Au premier coup d'oeil, Dead Man Down, premier long métrage américain du réalisateur danois Niels Arden Oplev, traite de la vengeance érigée sur un fond de blessures physiques et morales. Mais c'est aussi un film sur la rédemption, assure le cinéaste. La Presse a rencontré ce dernier ainsi que les comédiens principaux Colin Farrell et Noomi Rapace.

Le réalisateur danois Niels Arden Oplev affectionne sans doute l'idée voulant que lorsqu'une personne est au fond du baril, elle ne puisse que remonter.

Car c'est exactement ce qu'il aime le plus dans un film. «Ma scène préférée arrive toujours lorsque quelqu'un perd tout, souligne-t-il. Quand tout est noir et lugubre, qu'il n'y a plus d'espoir et que tout à coup, une personne apparaît et donne à l'autre une seconde chance. Il y a alors amorce d'une rédemption.»

On aura compris que c'est ce qui survient dans Dead Man Down, premier long métrage américain d'Oplev qui s'est fait un nom avec Millenium, le film, adaptation originale du premier roman de la série Millenium. Mais avant d'en arriver à la rédemption, les principaux personnages du film parcourront un long chemin semé de vengeance, de violence et de mort.

Vivant seul dans un appartement haut perché de New York, Victor (Colin Farrell) infiltre une bande criminalisée dans le but d'atteindre Alphonse (Terrence Howard) qu'il s'est promis de tuer parce qu'il est responsable de la mort de sa conjointe et de leur petite fille. Un soir, sa route croise celle de Beatrice (Noomi Rapace), jeune femme défigurée dans un accident de voiture. En prétextant lui conter fleurette, Beatrice fait chanter Victor dans le but de le forcer à éliminer le chauffard responsable de sa vie brisée.

Dans un décor très moderne, le film utilise New York pour aborder les thèmes de l'immigration et de l'espoir. Victor n'a-t-il pas des racines hongroises alors que Beatrice vit avec sa mère française, interprétée par Isabelle Huppert?

«New York est une ville d'occasions à saisir, d'espoir, de liberté et de recommencement pour les immigrants. C'était le parfait décor pour cette histoire», dit le réalisateur.

Ce dernier dit avoir cherché longtemps un bon scénario pour tourner son premier opus américain. Il l'a trouvé dans cette histoire signée Joel Wyman, connu pour son travail dans la télésérie Fringe.

Bonnie & Clyde

Interprète de Victor, Colin Farrell estime que ce dernier est habité par une bonne âme. «Victor est un homme bon, mais dont les gestes sont motivés par la douleur, lance le comédien irlandais. Sa violence s'est forgée dans ce qu'on a fait à sa famille. Et il essaie de se faire justice.»

Farrell reconnaît que plusieurs éléments du film sont archi connus au cinéma. Mais il a été séduit par l'originalité de l'histoire d'amour naissante entre Victor et Béatrice. «Je ne dis pas que c'est pareil, mais il y a quelque chose de Bonnie & Clyde ou True Romance dans ce film», dit-il. Victor et Beatrice trouvent dans l'autre une de porte de sortie pour évacuer la violence qui s'est immiscée dans leur vie. Ce sont deux personnages seuls, fracturés, vulnérables.»

Noomi Rapace, qui avait été dirigée par Oplev dans Millenium, voit de son côté un personnage plus amer dans Beatrice. «J'aurais voulu que mon maquillage montre plus de cicatrices (rires), car à la suite de son accident, Beatrice ne veut plus vivre, dit-elle. Ses cicatrices intérieures sont encore plus profondes. Sa mère et elle vivent dans une espèce de bulle de beauté. Toute sa vie tourne autour de ça et, à la suite de son accident, elle ne peut croire qu'un jour, un homme va l'aimer.»

À 33 ans, la comédienne n'en est pas à son premier film dans lequel la vengeance a une place de choix. Quelle définition en a-t-elle? «La vengeance survient lorsqu'on n'est pas en mesure de pardonner, répond-elle. Le pardon et la vengeance se font face, sur des rives opposées. Selon qui on est et ce qui nous est arrivé, on va sur une rive ou une autre. Mais je ne crois pas que la vengeance guérisse un coeur.»

Les frais de ce reportage ont été payés par Films Séville.