Après des années d'absence, Thierry Lhermitte revient en force sur les écrans québécois dans Quai d'Orsay, une farce politique réalisée par Bertrand Tavernier. L'acteur retrouve ainsi celui qui lui avait donné ses premières chances au cinéma.

Sa présence dans quelques grands classiques du cinéma comique français est si familière que nous en sommes presque venus à oublier à quelle vitesse le temps file.

Au Québec, on n'a pas vu Thierry Lhermitte dans un premier rôle important depuis un bon moment au cinéma. Pour tout dire, le «beau gosse» des comédies de la bande du Splendid, star des Ripoux et du Dîner de cons, ne nous avait pas donné de ses nouvelles depuis Les bronzés 3: amis pour la vie, sorti en 2006.

«Il est vrai que je n'ai pas parlé aux médias québécois depuis longtemps, fait remarquer l'acteur au cours d'un entretien téléphonique exclusif accordé à La Presse. En revanche, et vous ne le savez peut-être pas, je me rends chez vous très souvent. Mon fils habite à Montréal!»

S'il a parfois tenu des seconds rôles dans certains films français qui ne se sont jamais rendus jusqu'à nos rives, Thierry Lhermitte, de façon générale, s'est quand même fait plus rare au cinéma au cours des dernières années.

«J'ai été très occupé par une série télé qui a pour titre Doc Martin. Nous en sommes maintenant à la troisième saison.»

Des retrouvailles avec Tavernier

Juste retour des choses, le rôle marquant qu'il tient dans Quai d'Orsay lui a été offert par celui-là même avec qui il a fait ses premiers pas au cinéma: Bertrand Tavernier. Ce dernier avait déjà fait appel au jeune acteur il y a près de 40 ans pour des seconds rôles dans Que la fête commence et Des enfants gâtés.

Quelques années plus tard, Thierry Lhermitte devenait une star grâce aux Bronzés, un film conçu avec ses potes de la bande du Splendid.

«Il est certain que le plaisir du jeu évolue, commente l'acteur, aujourd'hui âgé de 61 ans. Ce plaisir est d'une nature différente, en fait. Plus on avance, plus on apprend à se détacher de nos inquiétudes. On ne porte pas le même regard sur le métier que lorsqu'on a 20 ans.

«Quand on est jeune, tout reste à prouver, tout devient source de préoccupation. Maintenant, je ne suis plus dans cette dynamique-là. Je profite de tout. Et quand un rôle comme celui que j'ai eu la chance de jouer dans Quai d'Orsay se présente, je me régale, tout simplement. J'ai été heureux sur ce plateau comme je ne l'avais pas été depuis longtemps.»

Les coulisses politiques

Dans cette farce politique inspirée d'une bande dessinée de Christophe Blain et Abel Lanzac, qui cosignent le scénario du film avec le cinéaste, Thierry Lhermitte incarne le ministre des Affaires étrangères.

Campé en 2002 et 2003, le récit nous fait visiter les coulisses de ce ministère à travers le regard d'un jeune conseiller embauché pour rédiger les discours du ministre (Raphaël Personnaz). C'est dire que le personnage qu'interprète Thierry Lhermitte, remarquable au demeurant, est directement inspiré de Dominique de Villepin.

L'ancien ministre sous le gouvernement Chirac a connu son heure de gloire grâce au discours prononcé aux Nations unies le 14 février 2003. L'habile orateur avait brillé en expliquant le refus de la France de participer à la guerre en Irak.

«Je connaissais déjà la bande dessinée et je la trouvais formidable, précise l'acteur. Pourtant, jamais je n'aurais pu imaginer qu'elle puisse être transposée au cinéma. Mon flair de producteur n'est vraiment pas très bon, dirait-on!»

Pas d'imitation

Même si Alexandre Taillard de Worms, le personnage qu'il joue, négocie les mêmes événements que le vrai ministre, il n'était pas question ici de tomber dans le mimétisme.

«Avec Bertrand, il était clairement établi dès le départ que nous ne verserions pas dans l'imitation ni la caricature. Le personnage est inspiré de Dominique de Villepin, mais il est quand même très différent. Pour le composer, je me suis essentiellement appuyé sur le scénario. Ce script était d'ailleurs tellement bien écrit que je n'avais pas à chercher ailleurs.»

Aussi Quai d'Orsay lui a-t-il donné l'occasion d'observer de l'intérieur le monde politique. «Je ne me passionne pas spécialement pour ce domaine, mais je m'y intéresse en tant que citoyen bien sûr, dit-il. J'avais été très surpris en lisant la bande dessinée d'apprendre qu'il n'y avait pas d'inventions dans ce récit. Même si le trait est très forcé, tout est vrai. Oui, Taillard de Worms remue beaucoup d'air, mais il fait quand même en sorte qu'un règlement pacifique puisse intervenir dans la guerre civile de Côte d'Ivoire, et il livre ce discours à l'ONU qui positionne la France de façon importante et durable.»

Quand il a vu le film en salle, Thierry Lhermitte a été agréablement surpris par la réaction du public.

«Les gens rient autant que devant une franche comédie, fait-il remarquer. Quand on parvient à faire rire les spectateurs de cette façon avec un sujet comme celui-là, on ne peut qu'en être ravi!»

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Quai d'Orsay prend l'affiche le 14 mars.