Dans C'est pas moi, je le jure!, Léon Doré, jeune héros du film, est de toutes les scènes. Pour jouer son rôle, il fallait donc trouver un garçon avec talent, souffle, énergie, intuition et, pourquoi pas, du sang d'acteur dans les veines! Le réalisateur Philippe Falardeau a recruté son Léon parmi 80 aspirants. Il se prénomme Antoine et porte le même nom de famille que son illustre grand-père Guy. Ou si vous préférez: Léopold Z pour les inconditionnels de Gilles Carle... «Je ne l'ai pas connu, mais ma mère me dit que je tiens de lui», dit le jeune comédien de 11 ans.

Dans le troisième long métrage de Falardeau, Léon Doré n'en manque pas une pour faire sursauter son père. Quand il ne tente pas de s'enlever la vie, il ment, pille chez les voisins, batifole avec une copine tout en espérant ardemment le retour de sa mère qui a fui en Grèce. «Léon est un petit gars troublé par le départ de sa mère, décrit son interprète. C'est un menteur professionnel, un vrai petit monstre. Un gars à la fois drôle, émotif et autodestructeur. Et il est très intelligent.»

C'est avec un plaisir fou qu'Antoine L'Écuyer s'est métamorphosé en Léon, l'été dernier. Philippe Falardeau a pu regarder le garçon à l'oeuvre pendant les 38 jours de tournage. «Il comprenait ce que le personnage vivait», résume le réalisateur.

«J'aime me prendre pour un autre, dit Antoine L'Écuyer. Jouer me permet aussi de me défouler, de faire des choses pour lesquelles je me ferais arrêter dans la vie!»

Il faut voir le garçon agir à une époque où le short se portait haut et le T-shirt brun, bien ajusté... «En 1968, les gens n'avaient pas de goût! Je l'ai répété pendant tout le tournage, mais personne n'était d'accord avec moi Les bas dans les sandales, je n'en revenais pas!»

Pas barré, Antoine L'Écuyer! Amusant et étonnamment volubile également. En entrevue, les réponses sont longues et précises, même au téléphone. Comme un acteur qui a du métier, un rêve qu'il caresse depuis plusieurs années. «Antoine a une personnalité d'acteur, estime Suzanne Clément (qui incarne sa mère). Il porte quelque chose. Il ne joue pas. Il est.»

«Il crée une fascination chez moi qui ai appris mon métier comme un artisan, poursuit Daniel Brière (qui incarne son père). Le petit crisse, il l'a! Il l'a eu plus facile que moi. Sur le plateau, j'étais fasciné. Il était fabuleux.»

Antoine L'Écuyer n'aura pas besoin d'un orienteur pour le guider professionnellement. «J'aimerais réussir à l'école cette année, car j'entre au secondaire l'an prochain, et je veux aller à l'école Saint-Louis qui a une grande option théâtre», explique-t-il.

Pour l'instant, le travail sur les plateaux lui fait manquer quelques jours d'école... ce que ne dédaigne pas le garçon! Cette dernière semaine, il l'a passée devant la caméra de Sylvain Archambault, réalisateur du film Pour toujours, les Canadiens! Il y incarne un garçon hospitalisé, en attente d'un rein. «J'aime aller à l'école et en revenir, mais pas ce qu'il y a entre les deux! avoue Antoine L'Écuyer. J'ai pris un mois et demi de retard sur le tournage de C'est pas moi, je le jure! l'an dernier. J'ai manqué la rentrée scolaire et la photo de classe. J'ai eu un prof privé. Cette fois, j'ai manqué une semaine. Mais mon prof m'a donné des devoirs.»

Que deviendra sa vie sur les bancs d'école quand C'est pas moi, je le jure! arrivera sur les écrans? «Mes amis disent que je suis chanceux. J'avais peur qu'ils me voient comme une espèce de star, qu'ils changent avec moi, mais ce n'est pas le cas.» Juré, craché!