Louis Leterrier, le «Frenchie» qui s'est fait une place au soleil à Hollywood avec des blockbusters comme L'incroyable Hulk, rêve de revenir tourner un film en France. «Un vrai film français», explique dans un entretien à l'AFP le réalisateur de passage à Paris.

Il vient de terminer Grimsby avec l'acteur britannique Sacha Baron Cohen, qui a aussi écrit le film. Cette parodie des films d'espionnage sortira en France à la mi-février.

«Si James Bond avait un frère débile ce serait lui, Grimsby», résume Louis Leterrier, 42 ans. «Tant qu'à faire une comédie, je la fais avec Sacha, le roi du «rentre dedans»», popularisé par ses personnages comiques déjantés à l'image de Borat.

Réalisateur de blockbusters comme Danny The Dog, L'incroyable Hulk, Le choc des Titans, Le transporteur 1 & 2 ou Insaisissables, «Loulou», comme le surnomment ses collaborateurs, explore à chacun de ces films un genre différent.

«Je suis meilleur quand je prends des risques», explique celui qui, en 2007, a «quitté Luc Besson pour s'installer aux États-Unis avec femme et enfants».

Mais aujourd'hui, il voudrait revenir tourner en France. «Pas faire un faux film américain, mais un vrai film français».

«Le problème n'est pas du tout le budget», assure-t-il. «Au contraire, moins il y a d'argent, mieux je me porte parce que je peux prendre plus de risques». À Hollywood, «avec un budget de 150 millions $, il faut que le film fasse 300 millions de recettes minimum pour amortir aussi les 150 millions alloués à la promotion».

«Hollywood géré par la peur»

La vérité est qu'il peine à trouver le scénario idéal. «Je cherche un projet mais il y a pénurie de scénaristes purs. Il y a des scénaristes-réalisateurs, mais des gens dont l'écriture est le seul métier sont très peu nombreux».

«Mon savoir-faire est technique, j'apporterai à un film français un look un peu différent. Le cadre, le montage, la manière d'orchestrer la musique», souligne-t-il.

Louis Leterrier, qui a fait ses débuts en 1997 à Hollywood aux côtés du réalisateur Jean-Pierre Jeunet pour Alien, la résurrection, avant de rejoindre l'écurie Besson puis de remettre le cap sur Los Angeles, connaît bien la mécanique des studios américains.

Pour réussir là-bas, un réalisateur doit se plier à leurs règles, souligne-t-il. «Pour gagner la guerre, il faut sacrifier des choses. C'est pour ça que les Français se plantent aux États-Unis».

«Le système hollywoodien est géré par la peur», assure Louis Leterrier. Chaque semaine, les studios épluchent le box-office et, au gré des échecs et des succès, «les patrons valsent», dit-il. «Ce jeu de chaises musicales est fou à voir».

«Avant le succès planétaire d'Avatar, tout le monde à Hollywood disait: «La science-fiction est morte». À partir d'Avatar, tout le monde s'est remis à la SF», affirme-t-il.

Sans l'audience mondiale record du film de James Cameron, le retour de Star Wars», dont le 7e opus sort sur les écrans à la fin de l'année, «n'aurait sans doute pas été possible», estime Leterrier.