Quand des personnages entrent aussi souvent dans nos salons que l'ont fait les dames de Sex and the City, il est facile de fusionner l'actrice et son rôle. Et pourtant...

En fait, à première vue on parle ici de rencontres de 20 minutes avec chacune des comédiennes celle qui ressemble le plus à son personnage est Cynthia Nixon. Il y a, vraiment, de la Miranda en elle: très naturelle, elle semble avoir les pieds sur terre et fait preuve d'un franc-parler qui ne déplairait pas à l'avocate qu'elle a incarnée pendant six ans. «Quand la série a commencé, les gens ont été choqués de découvrir des femmes ayant une vie sexuelle aussi active, et de voir la manière dont elles en parlaient. Moi, c'est le fait qu'ils aient été aussi choqués qui me choque!» s'est amusée celle qui trouve aussi très éclairant qu'il y ait «autant de personnes pour voir Sex and the City comme une série féministe que de personnes qui la voient comme antiféministe».

La plus différente de son personnage? Kristin Davis. Elle avoue être «inspirée par la ténacité de Charlotte» mais être elle-même «beaucoup moins optimiste». Moins candide, aussi, et plus calculatrice. Ainsi, lorsqu'une journaliste experte en chaussures (ça ne s'invente pas) lui a demandé qu'elle est sa paire de souliers préférée, elle a tourné autour du pot et patiné avant de s'avancer... de reculons: «Je ne veux pas donner de marque et commettre un impair, mais ce sont des souliers plats ornés de graffitis. Je suis sûre que vous voyez de quoi je parle.»

Reste que les autres ont répondu sans hésiter: pour Cynthia Nixon, des sandales noires Manolo Blahnik; pour Kim Cattrall, des escarpins noirs Christian Dior, «mais dès que j'arrive chez moi, j'envoie valser ce que j'ai aux pieds». Et pour Sarah Jessica Parker, «des nu-pieds en cuir noir, achetés il y a des années en Grèce, pour 6$».

«J'ai dépensé une fortune pour les faire réparer tellement je les aime», a pouffé la comédienne qui se distingue ici de son personnage de fashion victim. Et ce, de plus d'une manière: «Ces dernières années, j'ai été une mère avant tout. Je n'ai pas fréquenté les endroits à la mode, je me suis consacrée à ma famille», a dit celle qui a incarné l'avant-garde vestimentaire pendant six ans au petit écran tout en ayant ce qu'elle appelle «une tête d'une autre époque»: «Non, mais vous m'avez regardée? Je rêve de tourner dans un film historique!»

Quant à Kim Cattrall et Samantha Jones, disons que la seconde a la langue mieux pendue que la première... qui pratique le «je me tourne sept fois la langue dans la bouche avant de parler». Ainsi, dans l'entrevue qu'elle a accordée au magazine Maclean's, la comédienne admet que l'argent a été un facteur qui l'a poussée à mettre des bâtons dans les roues du premier projet de film, esquissé peu après la fin de la série. Elle voulait un meilleur cachet, faisant valoir que, contrairement à Sarah Jessica Parker, elle n'était pas productrice de l'émission et ne reçoit pas de droits conséquents pour les (innombrables) rediffusions ni pour la vente des DVD (rappelons que Sex and the City a été, en mai 2000, la deuxième série télévisée à être mise en vente en coffret, une semaine après The X-Files).

Eh bien, lors de la rencontre (promotionnelle) avec les journalistes culturels, le mot «dollar» n'a pas été prononcé: «Je vivais alors un divorce difficile qui faisait la une des journaux, ma vie privée est devenue publique et ça a été très dur pour ma famille. Au même moment, mon père a reçu un diagnostic de démence. Comment m'aurait-il été possible de trouver la Samantha en moi?» a-t-elle soupiré. Chose certaine, ce n'est pas la Sam en elle qui nous a répondu!