Il est bien entouré, le créateur d'Entourage. Les gars qu'il a engagés pour la série étaient tous prêts à reprendre du collier pour faire passer leurs personnages du petit au grand écran. Entre autres, parce qu'ils s'ennuyaient les uns des autres. Une aventure excitante mais, aussi, un défi de taille, a expliqué celui qui a écrit le scénario et réalise le long métrage lors de l'entrevue qu'il a accordée à La Presse.

Quels ont été les principaux défis de ce projet?

Ç'a été d'arriver avec un bon scénario. J'ai cinq personnages principaux. Dans la série, je pouvais en laisser un de côté pendant un épisode et le mettre au centre du suivant. Dans ce scénario-ci, c'était plus délicat. Il fallait que chacun ait sa place et que chacune des histoires fasse avancer l'intrigue. Aussi, le film vise les fans de la série de même que les gens qui ne l'ont jamais vue: il ne fallait pas ennuyer les uns ni perdre les autres. Ensuite, les gars sont arrivés avec leurs idées, leurs suggestions, que j'intégrais au besoin au récit. Enfin, il a fallu qu'ils soient tous libres en même temps pour que le tournage puisse commencer. En fait, l'écriture s'est poursuivie jusqu'au dernier jour... ne serait-ce que pour intégrer les caméos, dont la présence n'était souvent pas prévue à l'avance.

Puisque vous évoquez ce sujet... Les caméos sont la signature de la série. Ils sont nombreux et leur apparition se fait toujours très naturellement. Comment procédez-vous?

Je me souviens, dans la première saison, c'était très compliqué d'en avoir. On invitait des gens qu'on connaissait, Mark (Wahlberg) nous a été très utile à ce moment-là. Après, la série a pris de son envol et on a commencé à recevoir des appels d'agents dont les clients désiraient apparaître dans Entourage. Pour le film, par exemple, Clay Matthews (des Packers de Green Bay) m'a fait appeler. Dans le cas de Kelsey Grammer, je l'ai croisé un jour, par hasard, sortant de chez le psy où je me rendais; j'ai donc reproduit la situation ici, pour Ari. Il y a également les acteurs que je voulais avoir, pour lesquels j'ai écrit une scène, Liam Neeson et Armie Hammer, par exemple; et ils ont accepté l'invitation. L'important, c'est que leur présence ne semble pas plaquée mais naturelle dans le contexte hollywoodien.

Un contexte qui a peut-être changé depuis que vous avez créé la série. Je pense à la présence du millionnaire texan et de son fils (incarnés par Billy Bob Thornton et Haley Joel Osment), sollicités pour financer un film alors que leur spécialité est... le pétrole.

Plusieurs choses ont changé ces dernières années. La présence des paparazzis, la téléréalité, les médias sociaux ont eu un gros impact. Et, en effet, la présence plus importante de ces gens d'affaires très riches, qui n'ont rien à voir avec le cinéma, qui n'y connaissent rien, qui s'en fichent et qui ne sont là que pour gagner de l'argent, c'est une nouvelle réalité. Certains d'entre eux ne regardent même jamais le film qu'ils ont financé! Ça ne les intéresse pas.

Quels sont, parmi vos personnages, ceux qui sont le plus faciles pour vous à faire parler?

Ari - parce qu'une bonne partie de sa vie est inspirée de la mienne; d'ailleurs, mon fils joue son fils - et Drama. Ils sont plus grands que nature et l'extravagance me vient plus facilement que la subtilité.

Nous sommes à une époque où les films de superhéros se multiplient. Vous avez eu le vôtre dans la série, puisque Vince incarne Aquaman... qui va bientôt faire l'objet d'un véritable film (de James Wan, avec Jason Momoa dans le rôle-titre). Un commentaire?

Je suis arrivé avec cette idée après m'être demandé quel superhéros paraîtrait comme une cause perdue, avec lequel il semblerait impossible de faire un bon film. Aquaman s'est imposé. Et je l'ai mis entre les mains de James Cameron, ce qui n'est pas rien. Pas surprenant que le succès ait été au rendez-vous. (Rires)

Enfin, selon vous, pourquoi Entourage est-elle de ces séries qui «méritent» un passage au grand écran?

Parce que le milieu que l'on raconte est parmi les plus fascinants. Parce que les fans s'ennuient de Vince et des gars. Et puis, vous avez vu les lieux où nous avons tourné?! C'est l'un des plus beaux longs métrages sur Los Angeles qui ait jamais été fait!