Pour toute une génération, il est le ténébreux Edward de la série Twilight. Dans Maps to the Stars, David Cronenberg le transforme en chauffeur de limousine. Robert Pattinson a encore bien des routes à explorer.

Dans l'esprit de Robert Pattinson, la question ne se pose même pas. Dès qu'il reçoit un appel de David Cronenberg, l'accord est immédiat. Cosmopolis a marqué le début d'une collaboration professionnelle féconde. Et pour la vedette, ce rôle a fait entrevoir la perspective de pouvoir enfin explorer de nouvelles facettes de sa personnalité d'acteur.

Aussi Pattinson ne s'est-il pas fait prier quand le vénéré cinéaste canadien a de nouveau fait appel à lui.

«Quand David m'a contacté pour m'offrir un rôle dans Maps to the Stars, je n'avais aucune idée de la nature de son projet, a confié l'acteur au cours d'une interview accordée à La Presse au Festival de Toronto. J'ai évidemment dit oui tout de suite. Ce n'est pourtant que six mois plus tard que j'ai découvert ce qu'il en était.

«Je me rappelle qu'à la lecture des deux ou trois premières pages du scénario, je me suis dit qu'on empruntait peut-être là des avenues plus dangereuses. On risquait d'offusquer des gens. J'aime qu'une personne aussi gentille et élégante que David puisse être toujours aussi provocante à 70 ans. J'adore sa façon jouissive de causer du trouble!»

Une vision plus trash

Lancé plus tôt cette année au Festival de Cannes, le nouvel opus cronenbergien visite ici des territoires arpentés jadis par Robert Altman dans The Player. Mais en beaucoup plus trash. Et en plus malsain.

Le personnage pivot de ce récit campé à Hollywood est une actrice, formidablement interprétée par Julianne Moore, victime des années qui passent. Gravitent autour de cette dernière: une assistante recrue (Mia Wasikowska), à peine débarquée dans la ville du rêve, un émule de Justin Bieber (Evan Bird), arrogant et détestable dès que s'éteint la caméra, le père de ce dernier, coach et psychiatre (John Cusack), un chauffeur de limousine (Robert Pattinson), sans oublier ce fantôme qui vient hanter les esprits de quelques personnages.

«Je pouvais aimer ce scénario de façon plus détachée, car mon rôle n'est pas compromettant, comparativement à d'autres!, fait valoir l'acteur. Je me souviens de m'être demandé comment diable ferait David pour trouver un acteur qui pourrait être convaincant dans le rôle du petit monstre! Evan Bird fait une composition remarquable. Et vous ne pouvez trouver un être plus adorable dans la vie. Ce qu'il a à jouer n'est pourtant pas piqué des vers.»

Cette collaboration avec David Cronenberg lui permet de montrer qu'il sait faire autre chose que de la comédie romantique.

«Jamais je n'aurais pu croire être le bon choix pour Cosmopolis, fait-il remarquer. D'évidence, David est capable de percevoir en vous des choses que vous ne soupçonnez pas vous-même. Depuis, je lui accorde une confiance absolue.»

Vedette par hasard...

Le parcours de ce jeune homme, qui ne se destinait pas à une carrière d'acteur du tout, est plutôt atypique.

N'ayant fréquenté aucune école d'art dramatique (un fait plutôt étonnant pour un acteur britannique), le jeune homme s'est un peu retrouvé dans ce milieu par hasard.

«J'ai d'abord été mannequin à l'adolescence, explique-t-il. J'ai décroché quelques rôles ici et là, mais je n'avais pas encore le sentiment d'être un acteur. Je m'apprêtais à aller à l'université quand j'ai décroché un rôle dans Harry Potter. C'est là que j'ai réalisé à quel point j'aimais ça. Quand tu décroches un rôle qui a été difficile à obtenir, ou quand tu tournes une scène où tu as l'impression d'avoir fait du bon travail, tu peux alors te construire une confiance.

«Parfois, ce sont aussi des cinéastes de la trempe de David qui t'apprennent à croire en tes moyens. Mais bon, la confiance, ça va et ça vient. Il y a des jours où je me trouve tellement mauvais que je me dis que je ne ferai plus jamais rien. En même temps, ça fait partie du jeu. C'est comme une gageure à chaque fois.»

Grâce à Harry Potter et la coupe de feu, Robert Pattinson a eu un avant-goût de ce qui l'attendait au tournant. Évidemment, la popularité découlant de son rôle dans le film de Mike Newell n'était en rien comparable avec celle du phénomène Twilight.

«Avec Harry Potter, ce fut quand même assez bref, commente-t-il. J'ai ensuite pu retrouver une vie plus normale. Quand j'ai tourné Twilight, j'ai pensé que ça allait probablement s'effacer de la même façon. Je ne savais même pas qu'il y aurait des suites à ce moment-là. Puis, le succès est arrivé. J'ai dû "normaliser" le concept dans ma tête. Si tout ça m'était arrivé sans aucune expérience au préalable, je l'aurais probablement vécu plus difficilement.»

Aujourd'hui, Pattinson estime être dans une phase «d'évolution naturelle» plutôt qu'à un véritable tournant de sa vie et de sa carrière.

«Je savais qu'après Twilight, et l'ampleur qu'a prise le phénomène, il me faudrait une dizaine d'années avant de franchir vraiment une nouvelle étape. Ça fait maintenant sept ans. Aujourd'hui, j'ai 28 ans. Et je sens que, tranquillement, ma carrière est en train d'amorcer un nouveau virage. Je suis curieux de voir où tout cela va me mener!»

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Maps to the Stars (La carte des étoiles, en version française) prend l'affiche le 31 octobre.