Simon Pegg était arrivé de Marrakech pendant la nuit. Une pause pendant le tournage de Mission: Impossible 5 pour participer au Festival du film de Toronto où était présenté Hector and the Search for Happiness de Peter Chelsom (Serendipity, Shall We Dance?).

«Je suis monté dans l'avion après avoir joué les espions toute la journée. J'en suis descendu pour devenir - un peu - Hector», souriait l'acteur qui, ces dernières années, alterne entre les franchises lucratives (Star Trek, où il incarne Scotty; Mission: Impossible, où il devient Benji Dunn) et les projets indépendants tels The World's End et Hector and the Search for Happiness - deux longs métrages où il partage l'écran avec une Rosamund Pike qui, elle aussi, passe des films plus personnels aux grosses productions hollywoodiennes (Jack Reacher ou encore le très attendu Gone Girl de David Fincher).

Dans cette adaptation du Voyage d'Hector ou la recherche du bonheur du psychiatre et écrivain français François Lelord, dont le thème est le bonheur et comment on le trouve, Simon Pegg se glisse dans la peau d'Hector, psychiatre dont la vie bien réglée se déglingue un jour, celui où il se rend compte qu'il ne sait pas ce qu'est vraiment le bonheur - alors, dans ce cas, comment peut-il aider ses patients à le trouver?

«Avoir une carrière fructueuse, un bel appartement, vivre dans le confort avec une copine magnifique, ne se priver de rien, ces choses ne signifient rien si vous n'êtes pas heureux. On voit ça de plus en plus dans notre société. Pensez à Robin Williams, par exemple», a indiqué le comédien lors d'une rencontre avec quelques journalistes.

Lorsqu'il se rend compte de cela, Hector laisse tout tomber et décide de traquer le bonheur à travers la planète. Il se retrouve ainsi à Johannesburg, à Shanghai, à Los Angeles. Posant sur ces lieux «les yeux d'un enfant. Ce n'est pas pour rien si, dans le film, l'Afrique, c'est les éléphants et la Chine, les tentations: Hector était heureux quand il était petit, retrouver pour un moment la vision du monde qu'il avait alors l'aide à retrouver l'enfant en lui... et le bonheur».

Avant que la réalité ne (le) frappe. Après tout, Hector n'a plus 6 ans. Mais il les a déjà eus. «Être adulte, oui, bien sûr! Mais cette façon de voir la vie qu'on avait enfant est inspirante et on ne devrait pas l'oublier», croit le comédien pour qui «le bonheur n'est pas une fin en soi, mais quelque chose que l'on espère et qui existe le long de notre route, se goûte au fil des expériences».

Sympathique control freak

À ses côtés dans le long métrage, Clara. «C'est une gentille fille, je l'aime beaucoup... mais c'est aussi une maniaque du contrôle, elle a peur du désordre, la seule idée de chaos est un cauchemar pour elle. Or si vous voulez connaître le bonheur, vous devez tout expérimenter dans la vie, et ça comprend la douleur, la peine, la peur. Pour moi, c'est un des messages du film», indiquait Rosamund Pike, qui l'incarne, lors de l'entrevue qu'elle a accordée à La Presse.

L'actrice, qui a joué dans plusieurs adaptations de romans (Pride & Prejudice, Barney's Version et bien sûr Gone Girl), n'a pas pris le temps de lire l'oeuvre originale: «C'est une première, mais ça ne m'a pas semblé nécessaire. Peter (Chelsom) a scénarisé le livre et l'a compris d'une manière particulière, il y a vu une fable magique et il a su insuffler cette qualité dans son scénario. Ça m'a suffi.»

Clara, donc, partage la vie d'Hector. Hector qu'elle regarde partir pour son voyage autour du monde. Perplexe, pour ce qui est du personnage. Avec, peut-être, une pointe d'envie de la part de l'actrice. Qui, elle, est restée à Vancouver - où a été tournée une grande partie du long métrage et où se trouvait, entre autres, l'appartement (londonien) du jeune couple.

C'est de là, grâce à Skype, que communiquent les deux «moitiés» temporairement séparées. Une expérience «libératrice et très amusante» que ces scènes tournées, vraiment, sur Skype, à travers la caméra d'un ordinateur: «Peter voulait exploiter toutes les possibilités de ce genre de situation», rigole Rosamund Pike qui s'amusait ainsi à sortir du cadre, à n'y apparaître que partiellement ou en très très gros plan, et ainsi de suite.

«J'ai aimé, tout de suite, la simplicité de cette histoire et son message», poursuit celle pour qui le bonheur se trouve beaucoup dans l'art d'éviter les comparaisons, «surtout dans ce monde où les médias nous encouragent constamment à comparer notre vie à celle des autres, nous mettent sur le nez tout ce que l'on n'a pas et que l'on devrait vouloir avoir. Le résultat est une grande et perpétuelle insatisfaction».

Or ni elle ni Simon Pegg ne sont insatisfaits. Heureux? Posée séparément, la question obtient semblable réponse: «Oui.» Lui: «Plus encore depuis que j'ai un enfant.» Elle: «Entre autres grâce à ce métier qui me permet d'aller dans ces substituts de vies.»

Hector and the Search for Happiness prend l'affiche le 26 septembre