Terry Gilliam, à qui il voue une très grande admiration, a dit un jour à Albert Dupontel qu'«un échec en anglais sera toujours plus diffusé qu'un succès en français».

À partir de cette affirmation, dont nous pourrions certainement discuter, l'auteur-cinéaste a d'abord tenté de produire 9 mois ferme en Grande-Bretagne. Emma Thompson était déjà choisie pour incarner le personnage de la juge. Il était aussi question qu'Ewan McGregor se glisse dans la peau du criminel.

«Le système anglo-saxon ne me permettait toutefois pas d'avoir le contrôle entier sur le plan créatif, explique Albert Dupontel. Et ça, je ne peux l'accepter. C'est la raison pour laquelle nous avons finalement décidé de tout rapatrier en France, de recommencer à zéro, et de tourner 9 mois ferme en français.»

Paradoxalement, Dupontel dit être un fervent défenseur des exceptions culturelles nationales et déplore la disparition de plusieurs des cinématographies européennes.

«La culture française n'a pratiquement plus d'influence sur le plan international, souligne-t-il. Ou très peu. On peut en dire autant de toutes les cultures autres qu'américaine. Les cinématographies italienne, espagnole, allemande et même anglaise en arrachent. Les Américains ont bien compris que c'est grâce à la culture qu'on vend des idées et des produits. Les autres cultures doivent être protégées aussi.»

Succès public et critique

À propos de son film, Albert Dupontel est bien entendu heureux de la tournure des événements. 9 mois ferme a attiré près de deux millions de spectateurs dans les salles en France.

Voyant le cinéma comme un acte de résistance, Albert Dupontel, qui vient tout juste de franchir la cinquantaine, compte maintenant rester chez lui pour réaliser ses films. Ses visées internationales ne sont plus les mêmes.

«Si on m'avait offert d'aller à Hollywood il y a 20 ans, j'aurais peut-être accepté l'invitation, par curiosité. Maintenant, je suis trop vieux!»