Dans Chasse au Godard d'Abbittibbi, Sophie Desmarais défend le personnage de Marie, qui lui ressemble à bien des égards. Les années 60 lui vont tout aussi bien. Entrevue.

Q Qui est Marie?

R C'est une jeune femme de 20 ans qui brûle de curiosité, de désir et d'ailleurs. Elle est bien ancrée dans sa région, aime beaucoup sa famille et son chum Michel. Mais sa rencontre avec Paul va éveiller en elle des questionnements. Elle va se demander s'il est possible de partir et à quel prix. Elle rêve de Paris, de New York, de films, de littérature. Elle a besoin de sortir de chez elle pour se réaliser comme femme.

Q Vous sentez-vous proche de Marie?

RNous avons toutes les deux un côté rêveur. Marie est un personnage qui observe beaucoup les autres, un trait de personnalité que je crois aussi avoir. À travers elle, je me suis revue à 16, 17, 18 ans. J'avais déjà envie d'être actrice, mais, à cet âge, tout le monde essaie de te décourager en te disant que c'est trop compliqué. J'ai l'impression que Marie et moi avions la même drive, la même volonté de tenter des choses, de se mouiller.

Q Les sixties vous vont très bien, non?

C'est une période que j'aime beaucoup. Plus jeune, j'ai commencé à regarder les films de la Nouvelle Vague. J'ai été très impressionnée et très inspirée par les atmosphères, la musique, la mode et les actrices qui en étaient les icônes. Je pense à Anna Karina, Jean Seberg, Brigitte Bardot, Jeanne Moreau. Elles étaient magnifiées à l'écran et je les trouve chanceuses d'avoir vécu cette époque inspirante.

Q À l'image de votre personnage de Sarah (Sarah préfère la course), Marie s'exprime beaucoup avec son corps, ses yeux, son âme. Qu'en dites-vous?

R Marie parle peu. C'est davantage un personnage observateur, contrairement à Michel [Alexandre Castonguay] qui est grandiloquent et éloquent. Le désir de Marie se passe à l'intérieur d'elle-même et non à travers les mots. J'aime ce genre de rôle, mais j'aime les dialogues aussi. J'ai parfois l'impression qu'au Québec, on a peur d'écrire davantage. C'est pour cela que j'ai trouvé la réalisatrice Anne Émond audacieuse dans son écriture du film Nuit #1.