La comédie romantique, l'actrice Virginie Efira ne fait pas qu'en jouer. Elle en parle. Elle l'analyse. Elle se pâme, littéralement, lorsqu'elle la trouve intelligente.

Comme dans le cas de la vague des screwballs des années 30 et 40.

Vous connaissez?

Virginie Efira, qui incarne le personnage éponyme de Victoria, long métrage de Justine Triet qui prend l'affiche aujourd'hui après avoir été le film de clôture de Cinemania, s'empresse de nous en brosser un cours 101.

«Je me suis aperçue que plusieurs films que je considère comme majeurs appartiennent à la vague des screwballs, nous a-t-elle confié au moment de son passage à Cinemania. Ça peut être des films de Frank Capra, Billy Wilder, George Cukor. C'est fait avec des dialogues extrêmement percutants et vifs. Ils racontent toujours quelque chose sur la politique et la société, mais avec les apparats de la légèreté. J'aime la liberté de ton qu'ils avaient.»

Elle donne en exemple Sérénade à trois d'Ernst Lubitsch (1933). «Un film d'avant la Deuxième Guerre mondiale qui nous raconte qu'on peut vivre à trois», s'enthousiasme-t-elle à propos de cette oeuvre qui lui paraît avant-gardiste.

Tout cela pour en venir, évidemment, à Victoria, un des plus récents rôles de Virginie Efira au grand écran. 

Dans cette comédie dramatique qui a fait un tabac au sein de la critique française, la jeune femme incarne une avocate dont le dynamisme au travail est inversement proportionnel à sa vie personnelle et amoureuse qui fait passer Les Simone pour une série pastel.

«Non, Victoria n'est pas bonne avocate de sa propre vie. Les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés!»

Le travail de la scénariste et réalisatrice Justine Triet va exactement dans le ton que l'actrice recherche pour les personnages à incarner. «Justine nous fait ressentir quelque chose d'extrêmement contemporain sur la chaotique des rapports humains, la solitude», défend-elle.

A-t-elle mis du sien dans cette Victoria de montagnes russes? Cela va de soi!

«Lorsqu'on joue, on donne toujours quelque chose de nous. J'ai l'impression que c'est ma seule manière de faire. En fait, j'ai toujours aimé la perméabilité entre un acteur et son rôle, alors que la performance, la construction extérieure ne m'intéressent pas très fort. On joue mieux ce qu'on comprend. Déjà qu'on y met notre voix, notre corps... Mais je ne dis pas que notre personnalité doit bouffer pour autant le personnage.»

Comédienne demandée

Après avoir amorcé sa carrière à l'animation de plusieurs émissions de télévision, l'actrice d'origine belge qui a obtenu la nationalité française en septembre est devenue très demandée au cinéma au cours des dernières années.

Dans sa biographie, les dirigeants de Cinemania soulignaient qu'elle avait joué dans «pas moins de 15 films depuis 2010». Là-dessus, on remarque une majorité de comédies romantiques telles que L'amour, c'est mieux à deux, La chance de ma vie ou le plus récent Un homme à la hauteur.

Rien de mal à cela, dit-elle. 

«Tomber amoureuse est une manière de cristalliser un sentiment d'être nouveau à quelque chose. J'adore cette idée! On a une possibilité d'invention et c'est assez joyeux.»

Ça, c'est pour le contenu des scénarios. Quant à l'idée qu'on risque de lui coller une étiquette, elle passe par-dessus. «À travers mes rôles, je veux simplement avoir la possibilité d'évoluer, d'être en mouvement, soutient-elle. Et je ne désire pas rester au même endroit [lire: la comédie romantique] parce que les choses marchent bien.»

À preuve, elle a un petit rôle dans Elle, le film de Paul Verhoeven dans lequel Isabelle Huppert tient la vedette. Autre film à venir, Pris de court, un drame d'Emmanuelle Cuau. «J'y incarne une femme qui vit seule avec ses deux enfants; son fils va sombrer dans la délinquance et elle va faire quelque chose d'extraordinaire pour le sortir de là.»

Saine Virginie Efira. Vous prenez des notes, Victoria?

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Victoria est présentement à l'affiche.