Coiffant sa casquette de productrice, Reese Witherspoon explore les avenues du cinéma indépendant avec Penelope, à l'affiche demain, un conte singulier pour lequel elle a eu un coup de coeur. Elle y interprète aussi un petit rôle. Pour le plaisir.

La première mondiale de Penelope s'est déroulée dans le cadre du Festival de Toronto en 2006. Il aura fallu près de 18 mois avant que ce premier long métrage de Mark Palansky gagne enfin les écrans.

«Ce fut un parcours intéressant!» commente Reese Witherspoon. Qui, en sa qualité de productrice, a évidemment suivi ce «parcours» de très près. «Nous avons conçu ce film de façon indépendante, ajoute-t-elle au cours d'une conférence de presse tenue récemment à Los Angeles. C'est dire qu'il fallait ensuite trouver un distributeur. Nous tenions à ce que Penelope prenne l'affiche dans de bonnes conditions.»

Type A, la compagnie que dirige l'actrice avec son associée Jennifer Simpson, s'est beaucoup investie dans la production de scénarios, mais n'avait jusqu'à présent produit qu'un seul film, et à l'intérieur du système des grands studios: Legally Blonde 2.

C'est pourtant avec un scénario déjà existant, pour lequel l'actrice productrice a eu un coup de coeur, que la compagnie s'est lancée dans la mêlée, sans l'appui d'un studio cette fois. Écrit par Leslie Caveny, une scénariste qui a jusqu'ici fait sa marque à la télé (Everybody Loves Raymond), Penelope relate, sous la forme d'un conte, le parcours d'une jeune femme (Christina Ricci) qui, toute sa vie, a pratiquement vécu dans la clandestinité à cause d'un mauvais sort jeté sur sa famille.

Penelope est en effet née avec une malformation physique: elle a un nez de cochon. L'amour d'un prétendant issu d'une classe aisée pourrait peut-être, croit-elle, enfin conjurer le mauvais sort. Les preux chevaliers, pressentis pour la courtiser, prennent cependant leurs jambes à leur cou l'un après l'autre dès qu'ils aperçoivent le visage singulier de la jeune femme. Seul un jeune homme issu d'une classe plus modeste (James McAvoy) lui porte enfin un peu d'attention...

«J'aimais beaucoup ce scénario, explique Witherspoon. Je savais qu'il se promenait d'un studio à l'autre. Le projet avait très bonne réputation, mais personne ne savait trop comment traiter cette histoire. J'ai même entendu parler de la possibilité d'en faire un film d'animation un moment donné!»

Un rôle de soutien

Une fois les droits acquis, l'actrice aurait bien voulu aussi interpréter le personnage principal mais d'autres projets importants sont alors survenus. Aussi fut-il décidé très vite que le rôle de Penelope serait offert à Christina Ricci.

«Christina était notre premier choix, affirme sans ambages la productrice. Elle est une force de la nature. Rien ne lui fait peur. Elle possède aussi un instinct très sûr, de même qu'une grande intelligence. Et puis, nous nous connaissons très bien, Christina et moi, car nous avons pratiquement grandi ensemble en passant les mêmes auditions. À cette époque, nous avons vu plusieurs autres actrices décrocher les rôles que nous convoitions!»

Outre Christina Ricci, Penelope met aussi en vedette Catherine O'Hara, Richard E. Grant, Peter Dinklage, de même que James McAvoy, révélé notamment par The Last King of Scotland et Atonement.

«Nous avons eu de la veine, concède Reese Witherspoon. Au moment où nous avons distribué les rôles, je ne savais même pas qui était ce James McAvoy! Évidemment, sa carrière a pris un envol remarquable depuis.

«Nous blaguions ensemble récemment et je lui faisais remarquer que j'avais eu beaucoup de chance d'avoir pu lui mettre le grappin dessus à une époque où il travaillait pour une bouchée de pain! Je suis évidemment très heureuse du succès qu'il obtient aujourd'hui.»

D'autant plus, pourrait-on ajouter, que la présence de McAvoy dans le film constitue un attrait supplémentaire sur le plan du rayonnement du film. Reese Witherspoon n'a par ailleurs pu résister à l'envie d'interpréter un petit rôle dans Penelope, celui de la première amie que se fera l'héroïne lorsqu'elle décidera de s'affranchir et de sortir enfin de chez elle. Lauréate de l'Oscar de la meilleure actrice il y a deux ans grâce à sa prestation dans Walk the Line, l'actrice estime que les beaux rôles sont aujourd'hui toujours aussi difficiles à trouver.

«Quand vient le moment de choisir les projets, l'Oscar ne fait aucune différence, fait-elle remarquer. Je suis parfois frustrée quand je constate à quel point les personnages féminins ne sont jamais aussi forts que les personnages masculins dans notre cinéma.»

Elle considère en outre son rôle de productrice comme étant une évolution naturelle dans sa carrière d'actrice. «Quand tu joues dans un film, tu deviens le témoin privilégié de toute sa fabrication. C'est un processus de création qui me fascine et qui m'intéresse.»

Reese Witherspoon observe aussi la même règle d'or depuis des années. Comme une éthique professionnelle dont elle ne déroge jamais. «Je me fais un devoir de toujours être polie et gentille avec les gens qui répondent au téléphone. Dans ce milieu, un standardiste peut devenir ton patron dans quatre ans!»

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Penelope prend l'affiche le 29 février en version originale et en version française. Les frais de voyage ont été payés par les Films Séville (Summit Entertainement).