Plus de 30 ans après sa première conversion cinématographique, la comédie musicale Annie revêt de nouveaux atours en mettant de l'avant un trio de choc: Cameron Diaz, Jamie Foxx et la petite Quvenzhané Wallis.

Elle est née dans une bande dessinée créée par Harold Gray, il y a 90 ans. Mais c'est à la faveur d'une comédie musicale lancée sur Broadway en 1977 qu'Annie est devenue une icône de la culture populaire américaine. Forte de ses sept trophées Tony obtenus lors de sa création, la comédie musicale a fait l'objet en 1982 d'une première adaptation cinématographique. Signée John Huston, celle-ci mettait en vedette Carol Burnett, Albert Finney et la petite Aileen Quinn.

Trente-deux ans plus tard, Annie fait l'objet d'une relecture contemporaine au cinéma. Dans cette nouvelle adaptation, dont la réalisation est assurée par Will Gluck (Friends with Benefits), la fillette, abandonnée par ses parents, évolue dans le Manhattan d'aujourd'hui.

«Même si l'ensemble est très respectueux de l'oeuvre originale, il reste que ce film est quand même complètement différent de celui qu'on connaît», faisait remarquer Cameron Diaz au cours d'une rencontre de presse tenue à New York la semaine dernière. L'actrice, précisons-le, prête ses traits à Miss Hannigan, une mère de substitution qui déverse ses frustrations sur les enfants qu'elle héberge.

«Cette version est beaucoup plus ancrée dans la réalité actuelle, ajoute-t-elle. Elle a été conçue pour les enfants des nouvelles générations qui, peut-être, n'ont même jamais vu le premier film. Pour eux, l'original, ce sera ça. Et dans 30 ans, quand une nouvelle version sera faite, ils se demanderont pourquoi diable on a confié le rôle d'Annie à une petite rousse!»

Un conte urbain

En effet, la petite orpheline rousse des années 30, vêtue d'une petite robe rouge, cède aujourd'hui la place à une jeune fille black qui n'a pas froid aux yeux. Laissée «en pension» par des parents qui ont pris la poudre d'escampette, Annie a aussi vite compris les codes de la vie urbaine afin d'assurer sa survie.

Les producteurs du film, parmi lesquels on compte Jada Pinkett Smith, Will Smith et Shawn «Jay Z» Carter, ont fait appel à Quvenzhané Wallis pour incarner l'adorable fillette. Dans leur esprit, il était impératif de se tourner vers une actrice pouvant traduire l'authenticité du personnage à l'écran, plutôt qu'une enfant trop habituée à la scène.

Révélée il y a deux ans grâce au film de Benh Zeitlin Beasts of the Southern Wild, qui lui a valu une nomination aux Oscars dans la catégorie de la meilleure actrice (la plus jeune à avoir jamais eu droit à cet honneur), la comédienne prête à Annie son aplomb naturel. Et ne s'en laisse guère imposer. Quvenzhané Wallis a de plus été ravie d'avoir l'occasion de faire valoir ses talents musicaux.

«J'ai eu beaucoup de plaisir à reprendre des chansons que je connaissais déjà, mais aussi quelques nouvelles. Ma favorite est I Think I'm Gonna Like it Here. Il s'agit d'un numéro auquel participent aussi les autres enfants.»

À cet égard, il convient de souligner qu'en plus des titres attendus, dont le célèbre Tomorrow, la trame musicale du film contient trois chansons originales. Supervisés par le producteur musical Greg Kurstin, les arrangements se démarquent de ceux entendus habituellement dans les comédies musicales traditionnelles.

«Il n'était toutefois pas question de dénaturer les chansons, tient à préciser le réalisateur Will Gluck. Il importait que les gens puissent reconnaître les airs qu'ils aiment.»

Un moment charnière

De son côté, Jamie Foxx était ravi de prêter son talent à une production destinée à toute la famille.

«Cela ne m'est pas arrivé très souvent! , reconnaît-il. Ma fillette de 6 ans m'a accompagné sur le plateau et tout brillait dans ses yeux. J'ai tellement hâte qu'elle voie ce que ça donne au grand écran!»

