Dans The Reaping, Hilary Swank boxe contre les forces du mal. On est loin, très loin de Million Dollar Baby.... Les films se suivent et ne se ressemblent pas pour Hilary Swank. Après son passage mémorable chez Clint Eastwood (Million Dollar Baby, qui lui a valu l'Oscar de la meilleure interprète) et un rôle de prof dans Freedom Writers (passé dans le beurre) l'actrice de 34 ans revient au grand écran dans un thriller fantastique aux relents de film d'horreur.

Drôle de choix, dites-vous? Par sa nature même, The Reaping (La moisson en version française) est loin d'être un film «oscarisable». Mais Hilary a l'air de s'en ficher. Ses choix de films, insiste-t-elle, sont motivés par le plaisir et non par l'ambition.

«Qu'un rôle soit digne d'être récompensé par l'Académie c'est secondaire, explique la comédienne, rencontrée il y a deux semaines dans un grand hôtel de Beverly Hills. Moi, je veux simplement faire des trucs qui m'allument et auxquels je crois. Dans la mesure du possible, j'essaie aussi de varier mes personnages. Je viens de faire trois films complètement différents et c'était très inspirant. Finalement, c'est ce que je préfère avec ce travail : rien ne nous empêche de diversifier nos activités.»

Avec The Reaping, dit-elle, le défi était particulièrement intéressant. Mme Swank incarne une scientifique qui tente d'expliquer par A + B les phénomènes terrifiants qui secouent une petite ville du sud de la Louisiane. Phénomènes d'autant plus intrigants, qu'ils rappellent les «plaies d'Égypte» de l'Ancien Testament, avec ses grenouilles, ses sauterelles et ses eaux changées en sang (voir encadré). Dans cette histoire où le paranormal se confond à la colère de Dieu, l'éternelle sceptique sera évidemment amenée à se questionner sur sa propre foi

«Je lis beaucoup de scénarios, admet Hilary Swank, quand on lui demande ce qui l'a poussée vers The Reaping. Celui-là a eu l'avantage de me surprendre. Et puis, j'aime bien les thrillers fantastiques. Surtout quand ils sont intelligents. En voyant ce film, on finit par se demander si ce qu'on voit correspond vraiment à la réalité. Ça donne à réfléchir.»

Malédiction sur le film

Réalisé par Stephen Hopkins (Lost in Space, Predator 2), The Reaping met donc deux écoles de pensée en opposition. D'un côté les sceptiques et de l'autre, ceux qui croient en l'inexplicable. Dieu existe-t-il? Et les fantômes? À chacun sa théorie

Le réalisateur lui, ne s'en cache pas : il a toujours cru au paranormal. «Quand j'étais jeune, dit le cinéaste, j'ai vécu des expériences surnaturelles. Cela a définitivement teinté mon regard sur le monde.»

Cela a sans doute aussi teinté sa façon de faire du cinéma, puisqu'on lui doit quelques films de peur assez connus réalisés pour la télé ou le cinéma, comme Nightmare on Elm Street 5, Tales from the Crypt ou Vault of Horror.

S'il a depuis étoffé son style (Life and Death of Peter Sellers), c'est qu'il ne veut pas être étiqueté comme un simple «cinéaste de l'horreur». Malgré tout, il ne pouvait résister à l'offre de tourner The Reaping.

«Au début j'ai refusé de me joindre au projet, dit-il. Je ne voulais plus faire ce genre de film. Mais quand j'ai appris qu'Hillary était à bord, j'ai sauté dans le bateau. Je me disais qu'avec elle, il y avait moyen de faire un truc plus crédible et plus poussé Vous savez, c'est ce qui fait la force d'un bon film de peur : son côté crédible. Il n'en devient que plus terrifiant...»

