Au tour de Mel Gibson de se mettre en travers de la route des Expendables menés par Sylvester Stallone. «C'est King Kong contre Godzilla!», a rugi le premier en conférence de presse. Un troisième volet... monstrueux, alors?

Avec trois franchises à succès - Rambo, Rocky, The Expendables - sous le ciel de Hollywood, Sylvester Stallone fait dans le rare et le très fort. Pas surprenant qu'à 68 ans, il n'envisage pas la retraite... même s'il «provoque» celle de ses troupes dans le troisième volet des Expendables.

«Je ne me vois pas encore à la maison, à jouer 12 heures par jour avec des poméraniens. Vous savez, ce vieux numéro de vaudeville où une canne apparaît, accroche un comédien et l'arrache de la scène? Je n'en suis pas encore là. Les acteurs ne veulent pas prendre leur retraite, ils sont généralement poussés dans cette direction. C'est triste parce que plus vous vieillissez, meilleur vous êtes. Je dis toujours que les artistes meurent deux fois. La deuxième est inévitable, mais la première, la mort créative, est la plus difficile.»

Comprendre que non seulement Sly est là pour rester, mais qu'il était en verve lors de la conférence de presse tenue à Los Angeles où il rencontrait les médias en compagnie de 12 autres membres de l'équipe de The Expendables 3 de Patrick Hughes. Il y avait de la testostérone, du muscle - et des années d'expérience, disons-le ainsi - sur l'estrade.

Pensons aux Jason Statham, Dolph Lundgren, Randy Couture, Terry Crews, membres originaux des Sacrifiés; aux Wesley Snipes, Kelsey Grammer et Mel Gibson qui se joignent à eux ou les affrontent; ou encore aux recrues que sont Kellan Lutz, Glen Powell, Victor Otiz et la spectaculaire Ronda Rousey.

Recrues parce que dans cette troisième aventure, après une mission qui tourne mal, Barney Ross (Stallone) décide qu'il est temps de rajeunir les troupes. Et de partir en quête de sang neuf. Puis de reprendre du collier malgré les tensions entre les novices et les vieux de la vieille, afin de mettre la main sur un trafiquant d'armes qui, dans une autre vie, était un membre fondateur des Expendables. Ross le croyait mort. Mais Stonebanks a plusieurs vies, comme les chats... et comme son interprète, Mel Gibson. Sur leur route, Arnold Schwarzenegger, Antonio Banderas, Jet Li et Harrison Ford viendront faire leur tour - petit ou plus long - devant la caméra.

Sans Bruce Willis

«Les responsables des horaires de tournage méritent une médaille», indique Sylvester Stallone qui, pendant un temps, selon les propos rapportés dans les médias, n'en aurait pas donné une à Bruce Willis, présent dans les deux premiers Expendables (dans le volet original, pour une brève apparition), absent de celui-ci pour cause de mésentente au sujet du cachet: on lui aurait proposé 3 millions pour quelques jours de tournage en Bulgarie, il en voulait quatre. Sly l'avait alors qualifié de «trop gourmand et paresseux».

Mais la page semble être maintenant tournée: «Les choses n'ont pas fonctionné, ça n'a rien de personnel. Ça a semblé l'être et j'en suis désolé. Bruce est un type formidable et quand il l'a, il ne l'a pas à peu près! Mais, bon, ce sont des choses qui arrivent dans les films et au moment du casting. Les choses ont bougé, et Harrison [Ford] est apparu dans le décor», explique l'acteur qui, avec un sourire en coin, envisage la compétition avec Sin City (où apparaît Bruce Willis et qui prend l'affiche la semaine prochaine) avec un «Oh, Sin City, je vais t'écraser. [rires] Non, non non...».

Un quatrième volet

Au sujet de Harrison Ford, leur lien remonte à 1977, alors qu'ils venaient d'être découverts par le grand public, lui en Rocky, Ford en Han Solo: «On se demandait combien de temps «cela» durerait pour nous. Ce gars est intelligent et plein d'esprit, j'aime son humour caustique, il peut apporter beaucoup à une scène en faisant très peu», assure Sly qui promet d'autres apparitions dans le prochain volet des Expendables, entre autres de Jackie Chan, que l'on pensait voir cette fois-ci mais qui «était pris avec ses projets en Chine et n'a pu se libérer, même pour quelques jours».

Les Sacrifiés vont donc reprendre du service une quatrième fois et continuer à jouer de la mitraillette, du couteau et autres «joujoux» dangereux: «Je sais, la violence au cinéma est un sujet délicat, mais elle est ici tellement exagérée que je ne peux imaginer quelqu'un décider de nous imiter. On essaie vraiment de présenter ça comme une fantaisie, comme quelque chose d'irréel... Je dis ça et plus je parle, plus je pense que je devrais me taire. Bref, je n'ai pas de réponse», conclut-il.

Mel Gibson joue les méchants

On le sait, Mel Gibson est imprévisible. Il en va aussi ainsi de son personnage dans The Expendables 3: membre fondateur du groupe aujourd'hui mené par Barney Ross (Sylvester Stallone), Conrad Stonebanks a autrefois retourné sa veste et s'est mis à jouer pour l'équipe des méchants. Ross l'a tué - croit-il... jusqu'à ce qu'ils se retrouvent face à face.

Mel Gibson prend le virage «bad guy»: après avoir incarné un fou dangereux dans Machete Kills, le voici qui se dresse sur la route de Sly et ses troupes dans The Expendables 3.

«Mais quand j'ai lu le scénario, je ne pensais pas être le méchant! Je croyais que c'était Dolph (Lundgren)! J'avoue que j'ai été un peu choqué, hier soir, quand j'ai vu le film et compris que c'était moi. Je voulais être le «love interest»! Mais il n'y avait personne à aimer là», plaisantait Mel Gibson en conférence de presse, presque aussi verbomoteur que le Stonebanks qu'il incarne, vétéran du Viêtnam devenu trafiquant d'armes.

Le personnage s'emporte en quelques envolées délirantes, dont l'une est en particulier mémorable. «J'avais écrit les lignes directrices de ce monologue, souligne Sylvester Stallone qui a participé à l'écriture du scénario. Puis Mel est arrivé avec ses trucs.» «C'est un thème intéressant, ajoute Mel Gibson, celui de quelqu'un qui est sous-traitant pour le gouvernement et est soudain poussé sous l'autobus.»

Ainsi se sentait Stonebanks lorsque, il y a des années, il a trahi Ross. Dans le troisième volet de la franchise, ils vont s'affronter dans un titanesque combat à mains nues pour lequel Mel Gibson s'est beaucoup entraîné. «Je voulais m'assurer que Sly ne donne pas l'impression d'être en train de battre un vieil homme gras», rigole-t-il.

________________________________________________________________________________

The Expendables 3 (Les Sacrifiés 3) prend l'affiche aujourd'hui. Les frais de voyage ont été payés par Les Films Séville.

Photo: fournie par Lionsgate

Mel Gibson