Whitney Houston s'est éteinte le 11 février dernier. Sa lumière brille une dernière fois au grand écran dans Sparkle, remake d'un film culte pour la communauté afro-américaine auquel elle rêvait depuis 12 ans. Ses partenaires dans cette aventure se souviennent.

«Il y avait de la pression à faire ce film, parce que l'original est extrêmement aimé. Et comme Whitney n'est plus avec nous, la pression est encore plus grande», souffle Jordin Sparks, qui tient le rôle-titre dans Sparkle de Salim Akil (Jumping the Broom), drame musical suivant le parcours de trois soeurs douées pour la musique et la scène, mais entravées par leur mère qui craint qu'elles s'y brûlent les ailes.

Un premier rôle au cinéma, et il est de taille, pour celle qui a été la plus jeune gagnante d'American Idol. «J'ai passé l'audition alors que je n'avais aucune expérience de jeu et c'était différent de tout ce que j'ai connu auparavant. Après quatre auditions, quand on m'a rappelée pour me dire que je serais Sparkle, je suis tombée des nues. J'ai senti une pression énorme sur mes épaules. Puis on m'a dit que Whitney allait interpréter ma mère. Et on a ajouté 50 kilos de pression.»

«Pression» a beau être son mot du jour, c'est avec un mélange de pétillant et d'innocence, de joie de vivre et de gentillesse que la jeune femme a rencontré la presse dans un hôtel de Los Angeles. C'est ce mélange qui lui a gagné la faveur du réalisateur Salim Akil et de la productrice Deborah Chase Martin. «Il y avait une espèce de naïveté dans l'air en 1968. J'avais besoin d'une comédienne qui dégage cela. Jordin est ainsi et c'est beaucoup plus rare qu'on ne le croit en cette époque où les actrices vivent dans l'oeil du public», indique Salim Akil.

L'idée de transplanter le récit dans cette décennie, alors que l'original est campé dans les années 50, vient donc de lui: «La société changeait alors, la place des femmes aussi. Les gens avaient des projets. Martin Luther King était de toutes les tribunes.» Autant d'éléments qu'il avait envie d'explorer.

Un premier deuil

Pour ce qui est de Whitney Houston, elle était du projet dès le départ, en tant que productrice déléguée. «Elle était obsédée par le film original et elle rêvait depuis 12 ans d'en faire un remake», raconte Deborah Chase Martin. La chose avait failli se faire en 2001. Mais la mort avait frappé une première fois: Aaliyah, qui devait incarner Sparkle, a quitté les Bahamas à bord d'un avion qui n'est jamais arrivé à destination. «Dix ans plus tard, les étoiles se sont alignées, poursuit la productrice. Whitney faisait son retour, sortait son album et elle était prête... pas pour jouer Sister, comme elle me l'avait mentionné à l'époque, mais pour donner vie à Emma.»

Emma qui est la mère de Sparkle, Sister (Carmen Ejogo) et Delores (Tika Sumpter). Elles vivent à Detroit et font partie de la classe moyenne. L'église est bien sûr très importante pour elles. Pour Emma surtout, qui élève seule ses filles et ne veut pas qu'elles suivent ses traces, tant sur le plan professionnel qu'amoureux. Sauf que Sparkle compose. Que Sister a une voix divine. Que Delores se débrouille très bien - et voit dans le fait de monter sur scène une chance de financer ses études en médecine. Elles formeront un groupe, Sister and Her Sisters. Auront du succès. Rencontreront des hommes bons pour elles. Et d'autres, néfastes. Connaîtront la gloire. Et son revers.

Comme Whitney Houston. Qui s'est donné corps et âme à ce projet. «Elle venait sur le plateau même quand elle n'avait pas à tourner, juste pour nous voir travailler, se rappelle Jordin Sparks. J'ai appris d'elle qu'on n'est jamais trop important pour ne pas sourire ou parler à quelqu'un.» Carmen Ejogo, dont le personnage de Sister suit une trajectoire miroir à celle de Whitney Houston, admet qu'«il est facile d'être distrait par ce qu'elle a vécu personnellement, mais il ne faut jamais oublier le gros de l'oeuvre de ces artistes qui traversent presque inévitablement des hauts et des bas. Whitney était extrêmement professionnelle, elle donnait tout ce que vous attendiez d'elle, poursuit Mme Ejogo. Et à cause de tout ce qu'elle a vécu, elle a donné à Emma une profondeur et une vérité incroyables, dont elle n'était peut-être même pas consciente.»

Salim Akil abonde, lui qui l'a vue pendant le tournage comme «un enfant dans un magasin de bonbons». «Elle était vraiment fière du travail qu'elle avait fait. Quand le film a été terminé, elle m'a dit: «On doit en faire un autre.»» Le destin en a décidé autrement.

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Sparkle prend l'affiche le 17 août.

Les frais de voyage ont été payés par Sony Pictures.