Guillaume Canet et Marina Hands se sont connus adolescents lorsqu'ils pratiquaient le sport équestre. Ils remontent à cheval dans Jappeloup, du cinéaste québécois Christian Duguay, qui a fait deux millions d'entrées en France.

Guillaume Canet : le candidat idéal

Guillaume Canet se souvient de la forte impression que lui a faite le cheval Jappeloup aux Jeux olympiques de Séoul, en 1988. Et pour cause, avant d'être le comédien, réalisateur et scénariste qu'on connaît, Canet pratiquait sérieusement le saut d'obstacles qui l'a mené jusqu'au Championnat de France.

«J'avais 15 ans et je trouvais ce cheval totalement incroyable parce qu'il était d'une puissance agile pas possible, dit Canet au téléphone. Ce petit cheval qui sautait des barres énormes était comme un chat. Ça nous impressionnait beaucoup. C'est vrai qu'on était un peu chauvins aussi parce que c'était la France qui gagnait l'or aux Jeux olympiques.»

Canet était le candidat idéal pour jouer à l'écran le cavalier Pierre Durand, mais le nouveau papa a refusé une première proposition. Quand il s'est finalement laissé convaincre, il s'est proposé pour réécrire le scénario: «C'était un sujet très fort, mais qui ne correspondait pas au scénario écrit. C'était très romancé, un peu trop même, comme une fable, et on était loin du réalisme de la situation. Ça m'agaçait.»

Canet disposait de quatre mois pour pondre un nouveau scénario pendant que le réalisateur Christian Duguay, lui-même champion junior de sport équestre dans les années 70, préparait son film. Son scénario ne porterait pas que sur le cheval mythique qui allait remporter l'or olympique quatre ans après un échec retentissant aux Jeux de Los Angeles: «Comme modèle, j'avais en tête Rocky, un film de sport qui ne porte pas que sur la boxe, mais qui est une très belle histoire d'amour, avec des personnages incarnés et très forts.»

Canet s'est inspiré du livre Crin noir, racontant l'histoire de Jappeloup et de son cavalier, mais il s'est autorisé quelques libertés. Ainsi, Serge Durand, dont le rapport avec son fils Pierre est au coeur du film, meurt dans les années 80 plutôt qu'en 2012 comme dans la vraie vie. Pierre Durand, qui vient de lancer son propre livre, a dit qu'il ne se reconnaissait pas dans le film, ce qui a mis Canet «très, très en colère».

«J'ai fait lire le scénario tel quel à Pierre Durand et il l'a validé. S'il ne l'avait pas aimé, il ne serait pas venu nous rendre visite plusieurs fois sur le plateau, comme son père, d'ailleurs. La raison pour laquelle j'ai fait mourir le papa plus tôt, c'est que je trouvais intéressant qu'il parte au moment où son fils devient un homme, évolue et grandit après s'être pris des coups dans la gueule. S'il n'a pas suffisamment de distance pour voir qu'on a essayé de faire de lui un personnage attachant, intéressant, tant pis.»

Canet reconnaît qu'il y a un peu de sa relation avec son propre père dans cette histoire du fils qui veut réussir pour rendre son paternel fier de lui: «Je pense que ce film est une manière de le faire.»

Un rôle fatigant

Avant l'aventure Jappeloup, Guillaume Canet ne connaissait pas Christian Duguay. Il parle aujourd'hui du réalisateur québécois comme d'un «homme fabuleux, d'une grande gentillesse et d'une grande intelligence, très, très doué". Puis il ajoute: «C'était vraiment la meilleure personne pour réaliser ce film.»

Le rôle de Pierre Durand n'était pas de tout repos pour Canet qui n'a eu recours à une doublure que pour quelques rares plans larges où il était impossible de reconnaître le cavalier. Il s'est donc remis à l'entraînement puis, pendant trois semaines, il a monté un cheval huit ou neuf heures par jour avant de confier son corps endolori à un kino pendant une heure et demie.

