Nicholas Sparks est l'un des seuls - sinon le seul - romanciers dont les adaptations cinématographiques des livres sont présentées comme étant de lui. Son nom est plus vendeur que celui des réalisateurs et des vedettes qui mettent en images ses histoires d'amour et donnent vie à ses personnages. Rencontre à l'occasion de la sortie de Safe Haven, «son» huitième long métrage.

Nous sommes en territoire familier, chez Nicholas Sparks. Il y a une petite ville côtière de la Caroline-du-Nord. La plage, l'océan. Un homme et une femme qui se rencontrent. Ils vont tomber amoureux, c'est le grand plan. Ils vont aussi courir sous la pluie, c'est une étape quasi obligée. Planant quelque part sur leur destin, la mort. Par accident ou par maladie, de préférence - le spectre du cancer est le plus souvent évoqué.

Oui, nous sommes en territoire familier, chez Nicholas Sparks. Le romancier ne s'en cache pas, ses légions de fans s'en réjouissent, ainsi que ses producteurs. L'homme est plus que seulement «rentable». On n'a qu'à songer à The Notebook, qui a rapporté 116 millions au box-office et n'en a coûté que 29. Portrait semblable pour Dear John, The Last Song et The Lucky One. Il n'y a aucune raison pour qu'il n'en soit pas de même avec Safe Haven, huitième «film de Nicholas Sparks», qui prend l'affiche le jour de la Saint-Valentin - véhiculé par une affiche style «Harleq uin», elle aussi familière.

Mais attention, «a prévenu» l'écrivain au cours d'une conférence de presse tenue à Los Angeles. «Bien sûr, les fans vont retrouver là l'histoire d'amour et les personnages auxquels ils peuvent s'identifier, qu'ils viennent chercher et s'attendent à trouver dans mes histoires. Mais il y a ici un élément de mystère, de thriller qui, je pense, est un peu inattendu.»

Il est vrai que les premières images - de même que la dernière scène - du film réalisé par Lasse Hallström, de retour dans l'univers «sparksien» auquel il s'est initié avec Dear John, sont d'un registre très inhabituel chez l'auteur de Message in a Bottle et Nights in Rodanthe: une jeune femme (Julianne Hough) et un homme dont on découvrira plus tard l'identité se battent dans une maison. Il y a un couteau, du sang. La belle fuit les lieux, sous la pluie (qu'on ne s'inquiète pas, il y aura plus tard un autre sprint sous les cieux en pleurs, préliminaire au baiser tant attendu). Elle coupe ensuite ses cheveux, les teint, puis monte à bord d'un autobus.

Katie est en fuite. Elle est en route pour n'importe où. Ce sera Southport, où elle semble pouvoir trouver l'anonymat et la paix, de même qu'un toit et un boulot. Et, surprise, l'amour. Elle n'en demandait pas tant. Sauf qu'Alex (Josh Duhamel) est de l'espèce à laquelle il est difficile de résister. Il est veuf. Sa femme a succombé au cancer (non!) il y a quelques années. Il élève seul ses deux enfants et tient le magasin général où Kate viendra s'approvisionner.

Eh oui, Cupidon va frapper! Le passé aussi, de deux façons - Nicholas Sparks n'a pas opté pour une seule variation sur son thème privilégié. Mais... chut! On n'en dit pas plus sur le sujet.

Disons simplement que l'auteur n'est pas peu fier de cette trouvaille. «Grâce à son histoire avec Hollywood», il garde toujours à l'esprit, quand il amorce un nouveau livre, qu'il est possible que son récit s'envole au grand écran. «J'essaie, dans un premier temps, de concevoir une histoire qui possède ces ingrédients familiers présents dans mes oeuvres précédentes, mais qui offre également quelque chose de différent et d'original. Mais quand je me mets au clavier, toute mon énergie va au roman et au roman seulement. Parce qu'il n'y a aucune garantie qu'il sera adapté», explique-t-il.

Il raconte qu'à 19 ans, il a écrit une première fiction. Il a aimé l'expérience, mais n'a pas trouvé d'éditeur. Il a pensé faire son droit, mais a été refusé, et il s'est enfin tourné vers les affaires.

Jusqu'à sa crise de la quarantaine, survenue à... 28 ans. «Je dois être une vieille âme», dit-il en riant. Il reste qu'il portait sur ses épaules une impression désagréable. «Je vivais ma vie au lieu de poursuivre mes rêves.» Il est ainsi retourné à ses premières amours et, en 1996, la vie et les rêves se sont mariés avec la publication de The Notebook.

Safe Haven est le 16e des 17 titres qu'il a signés jusqu'ici.

Son défi, chaque fois: «Rechercher l'honnêteté dans les émotions et dans la voix des personnages. Je veux que mes lecteurs aient l'impression qu'ils les connaissent et les comprennent au point où ils en ressentent les émotions avant qu'elles ne soient exprimées par les personnages.» C'est sa façon à lui, dit-il, de rester du bon côté de la ligne qui sépare le drame romantique du mélodrame larmoyant. Et les chiffres ne mentent pas: la recette plaît.

Au fait, l'a-t-on dit? Nous sommes en territoire familier, chez Nicholas Sparks.

Safe Haven (Un havre de paix) prend l'affiche le 14 février.

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Les frais de voyage ont été payés par Les films Séville.