Étrangement, l'histoire autour de The Reaping ressemble elle-même à une malédiction. L'histoire a été écrite il y a près de 15 ans par un certain Brian Rousso. Elle a été retravaillée par un obscur scénariste qui a fini par disparaître dans la brume, avant d'échouer dans les mains des jumeaux Carey et Chad Hayes, qui ont fini de passer l'histoire à la moulinette hollywoodienne.

Ce n'est pas tout. Amorcé à l'été 2005, dans une petite ville du sud louisianais (St. Francisville), le tournage a été interrompu par deux fois à cause des ouragans Rita et Katrina. Résultat : il a fallu près d'un an a pour mener le film à terme.

«Il y avait quelque chose d'écrit dans le ciel, raconte Stephen Hopkins. Quand nous sommes revenus sur le plateau après Katrina, Hilary et moi sommes allés rencontrer des sinistrés de la région. Je me souviens particulièrement de cette femme qui avait perdu son enfant dans le désastre On faisait un film sur la perte de la foi en Dieu et nous étions devant tous ces gens qui perdaient foi en leur président...»

Producteur...

Fait à noter, The Reaping a été produit par Joe Silver, un gros barbu qui a fait des tonnes de fric avec des films comme Die Hard, Predator, la franchise Lethal Weapon et la trilogie des Matrix. Cette brochette de succès au box-office a permis à Silver de lancer Dark Castle en 1999, une compagnie de production spécialisée dans le film d'horreur.

Pour Silver, il ne fait aucun doute que le genre a encore la cote. Dans le dernier mois, les films de peur étaient d'ailleurs si nombreux à prendre l'affiche aux États-Unis, qu'on a régulièrement repoussé la sortie de The Reaping.

Comment expliquer la pérennité de ce genre cinématographique qui nous a pourtant donné son lot de navets au fil des décennies? «C'est simple, répond Silver. Les films d'horreur sont les seuls films auxquels les spectateurs réagissent encore physiquement. Ils ont des sueurs froides, la bouche sèche, leur pouls accélère Les gens aiment ça! D'ailleurs, si vous voulez mon avis, le seul genre qui en arrache vraiment actuellement, c'est le western!»

...et productrice

Dans un autre registre, soulignons qu'Hilary Swank s'est également convertie à la production. Un virage nécessaire dit-elle, «parce que je voyais trop d'histoires qui méritaient d'être portées au grand écran». Son premier projet, Beautiful Ohio, a été réalisé par son ex-mari Chad Lowe en 2006. Elle produira également Labyrinth en 2008, un film qui raconte l'histoire d'une tueuse en série à personnalité multiple.

Mais sa carrière d'actrice, dit-elle, reste sa «priorité absolue». Après The Reaping, on la reverra bientôt dans P.S. I Love You, comédie romantique inspirée d'un film des années 80.

«Je serais mûre pour un break, confie-t-elle. J'ai besoin de souffler deux secondes. Mais là, il y a toute la promo à faire pour ces deux films. Et la promo, ce n'est pas vraiment une pause, n'est-ce pas?»

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The Reaping (La moisson en version française) prend l'affiche demain. Les frais de ce reportage ont été payés par Warner.

Dix plaies souffrantes

Les 10 plaies d'Égypte sont les châtiments que Dieu aurait infligés à l'Égypte dans la tradition judéo-chrétienne, parce que le pharaon refusait de libérer le peuple juif de l'esclavage. L'Ancien Testament rapporte les 10 plaies suivantes.

1- Les eaux du fleuve changées en sang
2- Les grenouilles
3- Les poux
4- Les mouches
5- La mort des troupeaux
6- Les ulcères
7- La grêle
8- Les sauterelles
9- Les ténébres
10- La mort de tous les premiers-nés

Selon certains scientifiques, les plaies d'Égypte aurait été causées par l'éruption du volcan Santorin - dont les cendres en suspension auraient contaminé l'air et les eaux du Nil, causant la détérioration des conditions sanitaires, la grêle, etc. Aucune explication, en revanche, sur les grenouilles tombées du ciel. (D'après Wikipédia)