Le générique de fin s'amorce. Les mots s'élèvent. «Space, the final frontier...» La musique mythique d'Alexander Courage se love dans la trame sonore contemporaine de Michael Giacchino. Et soudain, le silence. Le noir. «À la mémoire de Leonard Nimoy». Noir encore. Silence toujours. «Pour Anton». Silence à l'écran. Silence dans la salle.
Star Trek Beyond de Justin Lin, produit par J.J. Abrams et coscénarisé par Simon Pegg qui reprend le rôle de Scotty, devait être pure célébration: la série créée par Gene Roddenberry célèbre ses 50 ans. Mais la fête a été assombrie.
Leonard Nimoy, qui restera éternellement M. Spock, est mort le 27 février 2015 à l'âge de 83 ans. Et à 27 ans à peine, Anton Yelchin, interprète de Pavel Chekov, a été retrouvé mort, le 19 juin, écrasé entre son Jeep Cherokee et un mur de briques, devant chez lui.
Star Trek Beyond leur rend hommage. Et après avoir assisté à la première médiatique nord-américaine d'un film qui ne décevra pas les fans, La Presse a rencontré sa distribution et ses artisans, jeudi.
L'émotion était de la partie. On s'en doute. Mais être là, la sentir, voir les visages se baisser, les mots hésiter à franchir les lèvres, non, ces acteurs ne jouaient pas.
«Ça ne me semble pas encore vrai, je ne parviens pas à trouver un moyen de me faire à cette idée, perdre quelqu'un de façon aussi brutale et inattendue, ça vous sonne», a indiqué Simon Pegg avant de relater qu'il passait pas mal de temps avec le jeune acteur lorsque le tournage s'est transporté à Vancouver: «Il parlait cinéma avec une telle aisance et de façon tellement mature! C'était un garçon incroyable, beau. Et ce rire ridicule qu'il avait. (Pause) Je l'aimais tellement. Que dire, sinon qu'il nous manque terriblement et que c'est difficile d'en parler.»
Un garçon gentil et talentueux
«Parler de lui au passé, c'est absolument incompréhensible», ajoute Karl Urban, qui interprète le docteur McCoy. C'était un homme merveilleux, et le voir à l'écran, c'est... vous savez, c'est comme cet âge d'or où toute notre "famille" a été ensemble pour la dernière fois. Nous avons parlé à ses parents et à ses proches, ils savent combien nous sommes fiers de lui.»
Chris Pine, qui endosse le rôle du capitaine James T. Kirk dans le reboot de la franchise, vante aussi « ce garçon très gentil et talentueux » qu'il a rencontré il y a neuf ans. « Anton avait 17 ans et je le poussais à venir dans ma roulotte pour qu'on joue de la guitare ensemble. En général, il refusait parce qu'il était en train de traduire un roman russe en anglais ! Eh bien, il le traduisait encore pendant ce tournage-ci !
«Il était sans peur sur le plan créatif, il avait des projets en musique, en photographie, il allait réaliser son premier film. Il était spectaculairement intéressé par la vie.»
Justin Lin avoue être en train d'essayer de trouver un sens à cette disparition qui n'en a pas. Le réalisateur était à mettre la main finale au long métrage quand le drame est survenu. De voir Anton Yelchin a l'écran, jour après jour, de l'entendre, d'entendre ce rire, de se rappeler combien «il faisait ce métier pour les bonnes raisons, il arrivait chaque matin sur le plateau avec le sourire et des dizaines d'idées»... Le deuil est, pour lui aussi, loin d'être fait.
Zachary Quinto a quant à lui évoqué Leonard Nimoy, dont il était devenu très proche grâce au personnage de M. Spock qu'ils partageaient. «S'il avait été bien, je sais qu'il aurait voulu être du film.» Mais Simon Pegg et Doug Jung ont commencé à travailler sur le scénario en janvier 2015, et l'acteur s'éteignait un mois plus tard.
«Il était important pour tous de lui rendre hommage, mais un hommage intégré au fil narratif du récit. C'est ce qui a été fait.» Spock Prime n'est pas là comme une simple référence, il fait partie de l'histoire, les scénaristes y ont vu. «Mais, conclut l'acteur, tourner alors qu'il n'était plus là a été... un autre genre d'expérience.»
___________________________________________________________________________
Star Trek Beyond (Star Trek au-delà) prend l'affiche le 22 juillet.