Ce tournage, l'un des plus "fatigants" de sa carrière, s'est fait dans le plaisir avec une équipe passionnée. Tant et si bien que, depuis, Canet a renoué avec la compétition équestre.

«Je suis en compétition sans arrêt, dit-il. J'ai entièrement repris le virus et je me régale.»

Comme réalisateur

Blood Ties, remake des Liens du sang de Jacques Maillot, avec sa femme Marion Cotillard et Clive Owen, qu'il ira présenter à Toronto le 9 septembre.

Comme acteur 

En solitaire, fiction sur le Vendée Globe, tour du monde à la voile, réalisée par son chef opérateur Christophe Offenstein, avec François Cluzet. Sortie en France le 5 novembre.

L'homme que l'on aimait trop d'André Téchiné avec Catherine Deneuve. Sortie probable en 2014.

Marina Hands: un rôle sur mesure

Quand Guillaume Canet a proposé à Marina Hands, son «premier amour» à 14 ans, de jouer le rôle de la femme de son personnage, le cavalier Pierre Durand, dans Jappeloup, elle n'a pas hésité une seconde.

«J'ai dit oui tout de suite, je n'avais même pas lu le scénario», dit en riant l'actrice française qu'on a vue notamment dans Les invasions barbares de Denys Arcand. «Je connais Guillaume depuis très longtemps - j'ai déjà fait un film avec lui, ne le dis à personne - et je sais très bien comment il écrit. Il m'a dit qu'il penserait à moi en l'écrivant. C'est la première fois que quelqu'un m'écrit un rôle sur mesure.»

Elle ne connaissait pas le réalisateur québécois Christian Duguay. «Mais Guillaume est tellement exigeant envers les gens avec lesquels il travaille, surtout depuis quelques années, donc je n'avais pas de doute sur le fait que Christian Duguay était l'homme qu'il fallait pour ce film-là», ajoute-t-elle. Ce fut un coup de foudre professionnel réciproque, le réalisateur et l'actrice se promettant de retravailler ensemble à la première occasion.

Jappeloup a permis à Marina Hands de renouer avec le sport équestre qu'elle a pratiqué aux côtés de Guillaume Canet lorsqu'ils étaient adolescents. La jeune Marina allait à l'école parce qu'il le fallait bien, mais elle rêvait des Jeux olympiques. Il faut reconnaître quand s'arrêter, dit-elle aujourd'hui.

«C'est drôle parce que Pierre Durand aurait pu tout arrêter et il a continué quand même. Si on n'a pas les nerfs suffisamment solides pour surmonter les échecs, on fait autre chose, mais après, il reste une espèce de regret. On se dit: "J'ai dû manquer de courage, de talent, j'étais sur ma montée pour aller plus loin encore."»

Une femme forte et aimante

Dans le film, Nadia tire un trait sur la compétition équestre, mais secoue son mari quand il veut abandonner à son tour tout en sachant fort bien qu'elle devra faire d'importants sacrifices pour l'aider à réaliser son rêve.

«Elle va faire ce qu'elle sait faire le mieux, se consacrer à la carrière sportive de Pierre. Ce n'est pas une femme soumise ou dominée, au contraire, c'est un choix très personnel qui est aussi lié à son amour de la compétition, à mon avis. Dans la vie de Guillaume, les amis, la famille sont des gens très importants. Il aurait pu raconter l'histoire d'un héros qui se relève tout seul, qui avance tout seul et qui réussit tout seul. Le personnage féminin qui pourrait être juste une sorte de groupie devient tout d'un coup un guide, une personne qui le recadre en permanence par rapport à ses idéaux. Moi, j'aimerais bien avoir des gens comme ça dans mon entourage, ça doit être génial!»

Photo fournie par les films Séville

Jappeloup a permis à Marina Hands (à droite) de renouer avec le sport équestre, qu'elle a pratiqué plus jeune avec Guillaume Canet.