La première fois qu’Éric Barbier a été mis au contact de l’univers de Ted Lewis, il a tout de suite été séduit par l’univers «terriblement sombre» du romancier britannique. C’était à l’occasion du film Get Carter, tourné en 1971, mettant en vedette Michael Caine. Un remake a suivi, en 2000, cette fois avec Sylvester Stallone.

«Ses personnages de lâches et de traîtres sont complètement noirs», précise le réalisateur français qui a fait de Clovis Cornillac un méchant pas piqué des vers dans Le serpent, à l’affiche la semaine prochaine.

Cornillac — qu’on pourra voir cet été en Astérix, dans Astérix et Obélix aux Jeux olympiques — campe le rôle d’un escroc, Joseph Plender, qui débarque dans la vie de son copain d’enfance, Vincent Mandel (Yvan Attal), pour lui faire vivre un véritable enfer, histoire de se venger d’un dramatique événement survenu dans sa jeunesse.

Le réalisateur de 47 ans renvoie à Cape Fear, de Scorsese, à L’inconnu du Nord-Express, de Hitchcock, et à Liaison fatale pour expliquer son engouement pour ce style où le harcèlement devient une véritable obsession. «La tension dramatique y est toujours très forte. Le spectateur peut beaucoup s’identifier à la victime, en se disant que ça pourrait lui arriver à lui aussi.»

Le livre de Lewis à l’origine du projet, Plender, même s’il a séduit Barbier, ne se retrouve pas intégralement à l’écran. Le cinéaste a pris sur lui d’y apporter des modifications majeures.

«Le roman n’avait pas de fin. Il n’y avait pas de duel ni de face à face entre Plender et Mandel. De la même façon, le personnage d’Yvan ne se révoltait pas. Il était plus lâche dans le roman. Je me suis dit qu’il était impossible pour le film d’avoir un personnage qui subissait toujours.»

«Par une construction en miroirs, ce personnage se rebelle et commence à se battre. Il se met à harceler à son tour Plender», précise-t-il.

Barbier, vu en acteur dans Le péril jeune, de Cédric Klapisch, ne conserve pas de bons souvenirs de ses débuts derrière la caméra. C’était il y a 17 ans, pour Le brasier, avec Jean-Marc Barr.

«Je n’aime pas ce film. J’ai passé 10 ans à me battre pour le faire. J’ai accepté trop de compromis, le scénario a été coupé. Ce n’était pas non plus le bon casting. J’ai perdu pendant des années le goût de faire du cinéma.»

Ce qui n’est plus le cas. Barbier s’apprête à tourner Le dernier diamant, une histoire de vol de bijou à Monaco, encore une fois avec son ami et collaborateur Yvan Attal.