Steve Carell a commencé sa carrière au cinéma en se faisant remarquer dans une scène de Bruce Almighty. Quatre ans plus tard, il porte la suite du film sur ses épaules et se prend pour Noé...

Dieu a beau être partout et aimer ses créatures d'égale façon, il semble quand même afficher un préjugé favorable pour les États-Unis. C'est du moins ce que l'on serait porté à croire à en juger par les discours qui meublent l'espace public américain par les temps qui courent. Pas étonnant qu'apparaissent aujourd'hui des produits culturels de masse qui véhiculent des messages entièrement dévolus à la gloire du Tout-Puissant. Dernier en lice: Evan Almighty (Evan le Tout-Puissant en version française), une comédie religieuse à grand déploiement dans laquelle un homme centré sur la réussite professionnelle est chargé d'une mission par Dieu Lui-même.

Evan Almighty ne relève pas du hasard. Il y a quatre ans, Bruce Almighty, dont les têtes d'affiche étaient Jim Carrey et Jennifer Aniston, avait obtenu un très grand succès populaire, générant des revenus de près de 250 millions sur le marché intérieur américain (dont le Québec et le Canada, rappelons-le, font partie).

Aussi fut-il très vite question de produire une suite traditionnelle en reprenant les mêmes personnages. Mais il y a eu un hic: Jim Carrey, qui incarnait ce type à qui Dieu avait délégué tous ses pouvoirs pendant une semaine, n'a en effet pas voulu reprendre du service pour l'occasion.

«Jim considérait qu'il avait déjà fait le tour de la question, expliquait la semaine dernière le réalisateur Tom Shadyac au cours d'une rencontre de presse tenue dans les studios Universal à Los Angeles. De notre côté, nous estimions qu'il y avait d'autres histoires à raconter que celle de Bruce. C'est ainsi que nous nous sommes tournés vers Evan, ce présentateur télé qui, en une scène seulement, s'était fait valoir dans le premier film.»

Evan Baxter, qui était soudainement incapable de prononcer un seul mot correctement au moment d'une diffusion en direct, était le premier personnage incarné par Steve Carell au cinéma. Quasi inconnu à l'époque, Carell a évidemment vu son statut monter de plusieurs échelons depuis, grâce notamment aux succès de The 40 Year Old Virgin et, plus particulièrement, de l'adaptation américaine de la série télévisée britannique The Office. Aussi ne s'est-il pas fait prier quand Shadyac lui a proposé cette nouvelle aventure.

«J'ai accepté l'offre avant même de recevoir un scénario, commente Carell. Bruce Almighty occupera toujours une place à part dans mon esprit. Je me souviens même d'avoir été surpris, lors de la première, de constater que ma scène n'avait pas été supprimée! Retrouver Tom quatre ans plus tard en ayant l'occasion de travailler avec lui d'une façon aussi étroite dépassait de loin toutes mes espérances.»

Evan se retrouve ainsi cette fois à sauver sa famille et les espèces animales d'un destin tragique en construisant, par ordre de Dieu, un vaisseau où ils pourront se réfugier lorsqu'un déluge inattendu déferlera.

Si l'Être suprême conserve toujours les traits de Morgan Freeman, l'équipe d'acteurs, en revanche, a été entièrement renouvelée. Dans la nouvelle distribution, on compte notamment Lauren Graham (Gilmore Girls), John Goodman et l'humoriste Wanda Sykes.

Un budget biblique

Universal n'a en tout cas pas lésiné sur les moyens pour que la vision de Shadyac prenne forme. Le récit comporte de nombreuses scènes faisant appel à des animaux (dont plusieurs sous forme d'images de synthèses), et le dernier chapitre a nécessité de spectaculaires effets spéciaux. Résultat, la facture s'élève officiellement à 170 millions. Des rumeurs laissent toutefois croire que le budget aurait été largement dépassé. On raconte même que Evan Almighty serait la comédie la plus chère jamais produite dans l'histoire du cinéma.

«J'avoue que toutes ces histoires me font plutôt sourire, laisse tomber Shadyac. Une chose est certaine: le prix du billet, lui, n'augmente pas parce que le film a coûté cher. Je suis en tout cas heureux qu'un grand studio ait accepté d'investir autant d'argent dans une comédie, qui plus est dans une comédie à caractère biblique!»

Là réside d'ailleurs une différence de perception entre Steve Carell et Tom Shadyac. Les deux hommes arrivent en effet à deux conclusions différentes quand vient le moment de décrire la nature de leur film, notamment en regard de son caractère religieux.

«Je ne vois pas du tout ce film comme une comédie biblique, affirme Steve Carell. Je préfère d'ailleurs garder mes convictions pour moi, car j'estime que la religion est une affaire personnelle. Je ne vois pas non plus en Evan Almighty un film destiné plus spécifiquement aux enfants. À mon avis, cette histoire incite simplement à une meilleure compréhension. Elle célèbre la bonté et la grandeur de l'être humain.»

Carell dit avoir en outre apprécié le fait que, selon lui, le film distille un message «fort et subtil» tout en faisant rire. «Sans prêchi-prêcha ou d'excès de sentimentalisme», tient-il à préciser.

De son côté, le réalisateur Tom Shadyac affiche ses couleurs sans honte. «Je suis un Jesus Freak, dit-il sans ambages. Depuis le premier jour, l'idée était de faire écho à la Bible en racontant l'histoire de l'Arche de Noé sur un mode contemporain. Ce faisant, nous espérons ainsi établir un pont entre la cause environnementale et la cause spirituelle. La question écologique dépasse à mon sens les simples éléments pour englober aussi les rapports entre êtres humains. Ma religion guide chaque instant de ma vie.»

Shadyac avoue d'ailleurs avoir déjà en tête une idée pour un troisième film. Si Dieu le veut, évidemment...

Evan Almighty (Evan le Tout-Puissant en version française) prend l'affiche le 22 juin.



Les frais de voyage ont été payés par Universal.

VOUS L'AVEZ VU DANS...> The 40 Year Old Virgin de Judd Apatow; Little Miss Sunshine de Jonathan Dayton et Valerie Faris.

VOUS LE VERREZ DANS...

> Dans Dan in Real Life de Peter Hedges; Get Smart de Peter Segal.