Il a produit Polytechnique, de Denis Villeneuve, Les doigts croches, de Ken Scott. En 2009, il présidera notamment aux destinées d'un film québécois bilingue (Funkytown), un film québécois en anglais (Dice), et une coproduction France- Canada (Black Box). André Rouleau a décidément plus d'un projet dans ses cartons.

Nouvellement installé dans les bureaux outremontois de sa nouvelle compagnie, Caramel Films, André Rouleau nous accueille dans un espace en plein boom. Premier constat : les réalisateurs (Dominic Laurence James et Daniel Roby) y ont leurs bureaux et peuvent vaquer à leur gré.

«Ce que je veux faire, ici, c'est offrir aux auteurs et aux réalisateurs un endroit où ils sont les bienvenus, un endroit où les jeunes talents sont les bienvenus. Je veux qu'il y ait, ici, une usine à bons films», nous explique-t-il.

Parmi les futurs «bons films», André Rouleau évoque un film parodique inspiré par le cinéma québécois; un film inspiré des enquêtes du journaliste montréalais Victor Malarek; un thriller; un film inspiré des gangs de rue de Montréal. «C'est mon genre de films, qui peut plaire à un large segment de la population», dit André Rouleau.

Le producteur se veut en effet rassembleur, et populaire. Dans ses récents coups de coeur, il glisse un bon mot sur l'adaptation française de Largo Winch au cinéma - le succès du moment dans l'Hexagone. Un exemple qui l'inspire pour l'adaptation d'une autre BD, Corto Maltese sur laquelle il travaille avec Frédéric Ouellet.

Inhabituel est le mot qui revient à l'esprit au cours de notre entrevue avec André Rouleau. La cinquantaine fringante, le producteur dévoile abondamment ses projets (ce qui est, en soi, assez exceptionnel), n'a pas peur de clamer ce qui est souvent pudiquement passé sous silence dans l'industrie («Je veux faire des films que les gens vont voir») et ne cache pas, non plus, ses amitiés (quand nous le rencontrons, il se préparait à aller au party de Noël de TQS).

Et pour cause : André Rouleau n'a pas toujours été producteur. Il a derrière lui une carrière d'avocat («Je suis toujours membre du barreau», dit-il). C'est l'un de ses clients, un producteur français, qui lui propose de s'associer pour produire une série télé française (Madame le consul).

«Je ne connaissais rien en cinéma, se souvient-il. Après ça, j'ai fait une série de films pour les États-Unis, des productions de service. C'est comme ça que j'ai appris le métier. J'étais à l'aise avec le financement, les contrats.»

Par accident aussi, il fait la rencontre de ceux qui deviendront aussi des amis : Maxime et Julien Rémillard, les fondateurs de Remstar et nouveaux propriétaires de TQS. «Je suis rentré chez Remstar pour faire un film en 2001. Je ne suis jamais reparti», dit-il. S'il a fondé sa compagnie à l'automne - Caramel Films - c'est parce que Remstar s'est retirée de la production de films.

Pendant ses 13 années de métier, il assure avoir appris beaucoup sur la production. «Producteur, c'est un métier passionnant et difficile (...) Le vrai producteur a un côté créatif et financier. Les deux vont de pair», croit-il.

André Rouleau entend bien imposer sa toute jeune société dans le paysage du cinéma québécois. «En 1995, j'étais définitivement outsider, je n'étais pas le bienvenu. Mais plus aujourd'hui, assure-t-il. Je sens que je possède et je comprends ce qu'est le métier de producteur et ce que ça implique (...) Je me sens tout à fait à ma place.»