Présenté en clôture du festival Fantasia, ParaNorman raconte l'histoire d'un gamin qui voit des fantômes, affronte des morts-vivants et sauve son village. Produit par le studio LAIKA, réalisé en animation image par image et en 3D, ce film de zombies pour enfants se veut «une rencontre entre John Hughes et John Carpenter». La Presse a rencontré ses artisans à Los Angeles.

«Il y avait autrefois une tradition de films pour enfants qui exploraient des zones d'ombres. Je pense aux premiers Disney. Je pense aux Goonies et aux Gremlins, où il y avait un équilibre entre la noirceur et la lumière. C'est dommage qu'on ait éliminé des histoires tout ce qui est un peu rugueux. On ne rend pas service aux enfants en faisant cela», déclare Travis Knight, directeur de l'animation de ParaNorman, de Sam Fell et Chris Butler.

M. Butler, qui a écrit le scénario de ce long métrage en animation image par image et en 3D, abondedans le même sens: «Je me rappelle ces films qui me mettaient au défi; ces films sophistiqués et intelligents qui m'encourageaient à être sophistiqué et intelligent.» Le scénariste a donc eu le désir de coucher sur papier une histoire où, résume-t-il, «John Hugues rencontre John Carpenter» et mettant en scène «la distribution de The Breakfast Club dans The Fog». Autrement dit, l'enfance et l'adolescence face à l'horreur; et des personnages disparates unis dans une histoire à donner la chair de poule.

Bienvenue à Blithe Hollow, en Nouvelle-Angleterre, où s'est déroulée une dramatique chasse aux sorcières il y a 300 ans. Norman, 11 ans, y vit avec sa famille. Norman qui dit voir les morts. En fait, il les voit. Leur parle. N'a pas de problème avec ça. Sauf que cela le marginalise. Pourtant, c'est ce qui lui permettra, en compagnie des plus improbables compagnons, de sauver le village menacé par un terrible sort. Et quelques zombies.

Oui, ParaNorman est un film d'horreur. Pour enfants. Lesquels? Une problématique semblable avait été soulevée au moment de la sortie de Coraline, le film précédent du studio (sur lequel Chris Butler avait d'ailleurs agi comme directeur de l'histoire et superviseur du story-board). La réponse n'a pas changé: les parents connaissent leurs enfants, à eux de décider en fonction de cela.

Commencer par la fin

Disons tout de même, sans révéler de punch, que l'histoire se termine bien, ce qui devrait contribuer à calmer bien des inquiétudes - surtout après un troisième acte très fort en émotions diverses et en impact visuel. «Je savais exactement ce que je voulais dire et où je voulais aller avec cette histoire, note Chris Butler. J'ai d'ailleurs commencé à l'écrire par la fin.» Un commentaire qui n'est pas anodin dans le monde de l'animation où, assure Sam Fell, aussi coscénariste et réalisateur de Flushed Away, «le processus de création est tellement long qu'il est monstrueusement courant de commencer l'animation alors que le scénario n'est pas terminé et qu'on n'a même pas idée d'où on s'en va».

L'aventure ParaNorman, elle, s'est mise en branle une fois les rails bien en place. L'itinéraire tracé. Les gares bâties. Ici, pause humour. Là, étape chair de poule. Ailleurs, arrêt sur émotion. Et partout, beauté des personnages, décors, accessoires faits et animés à la main. «Mais nous ne sommes pas des puristes, souligne Chris Butler. S'il fallait ajouter des images de synthèse pour que quelque chose soit exactement comme nous l'avions imaginé, nous avons utilisé des images de synthèse.» D'où les scènes de foule et l'impressionnante tempête du dernier acte. Mais toujours avec un aspect «fini main». C'est la signature de l'animation image par image. Et LAIKA la magnifie.

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Consultez notre reportage sur le tournage de ParaNorman sur lapresse.ca/paranorman

ParaNorman prend l'affiche le 17 août. Les frais de voyage ont été payés par Alliance Vivafilm.