Young Victoria a reçu un accueil royal lors de la première, mardi dernier. Le film a pris l'affiche hier sur 450 écrans un peu partout en Grande-Bretagne. La Presse a rencontré le réalisateur à Londres jeudi. Essoufflé mais comblé, Jean-Marc Vallée a déjà hâte à son prochain tour de manivelle au Québec.

Jeudi matin, dans le somptueux salon de l'hôtel Covent Garden, Jean-Marc Vallée manquait à l'appel pour notre entrevue prévue à 10h. On peut facilement lui pardonner: sa tournée promotionnelle à Londres pour Young Victoria n'a pas dû être de tout repos. Et il avait de bonnes raisons de célébrer. La critique londonienne a plutôt bien reçu le film du réalisateur québécois.

Vingt minutes plus tard, l'homme aux yeux bleu clair arrive en se confondant en excuses. «Avec La Presse, en plus!» dit-il avec regret.

Il blâme un des producteurs qui l'aurait entraîné à faire la fête. On fait mine de le croire, lui qui avait promis de faire le party «à la québécoise» à la première du film mardi. «J'ai passé l'âge», insiste-t-il.

Il avoue tout de même du bout des lèvres avoir terminé la soirée de mardi au Groucho Club, une célèbre boîte de nuit fréquentée par le «Who's Who» britannique, en compagnie des acteurs. «Keira est venue nous rejoindre», dit-il en parlant de Keira Knightley, la copine de Rupert Friend, l'interprète du prince Albert.

Jean-Marc Vallée semble toutefois garder les pieds bien sur terre devant tout ce glamour. «J'ai toujours les papillons, mais moins qu'avant», dit-il.

Un conte de fées

Young Victoria raconte l'accession au trône de la jeune reine à 18 ans et sa belle histoire d'amour avec son cousin, le prince Albert. Les deux acteurs principaux, Emily Blunt et Rupert Friend, sont deux étoiles montantes britanniques promises à une belle carrière hollywoodienne.

Le réalisateur ne se cache pas d'avoir fait un film commercial. «On a fait un conte de fées, explique-t-il. Je trouvais que c'était un beau défi de faire une version royale de Roméo et Juliette, un film accessible, pas prétentieux. Ce n'est pas parce qu'on fait un film grand public qu'on n'essaie pas de le rendre intelligent.»

Par exemple, il explique comment Victoria n'est jamais éclairée par la lumière du jour tant qu'elle est dominée par sa mère, qui désire être régente. Ce n'est qu'à son couronnement que le film devient lumineux.

Victoria et Zac, même combat

Son portrait de la jeune Victoria est celui d'une femme rebelle, ambitieuse et indépendante, bref, d'une femme avant son temps. Bien que l'univers de Young Victoria soit à mille lieues de C.R.A.Z.Y., les deux personnages centraux doivent assumer leur différence.

Même si Jean-Marc Vallée est ravi de son aventure hollywoodienne, il semble un peu déçu des contraintes artistiques qu'il a subies au montage. Il a notamment échoué à convaincre les producteurs d'utiliser la musique du groupe islandais Sigur Ros.

La musique revient d'ailleurs souvent dans notre entrevue avec le mélomane. «Les producteurs voulaient un réalisateur funky, rock'n'roll. C'est mon amour pour le rock britannique qui m'a amené ici», expose-t-il.

Malgré ses légères frustrations à la postproduction, il s'est dit satisfait d'avoir fait un film «qui a l'air britannique».

Il n'empêche que Jean-Marc Vallée semble impatient de renouer avec le cinéma d'auteur et avec le Québec.

Il travaille sur deux projets de film, Café de Flore et Shoe Business, et vient d'acquérir les droits cinématographiques d'un roman historique de l'auteure québécoise Dominique Fortier, Du bon usage des étoiles.

Il retournera en production l'automne prochain, au moment où Young Victoria devrait atterrir sur les écrans québécois, selon lui.

D'ici là, il continuera le circuit des premières. Déjà, d'autres producteurs étrangers le courtisent. «Hollywood? Je continuerai à être sélectif, mais réceptif. Mon horaire s'annonce rempli pour les prochaines années.»