par l'intermédiaire de leur agent (ils ont le même), à Los Angeles. Quand les deux acteurs ont accepté de jouer les rôles principaux, la production a rapidement démarré. Devant un calendrier de production très rapproché, le tournage a même été divisé en deux, avec une pause pendant les Fêtes. Cela a permis au réalisateur et à son scénariste de revoir certaines séquences de la deuxième partie du film en cours de route.

«C'est fou comment on est passés en un mois [d'étrangers] à amis», remarque Emanuel Hoss-Desmarais pendant l'entrevue, qui s'est déroulée dans une joyeuse cacophonie, en regardant Matthew Goode et Toni Collette multiplier les blagues à son sujet.

Pour Toni Collette, Birthmarked sera un film qui fait réfléchir, sans perdre l'importance du thème de la famille.

«C'est un film qui aborde des questions éthiques sur la science, mais c'est aussi un film sur la famille. Je n'aime pas dire que les gens se sentiront comme ci ou comme ça en l'écoutant. Les gens auront différentes expériences en fonction de qui ils sont. Mais ça reste une histoire très drôle qui va susciter des réflexions», promet-elle.

Photo Sébastien Raymond, fournie par Item 7

Le réalisateur Emanuel Hoss-Desmarais sur le plateau de Birthmarked