Karl Urban aime tellement le docteur Leonard Bones McCoy... qu'il a failli ne pas reprendre le rôle qu'il a tenu dans Star Trek et Star Trek Into Darkness de J.J. Abrams: «Je n'avais pas signé pour un troisième film et je n'étais pas entièrement satisfait du développement du personnage dans les deux premiers longs métrages. Les fans eux-mêmes trouvaient que McCoy était marginalisé», a raconté l'acteur néo-zélandais dans l'entrevue qu'il a accordée la semaine dernière à La Presse.

De plus, quand Paramount l'a sondé pour Star Trek Beyond, que Justin Lin réaliserait à partir d'un scénario coécrit par Simon Pegg (qui incarne Scotty dans le reboot de la saga), il était en négociation pour un autre film. «Et c'était un conflit direct: je ne pouvais pas faire les deux, c'était l'un ou l'autre.»

Il ne peut pas dire quel était «l'autre» en question, mais finalement - et on s'en réjouit! - il a signé pour faire un tour de plus à bord du U.S.S. Enterprise. «J'ai eu une conversation téléphonique avec Justin Lin, il m'a raconté l'histoire dans son ensemble, a mis en évidence le rôle que McCoy y tient, et il m'a convaincu.»

«Sans manquer de respect à J.J. Abrams, poursuit-il, je pense que le fait que Justin et Simon sont des fans de longue date de la série, il y a là une vraie passion, une compréhension profonde de cet univers, de ceux qui le peuplent et des relations entre McCoy, Spock et Kirk.»

En d'autres termes, le triumvirat «startrekien»: «Spock représente la logique, le scientifique, le cérébral. McCoy, la passion, le coeur, l'humain. Kirk, l'action, celui qui étudie les options que lui présentent les deux autres et passe à l'action.»

Triumvirat ou trio ou trinité qui éclate dans Star Trek Beyond, alors que l'Enterprise s'écrase sur une planète pas particulièrement accueillante où Spock et McCoy devront cheminer ensemble, s'épauler. Une «bromance» dans l'espace, quoi. «Au bout du compte, ils vont parvenir à une grande compréhension l'un de l'autre, ils vont laisser tomber la garde l'un face à l'autre», résume Karl Urban.

Le voyage lui a plu. Le résultat aussi. Au point où, cette fois, il envisage avec sérénité un retour dans la populaire franchise. Pourvu, bien sûr, que l'histoire, le personnage et le rôle du personnage dans l'histoire lui parlent.

C'est sa façon de faire. Et, aussi, il y a son attachement à l'univers créé il y a 50 ans par Gene Roddenberry.

À 44 ans, l'acteur a connu la série originale quand il était enfant, chérit le souvenir de l'avoir regardée avec son père et, il y a deux ou trois ans, d'en avoir revu plusieurs épisodes avec son propre fils.

«Autrefois, j'aimais l'émission parce qu'elle me faisait un peu peur et possédait un côté fanfaron qui me parlait. Ensuite, je me suis attaché à la vision optimiste et pleine d'espoir qu'elle présente.»

Pas étonnant que, joint pour faire partie de la mission que dirigerait J.J. Abrams en 2009, il se soit montré intéressé. «Travailler avec lui, déjà, c'était quelque chose. La première fois qu'on s'est rencontrés, on a parlé de choses et d'autres pendant un moment, puis il m'a demandé si j'avais des questions. J'en avais sur le scénario, dont je ne savais rien. Il m'a dit qu'il ne pouvait pas en parler. Alors, bien... je n'avais rien à demander et je suis parti peu après, sûr de ne plus jamais entendre parler du projet.»

Deux semaines plus tard, le coup de fil. Une audition pour le rôle de McCoy. «Pendant que je la passais, J.J. s'est mis à rire, je croyais qu'il allait me jeter. Mais il m'a engagé.»

Et, depuis, Karl Urban d'accompagner Bones dans sa mission visant, comme le dit le mythique générique, à «explorer de nouveaux mondes étranges, découvrir de nouvelles vies, d'autres civilisations et, au mépris du danger, avancer vers l'inconnu». Que démarre ici le thème d'Alexander Courage!

«Je suis un docteur, Jim, pas un...»

La phrase est aussi emblématique que le personnage. McCoy est un «docteur, Jim, pas un ingénieur, pas un physicien, pas un mécanicien...».

Quant à Karl Urban, il est un acteur. Comment s'est-il préparé alors, à devenir...

> Un agent de la paix dans un monde futuriste très violent, Judge Dredd, dans Dredd de Pete Travis (2012)

«C'était difficile. Les yeux sont la partie la plus expressive du visage et l'un des outils les plus efficaces de l'acteur. Privé de cela, j'ai dû miser sur le reste de mon corps, sur mon attitude générale pour communiquer les idées et les émotions.»

> Un cavalier du Rohan, Éomer, dans les deux derniers volets de The Lord of the Rings de Peter Jackson (2002 et 2003)

«Je suis retourné lire les romans de Tolkien et j'ai appris à monter à cheval. J'ai suivi un entraînement approfondi pour cela car Éomer est un cavalier d'exception.»

> L'ange de l'amour et un empereur romain, Cupidon et Jules César, dans les séries Xena: Warrior Princess et Hercules: The Legendary Journeys (1997-2001)

«Cupidon, ç'a été beaucoup de travail en gymnase! Pour Jules César, j'ai lu la série Les maîtres de Rome de Colleen McCullough.»

> Un gardien asgardien, Skurge, dans Thor: Ragnarök de Taika Waititi (novembre 2017)

«Je suis encore en train de me préparer à celui-là.» Il préfère ne pas en dire plus pour l'instant, car le tournage vient de commencer. En fait, ce qui le ravit particulièrement dans ce projet est l'idée de partager (enfin) l'écran avec Cate Blanchett qu'il a à peine aperçue sur les plateaux de The Lord of the Rings.

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Star Trek Beyond (Star Trek au-delà) prend l'affiche aujourd'hui.