Dans Annie, l'acteur, lauréat d'un Oscar en 2005 grâce à sa performance dans Ray (Taylor Hackford), se glisse dans la peau de Will Stacks, un magnat de la téléphonie cellulaire qui se présente à la mairie de New York. N'ayant pratiquement aucune vie intime ni familiale, le nabab «utilise» d'abord Annie pour humaniser son image.

L'acteur n'a que des éloges pour sa jeune partenaire.

«Quvenzhané est déjà en pleine maîtrise de ses moyens, dit-il. C'est beau à voir. À son âge, je savais ce que j'aimais faire, mais je n'avais aucune idée de la forme que tout cela pourrait éventuellement prendre. Tout ce qui m'importait à cette époque, c'était que la chanson Le Freak, de Chic, venait de sortir, et que j'utilisais mes camarades de classe en guise de public pour mes numéros de stand-up!»

À ses yeux, la jeune actrice, qui est maintenant âgée de 11 ans, arrive à un moment charnière.

«Ce qu'il y a de formidable avec Quvenzhané, outre son talent, c'est qu'elle peut tenir tête à n'importe qui. Cette jeune fille arrive probablement à l'étape la plus importante de sa carrière. C'est maintenant qu'elle décide si elle aime ce métier ou pas. Et si elle poursuivra dans cette veine. J'ai éprouvé le même sentiment quand j'ai vu aller Jennifer Hudson sur le plateau de Dreamgirls. Être témoin de ce genre de moment est un privilège.»

Annie prend l'affiche le 19 décembre.

Les frais de voyage ont été payés par Sony Pictures.


Un appartement grandiose

La nouvelle version d'Annie se démarque par la vision très contemporaine qu'elle propose de la ville de New York. L'appartement somptueux qu'habite Will Stacks a été aménagé au 4, World Trade Center. L'équipe a pu s'installer au dernier étage du nouvel édifice avant même son inauguration. Le spectaculaire gratte-ciel, qui compte 72 étages, a été dessiné par l'architecte Fumihiko Maki.

Ils ont dit



> Cameron Diaz (Miss Hannigan)


«Oui, je joue une méchante, mais dans les faits, je m'assurais que les enfants étaient bien. J'étais humaine avec eux!, s'exclame en riant l'actrice. Sérieusement, j'ai tenté de créer un personnage très différent de celui qu'a incarné Carol Burnett dans le premier film parce qu'il n'est pas du tout écrit de la même façon. La Miss Hannigan qu'elle incarnait était tombée dans l'alcool et l'amertume parce qu'elle n'arrivait pas à se trouver un mari. Les temps ont changé. Aujourd'hui, Miss Hannigan boit parce qu'elle n'est pas connue et qu'elle a raté sa carrière de rock star. C'est symptomatique de la société dans laquelle on vit. On ne se valide plus qu'à travers le nombre de «J'aime» qu'on a sur Facebook ou le nombre d'abonnés qu'on attire sur Twitter. Sinon, on ne vaut pas la peine d'être aimé. Miss Hannigan est la parfaite incarnation de cette mentalité. L'hostilité qu'elle éprouve envers elle-même est probablement encore pire que celle qu'elle déverse sur les enfants.»

> Jamie Foxx (Will Stacks)

À la tête de la plus importante entreprise de téléphonie cellulaire en Amérique, Will Stacks possède un actif de

4,7 milliards US. Pour une question d'image, l'homme d'affaires doit toutefois s'«humaniser» à la faveur d'une campagne électorale. La rencontre entre le nabab et Annie est de celles dont on fait les histoires de comédies musicales. Ou de cinéma...

«C'est tout simplement une très belle histoire, précise Jamie Foxx. Il était intéressant à mes yeux d'incarner cet homme qui découvre progressivement d'autres valeurs que celles qu'apporte l'argent. Et puis, j'aime aussi l'aspect très contemporain qu'on a su insuffler au récit. Je crois qu'avec les vies de fou qu'on mène, on peut tous s'identifier à ça.»