Tony Curtis était de passage à Montréal pour recevoir une distinction du FFM. Il accompagnait aussi la présentation de Jill&Tony Curtis Story, un documentaire consacré principalement à un refuge pour chevaux que dirige sa femme, Jill.

Il est toujours émouvant de voir des stars légendaires renouer avec leur public. Tony Curtis, qui fut au faîte de sa gloire hollywoodienne dans les années 50 et 60, est aujourd'hui âgé de 83 ans. Il compte environ 150 films en 50 ans de carrière, mais les rôles intéressants se sont faits beaucoup plus rares au cours des trois dernières décennies.

Cela dit, la bête de cinéma n'est jamais bien loin. Il suffit d'installer une table, un micro, d'inviter les gens à poser des questions, et la représentation commence. Et au diable le fauteuil roulant. Hier, Curtis avait de nouveau 30 ans.

Stimulé par l'affection tangible que lui portait le public réuni à l'Agora du Complexe Desjardins, Tony Curtis a vite retrouvé ses vieux réflexes. Pendant une heure, il a évoqué ses souvenirs, puisés à même l'âge d'or du cinéma hollywoodien - Some Like It Hot (Billy Wilder, 1959), Spartacus (Stanley Kubrick, 1960), The Great Race (Blake Edwards, 1965), The Boston Strangler (Richard Fleischer, 1968) et tant d'autres films marquants. Des partenaires de légende aussi, dont Jack Lemmon, Burt Lancaster, Kirk Douglas. Et Marilyn Monroe, bien sûr.

«Nous nous sommes rencontrés en 1948 ou 1949, rappelle-t-il. J'avais 23 ans; Marilyn en avait à peine 20. Nous avons appris les rudiments de la vie ensemble. Nous avons vécu en couple peut-être six ou sept mois. Ma carrière a décollé un peu avant la sienne. Nous nous sommes retrouvés 10 ans plus tard sur le plateau de Some Like It Hot et elle éprouvait déjà de grandes difficultés. Marilyn n'avait plus de contrôle sur sa vie. D'ailleurs, je tiens à préciser que les rumeurs qui ont circulé à propos d'un prétendu assassinat ne sont pas du tout fondées. Marilyn avait du mal à vivre et elle décidé un jour d'en finir. Je l'ai beaucoup aimée.»

Mission sauvetage

Notoirement homme à femmes, Curtis a déjà été marié cinq fois. Sa première femme fut d'ailleurs Janet Leigh, héroïne d'Hitchcock, qui lui a donné notamment une fille (Jamie Lee Curtis). L'acteur n'hésite pourtant pas à dire que sa vie a changé en 1992, le jour où il a rencontré Jill Vanderberg, une femme de 46 ans sa cadette.

«Jill m'a sauvé la vie à plusieurs reprises, fait-il remarquer. Je ne veux rien enlever aux autres femmes de ma vie, mais je dirais que je ne me suis jamais senti aussi à l'aise qu'avec Jill. Elle est spectaculairement belle et d'une intelligence remarquable. Je ne comprends pas trop ce qu'elle me trouve, mais je préfère ne pas lui poser trop de questions! Elle prend aussi bien soin de moi que de ses chevaux», dit-il, l'oeil on ne peut plus brillant...

À l'époque aux prises avec des problèmes de toxicomanie dont il venait à peine de réchapper, Curtis affirme sans ambages qu'il serait probablement mort aujourd'hui s'il n'avait pas eu l'appui de sa compagne.

Aussi soutient-il à son tour les efforts que met Jill depuis cinq ans pour sauver d'une mort atroce des chevaux malades condamnés à l'abattoir. Cette action figure d'ailleurs au coeur de Jill&Tony Curtis Story, un documentaire relatant l'histoire du refuge que dirige Jill en compagnie de sa famille. Depuis cinq ans, plus de 500 chevaux ont été rescapés.

«Je ne suis pas du tout une militante végétarienne, précise Jill Curtis. Je dis simplement que les chevaux ont droit à leur dignité et à une mort plus humaine. Je suis convaincue que si les gens savaient comment on achève les chevaux dans les abattoirs, personne ne permettrait cela!»

Le peintre expose

Tony Curtis se consacre par ailleurs aussi beaucoup à la peinture. «Attendre la sonnerie de téléphone n'est pas un métier, explique-t-il. Dès qu'il y a eu moins de propositions, je me suis mis à peindre davantage. J'ai aussi écrit mon autobiographie. Ce n'est pas parce que je ne tourne plus au cinéma que la vie s'arrête pour autant. Surtout qu'on ne m'offre plus que des rôles de vieux bonshommes! Ce n'est pas pour moi. Je jouerais une vieille femme sans aucun problème, mais pas un vieux!»

Signalons que la Galerie MX expose les oeuvres de Tony Curtis au cours des prochains jours. Le vernissage a lieu aujourd'hui à 17 h 30 en présence de l'acteur et de sa femme, Jill.

«C'est tellement agréable d'être parmi vous, ici à Montréal. Vous me témoignez de l'affection, et la femme que j'aime est à mes côtés. Je vis présentement la plus belle époque de ma vie!»

Trente ans, on vous dit.

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Jill&Tony Curtis Story de Ian Ayres. Aujourd'hui à 15 h au Quartier latin.