Bien qu'inspiré d'une histoire vraie, les artisans de 21 ne cachent pas avoir pris de nombreuses libertés avec la réalité. «Il s'agit d'un récit fictif inspiré par une histoire véridique, nuance l'acteur Kevin Spacey. Qui agit aussi à titre de coproducteur. Le personnage de professeur que j'incarne dans le film n'existe même pas. Pour des fins dramatiques, nous avons formé un petit groupe de cinq étudiants dont on suit l'évolution pendant tout le récit mais dans la réalité, ils sont plus de 50 étudiants à avoir participé aux opérations que nous décrivons dans le film.»

Spacey avait eu vent de l'histoire décrite dans 21 il y a plusieurs années par l'entremise de son associé, le producteur Dana Brunetti, lui-même un joueur de black-jack. Ce n'est toutefois qu'à partir du moment où un article a été publié dans le magazine Wire, dans lequel était révélée l'existence d'un groupe d'étudiants du MIT qui avait fait fortune dans les casinos, que l'idée du film a pu se concrétiser de façon plus précise.

«Quand on m'a téléphoné pour me dire que Kevin Spacey souhaitait me parler, j'ai failli raccrocher tellement je croyais à une mauvaise blague!» raconte en riant Ben Mezrich, l'auteur de l'article en question, de même que de Bringing Down the House, le bouquin qui a suivi.

Le réalisateur Robert Luketic tenait par ailleurs à tourner son film dans les endroits où s'est déroulée la véritable histoire. «Évidemment, il est impossible d'exiger la fermeture des différents casinos de Las Vegas le temps d'un tournage, explique-t-il. Nous avons quand même obtenu une excellente coopération de leur part, au-delà même de mes espérances. On nous a ainsi réservé quelques tables pour les besoins du tournage, et le niveau sonore - insensé dans un casino - a même été abaissé pour nous accommoder. J'aurais aimé avoir la même collaboration du MIT!»

La célèbre institution bostonienne, d'où provenaient les étudiants, a en effet refusé l'accès à ses locaux à l'équipe du film. «Cela m'a d'autant plus déçu que notre démarche est pourtant des plus respectueuses, fait remarquer le réalisateur. Nous nous sommes rabattus sur l'institution rivale, la Boston University, qui nous a ouvert toutes grandes les portes, même si c'était du MIT que nous parlons dans le film!»

Luketic estime toutefois que le plus grand défi consistait à restituer à l'écran l'aspect pour le moins expressif d'une ville comme Las Vegas. «Tout y est plus grand que nature, dit Luketic. La démesure est la norme. Las Vegas est probablement la seule ville au monde où tous les fantasmes, peu importe leur nature, peuvent encore devenir réalité.»