Dans le jargon du métier de journaliste, Benoît Poelvoorde est ce qu'on appelle quelqu'un qui «donne de la copie». Jamais ennuyant, le bonhomme, avec sa verve, son énergie électrique et sa propension à ne jamais se prendre au sérieux, ou si peu. Même après avoir chaussé les sandales de Brutus, fils de César et d'un certain Alain Delon...

En janvier dernier, à Paris, dans la foulée des rencontres de promotion pour la sortie française d'Astérix aux Jeux olympiques (à l'affiche à Québec mardi), c'est avec son petit chien baptisé Billy Bob Thornton (!) que l'acteur belge se présente devant les journalistes étrangers. L'acteur ne se sépare jamais de son cabot. «C'est l'avantage d'être acteur. On te laisse amener ton chien à l'hôtel. En plus, on lui donne un plat en argent pour bouffer...»

Même si la troisième adaptation au cinéma de la bande dessinée de Goscinny et Uderzo relate les aventures d'Astérix (Clovis Cornillac), Obélix (Gérard Depardieu) et Alafolix (Stéphane Rousseau) aux Jeux olympiques, c'est le personnage de Poelvoorde qui vole la vedette. Son Brutus, fils à papa et chef des armées romaines, multiplie les coups fourrés, aussi stupides que malicieux, à l'endroit des Gaulois afin de monter sur le podium. Il a aussi dans sa besace son lot de plans machiavéliques pour assassiner son César de père. Comme Iznogoud, Brutus aspire à devenir calife à la place du calife...

Au sujet de son expérience de tournage avec Alain Delon, où le légendaire acteur donne dans l'autodérision, Poelvoorde ne glisse aucun mot sur la soi-disant relation tendue entre les deux comédiens. «Il jouait au premier degré son propre personnage. C'est la preuve qu'il a le sens de l'humour. Il sait qu'on rit de lui lorsqu'il parle de lui à la troisième personne. Il accepte d'en rire, c'est malin...»

Forme «olympix»
Le tournage d'Astérix aux Jeux olympiques n'a pas toujours été une sinécure. La chaleur du plateau de tournage, en Espagne, a demandé à Poelvoorde et au reste de la distribution d'être dans une forme disons «olympix». La scène où Brutus doit revêtir un costume le transformant en un prétendant au titre de Monsieur Univers, a particulièrement été pénible à tourner. «C'était l'équivalent de trois habits de plongée sous-marine. Il faisait une chaleur incroyable là-dessous. J'aurais voulu faire un Brutus musclé autrement de façon naturelle, mais que voulez-vous, c'est un fainéant...»

Mal à l'aise
Benoît Poelvoorde est un ovni dans le paysage cinématographique. Il dit ce qu'il pense et pense ce qu'il dit, ou du moins le laisse-t-il croire. L'acteur verbo-moteur ne se gêne pas pour faire connaître ses états d'âme à l'endroit de cet ambitieux péplum. À l'écouter, on ne l'y reprendra pas à deux fois à jouer dans ce genre de production.

«C'est un film qui s'adresse à toute la famille, alors on a beaucoup coupé de mes scènes au montage, comme celle où je traite le druide de con! Que voulez-vous, je suis parfois très grossier. (...) Je suis plus à l'aise dans les petites productions. S'il y a une suite, ce sera sans moi. C'est fini pour moi ce genre de film.»

Pour la suite des choses, Poelvoorde a plutôt décidé de se fier au destin et à son instinct. Il sera du prochain Patrice Leconte, ainsi que d'un «tout petit film, fait pour quasiment rien» sur le racisme en Afrique. Parmi ses rêves les plus fous, il aimerait jouer un jour le rôle de l'un des pires ennemis de Batman, Le Pingouin.

Mais ce qui allume par-dessus tout Benoît Poelvoorde, c'est son projet de pièce de théâtre sur le milieu du cinéma. Le déjanté comédien entend se payer la traite. «Je déteste les gens qui veulent vous aider mais qui finissent par vous détruire. Je pourrai ainsi régler des comptes avec tous les connards du cinéma...»